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31 présumés Hells Angels libérés… pour cause d’engorgement du système judiciaire!

Aïe, aïe, aïe! le système judiciaire est décidément mal en point au Québec! À la suite de l’adoption de la loi spéciale ayant forcé leur retour au travail, les procureurs de la Couronne ont prévenu le gouvernement ainsi que la population qu’il manquait de procureurs au Québec (notamment dans les causes impliquant le crime organisé) pour mener à bien les causes et ainsi traduire comme il se doit les criminels devant la justice. Or, on apprend aujourd’hui via Rue Frontenac que 31 présumés membres des Hells Angels accusés de crimes variés, allant du trafic de stupéfiants jusqu’au meurtre, ont été libérés… en raison d’un engorgement du système judiciaire! Voici l’article en question :

http://www.ruefrontenac.com/nouvelles-generales/justice/37999-sharqc-jugement-drogue-brunton-motards-hells

Imaginez, si toutes les causes devaient être entendues, le dernier procès se terminerait en 2023! Ainsi, non seulement 31 accusés ont-ils été libérés de toutes les accusations pesant sur eux, mais en plus, le nombre de chefs d’accusation a été considérablement réduit pour 124 accusés faisant face à des accusations de complot et de meurtre. Même en rendant cette décision (qui fut sûrement difficile à prononcer), le dernier procès se terminera d’ici six ans. Ouf…

Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler des difficultés vécues par le système judiciaire québécois. En plus d’avoir à composer avec un grand nombre de causes dont la complexité est variable et d’un nombre réduit de procureurs (ce qui risque de s’aggraver avec l’exode prévisible de jeunes avocats ou encore d’une passation de ces derniers de la Couronne à la défense), le nombre de juges est inférieur à ce qu’il devrait être. Depuis des années, on réclame une accélération du processus de nomination des juges, mais rien n’a été fait jusqu’à présent pour corriger ce problème.

Qui blâmer dans ce cas précis? Disons que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a effectué une analyse plutôt boiteuse. En séparant les causes de meurtre/complot et de trafic/gangstérisme, et puisqu’il y avait 124 personnes arrêtées dans le cadre de l’opération SharQc, on a mis sur les épaules du système de justice québécois un poids qu’il ne pouvait absolument pas supporter. Le système est tout simplement incapable d’entendre des causes aussi lourdes, avec une preuve aussi importante, en réunissant de la sorte ces accusations, encore plus lorsqu’il s’agit de meurtres. En effet, les causes de meurtres sont automatiquement entendues à la Cour Supérieure devant un juge et un jury. Ce qui signifie qu’il faut constituer un jury qui entendra de longues, très longues représentations devant une preuve aussi imposante. Qui peut ainsi se permettre de laisser en suspens son emploi pendant des mois, voire des années, pour siéger à titre de juré? Poser la question, c’est y répondre. Le DPCP aurait dû penser à cela.

Pendant ce temps, des enquêteurs serrent les poings et les dents en voyant leurs efforts être réduits à néant pour une raison leur échappant totalement. Pendant ce temps, le crime organisé doit être mort de rire. Pendant ce temps, une population perd de plus en plus foi en son système de justice…

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