La suite d'une oeuvre mythique
Disons-le tout de suite, vouloir faire une suite au mythique album La Marque jaune, près de 60 ans après sa publication, était un pari risqué. En effet, L'Onde Septimus s'inscrit comme une suite de cet album paru en 1956 aux Éditions du Lombard.
Étant donné que l'album comporte quelques références à La Marque jaune, il est préférable d'avoir lu ce dernier avant d'amorcer la lecture du nouvel album. Par contre, vous ne serez pas complètement perdu si vous ne l'avez pas lu. C'est certes une suite, mais une suite assez indépendante dont l'intrigue ne repose pas à 100 % sur le premier volet.
Parlons-en donc de l'intrigue. Pour ce 22e album, le domaine du fantastique, de la science et du paranormal sont au rendez-vous. Le capitaine Francis Blake enquête sur une étrange histoire de soldats retrouvés morts et d'autres, devenus fous, alors que de son côté, le professeur Philip Mortimer, tente de percer les mystères du télécéphaloscope. Ce dernier n'est toutefois pas le seul à travailler sur ce projet. Un étrange quatuor tente lui aussi de reproduire cette machine sauf que comparativement à Mortimer, son intention ne semble pas aussi louable. L'ombre du professeur Jonathan Septimus n'est jamais loin…
L'histoire, même si elle est plus complexe que celle de la bande dessinée moyenne, se tient du début à la fin, sans pour autant devenir trop lourde. Jean Dufaux signe ici une brillante enquête policière avec un dénouement qui ne nous semble pas précipité ni bâclé. C'est peut-être drôle, mais en refermant l'album, j'avais l'impression d'avoir regardé un vieux et bon film policier.
Il faut dire que la narration détaillée et très explicative y est pour quelque chose. Le narrateur, qui est un personnage en soi, y occupe une place de premier plan. C'est comme s'il tenait la main du lecteur du début jusqu'à la toute fin. Presque dans chaque case, on retrouve un phylactère et un récitatif qui viennent nous expliquer ce qui va se passer.
Le scénariste a aussi réussi à baigner dans ce style britannique qui caractérise la série. À plusieurs reprises, les bulles comportent des expressions anglaises venant confirmer que l'action se passe bel et bien en Angleterre. L'atmosphère anglaise est également visible dans les dessins.
Je ne suis pas un expert dans les premiers albums réalisés par Edgar P. Jacobs, mais je crois que les dessinateurs ont respecté l'essence de la série, tout en y ajoutant une légère touche de modernité. La différence est toutefois moins notable que chez d'autres albums de série comme Astérix et son nouveau tome Astérix chez les Pictes. Antoine Aubin et Étienne Schréder ont donc fait preuve d'une grande subtilité, ce qui devrait plaire aux fans de la série.
Verdict
Blake et Mortimer – L'Onde Septimus est un album qui plaira sans doute aux fans de la première heure, mais aussi à ceux qui n'ont jamais touché à un album de la série. Le scénariste et les dessinateurs ont traité l'oeuvre avec un grand respect, sans oublier ses origines, si bien qu’on a parfois l'impression d'avoir pris une machine à remonter le temps.
Cote : 4 étoiles sur 5