Homosexualité dans la NFL : Un joueur ouvertement gai est-il problématique pour une équipe?
Auteur: Marc-Alexandre PietteLe football est reconnu comme étant un sport physique, où la virilité et la masculinité ne sont égalées que dans très peu de sports. Imaginez la commotion lorsqu’un joueur s’avoue ouvertement homosexuel.
D’après le National Gay and Lesbian Task Force, entre 3 et 8 % des Américains sont homosexuels. Considérant que cette statistique est vraie, nous pourrions dire qu’entre 3 et 8 % des individus d’un État, d’une ville ou même d’une entreprise comme la NFL sont homosexuels. Considérant qu’il y a plus de 1700 joueurs dans la NFL, on pourrait dire qu’au moins une cinquantaine d’entre eux sont gais. Alors, où le problème avec le fait que Michael Sam sorte du placard? Pourquoi serait-il repêché plus tard qu’il ne l’aurait été s’il avait gardé son orientation sexuelle privée?
Bien entendu, le fait qu’il soit le premier joueur à s’avouer ouvertement homosexuel durant sa carrière dérange le monde de la NFL. Ça dérange parce qu’on amorce un nouveau chapitre dans l’histoire du football professionnel, et on vague en terrain inconnu. Est-ce que Michael Sam sera en mesure de s’intégrer normalement à une équipe? Ou est-ce que son orientation sexuelle viendra effacer ses exploits sur le terrain?
Mettons-nous dans la peau d’un directeur général quelques instants. Vous en conviendrez, les succès de votre équipe sont généralement la motivation no 1 lorsque vous occupez ce poste. Vous avez besoin d’un joueur de ligne défensive, c’est votre tour au repêchage et le meilleur joueur toujours disponible est… Michael Sam. Que faites-vous?
Si la première raison de votre rôle avec l’équipe sportive est d’assurer les succès de l’équipe sur le terrain, et que Michael Sam se présente comme étant le joueur qui répond le mieux à cette requête, de nombreuses personnes pourraient se dire : « Il n’y a pas de questions à se poser, repêchons-le! »
Mais si le fait de repêcher Michael Sam, d’un côté, renforçait votre équipe sur papier, mais de l’autre, la déconcentrait de la quête commune qu’est de gagner le Super Bowl?
Parfois, il y a tellement d’attention tournée vers une situation quelconque que la couverture médiatique de l’équipe devient plutôt un cirque quotidien, jusqu’à en devenir incontrôlable. Manquez de contrôle un tant soit peu sur ce genre de situation, et un par un les joueurs commenceront à s’échapper aux médias, polarisant ainsi le vestiaire sur des sujets chauds qui mettent les équipes dans des positions où elles ont tout à perdre.
Vous voulez un exemple récent? Pensez aux Jets de New York de 2012 et ce fameux cirque médiatique qu’ils se sont auto-imposés en allant chercher Tim Tebow. À un certain moment, tous les joueurs devenaient des gérants d’estrades et avaient leur mot à dire sur des décisions qui concernaient les plus hautes instances hiérarchiques de l’organisation. Gérer une équipe de football, c’est un peu comme gérer une entreprise… Tu veux que tes employés travaillent dans la même direction pour l’entreprise plutôt que de perdre de l’énergie dans des conflits internes. Malheureusement, pour plusieurs organisations instables, les médias sont souvent assez puissants pour venir mêler les cartes dans certains débats qui ne devraient pas être.
Pour moi, une chose est sûre, Michael Sam doit être repêché par une équipe dont l’organisation est très forte. Une équipe dans laquelle la culture organisationnelle est plus importante que chaque individu et qui est en mesure de tenir tête aux médias. Pensons aux Patriots de la Nouvelle–Angleterre, aux Ravens de Baltimore, aux Packers de Green Bay par exemple. Ces équipes, qui sont souvent parmi les plus compétitives de la NFL saison après saison, se distinguent par leur management exemplaire.
Avez-vous vu l’emprisonnement de l’un de leurs joueurs étoiles empêcher les Patriots d’avoir des succès cette année? Comment est-ce que les joueurs se sont comportés face à cette situation devant les journalistes? L’organisation est tellement puissante que tout le monde dans l’édifice est dans le même bateau et s’en va dans la même direction. Ce genre d’équipe serait en mesure de gérer l’arrivée de Michael Sam sans trop de problèmes. Questionnés à ce sujet par les médias, ils seraient en mesure de détourner le sujet : « Oui, on a un joueur homosexuel dans l’équipe, mais comme les 50 autres joueurs qui font partie de l’équipe, il est ici pour gagner le Super Bowl, voulez-vous qu’on en parle? »
Cette constatation m’amène à un autre point, est-ce que ce sont les équipes sportives qui acceptent mal l’homosexualité, ou bien est-ce la couverture médiatique qui en est disproportionnément effectuée? Si vous blâmez les médias, posez-vous la question suivante : Pourquoi est-ce ainsi?
Quelle que soit votre opinion sur l’homosexualité, il faut avouer que c’est de plus en plus accepté au fur et à mesure que les années avancent. Mais malgré cela, si les médias mettent tant d’emphase à couvrir des sujets comme celui de Michael Sam qui dévoile son homosexualité, c’est que la société y est sensible.
Dites-vous une chose, et nous sommes bien placés pour en parler, si les médias se rendaient compte que ces sujets n’intéressent personne, ils n’en feraient pas une couverture si acharnée. La prise de conscience personnelle devrait, je l’espère, rendre ce genre de sujet sans intérêt d’ici quelques années.
C’est peut-être de cette façon-là que des équipes pourraient se permettre de repêcher un joueur selon ce qu'il mérite, c’est-à-dire selon son talent et non pas son orientation sexuelle.
Pour terminer, voici quelques réactions de vedettes du football sur Twitter.