Comme je suis convaincu que les gens de la mafia russe sont à mes trousses et qu’ils attendent seulement que je sorte pour m’enlever et régler mon dossier, j’ai décidé de ne plus sortir, de suivre les Jeux olympiques de ma télévision à Sotchi… Attendre la fin des jeux, sortir en douce avec les autres athlètes et quitter le pays pour toujours! Je me vois déjà devant les douaniers russes qui me demanderont si j’ai quelque chose à déclarer… Oui, une dette de 8 000 $… tsé! En plus, la semaine est merdique… La température est bipolaire… Nos patineurs tombent constamment… Nos skieurs ne glissent pas… Nos millionnaires ne marquent pas… Comme si des gens en voulaient au Canada (ou à quelqu’un pour une dette de 8 000 $, mettons…) et sabotaient nos équipements avant les compétitions. Et si j’étais la cause des déboires canadiens aux JO? Un gars comme Vincent Lacroix peut supporter autant de pression comme fraudeur, mais pas moi! Je suis une victime… je ne veux pas terminer comme nourriture aux ours polaires!
Ben voyons donc! Je suis en train de devenir complètement fou avec mes théories du complot! Ce que je vais faire, c’est descendre au rez-de-chaussée, cogner dans la fenêtre de cette voiture noire et demander aux gens à l'intérieur s’ils ont un problème avec moi! Je suis sûr qu’ils vont paniquer et se sauver à toute vitesse… Je suis en visite tout de même! Ok, je vais le faire… mais avant, je vais dormir quelques heures, on ne sait jamais, peut-être qu’ils seront partis à mon réveil! ZzZzZz!
« BIIIIIIIIIIIP! BIIIIIIIIIIIIIIIIP! BIIIIIIIIIIIIIP! »
Quoi? Hein? Une alarme de feu?? À 11 h le matin??? Ils ne savent pas qu’il y a des gens qui dorment toujours à cette heure? Personne ne sait si c’est un vrai feu ou un exercice, mais une chose est claire, tout le monde doit sortir et se réunir au point de rassemblement qui est situé… à quelques pieds de la fameuse voiture noire! « Don’t be inquiète! », me suis-je dit! J’enfile rapidement mon survêtement jamaïcain et me dépêche à quitter les lieux. Je cours de toutes mes forces pour finalement m’arrêter devant la maison du Canada… quelques minutes plus loin. Je me retourne, deux hommes de 7 pi m’ont retracé et se dirigent vers moi… NON! C’est réellement la mafia et elle veut ma peau… Je cours en criant : « Je ne veux pas mourir… »! Moment qui a bien fait rire quelques touristes chinois sur place qui m’ont filmé avec leurs iPhones… Au loin, je vois une porte entrouverte, j’y entre et ferme derrière moi… Je me retourne et entre en contact avec un gars qui me pousse immédiatement par terre!
« Got a problem dude? » Oh! mon Dieu, c’est P.K. Subban… je suis dans l’aire d’entraînement de l’équipe canadienne de hockey au Palais de glace Bolchoï. Même si je déteste le Canadien de Montréal, j’ai juste le goût de me lever et de lui faire un méga câlin… Mais je me garde une petite gêne. Peut-être parce que je sens la sueur d’avoir autant couru… Peut-être parce que je sens l’urine aussi… Ai-je besoin de l’expliquer?
Je tente d’expliquer mon problème à P.K., mais ce dernier ne semble pas me croire… Imaginez le tableau : l’histoire d’un homme blanc, habillé en Jamaïcain, tout en se prétendant Canadien, qui explique qu’il a perdu ses bagages à Sotchi et que la mafia russe court à ses trousses pour une dette de 8 000 $. Je vais être franc avec vous, Alys Robi a reçu des électrochocs pour moins que ça! De toute façon, le temps presse, les mafieux cognent à la porte… À genoux, j’implore P.K. de ne pas répondre. Il se dirige vers la porte, ouvre doucement et deux hommes font irruption dans le bâtiment. Subban aussi semble inquiet et décide de se sauver en courant… Ça y est! Je suis foutu… Je le savais qu’un maudit joueur du CH allait me laisser tomber. Je suis toujours à genoux… les hommes avancent vers moi, la main dans leur poche de veston. C’est plate à dire, mais ma carrière comme chroniqueur humoristique s’arrêtera à quatre articles dans mon cas. Je me ferme les yeux, je pense à ma fille Béatrice… Papa t’aime ma chérie…
« Wait! Wait! I got the money here! »
C’est P.K. qui est de retour avec une liasse d’argent dans ses mains… 10 000 $ exactement. Il tend l’argent aux deux hommes en disant (en anglais évidemment) qu’il s’excuse en mon nom, qu’il ne veut pas de problème autour de l’équipe… Les deux hommes prennent l’argent, s’approchent de moi et me demandent (en anglais toujours) : « Êtes-vous bien Mike Tremblay de l’équipe jamaïcaine de bobsleigh? » Euh oui…pourquoi? « C’est parfait! Nous sommes de la sécurité des installations olympiques. On voulait savoir si vous étiez bien sorti de l’immeuble pendant l’exercice… Vous étiez le seul qui manquait à l’appel! Vous remercierez votre ami canadien pour le cadeau! » Et ils partent, sans redonner l’argent à P.K. Ce dernier me regarde… je ne sais pas trop quoi dire à part un « thank you » poche, digne d’un mauvais politicien…
Il m’a tout simplement répondu que même s’il ne jouait pas beaucoup dans le tournoi, il aimait ce qu’il faisait et était content de me donner un coup de main. Wow! Vraiment trop cool le gars… j’ai vraiment beaucoup de chance! Dire que je croyais que tous les joueurs du Canadien avaient un pacte avec le Diable! C’est bien beau tout ça, mais ma dette n’est toujours pas réglée et j’ai encore quelques jours à survivre avant mon retour à Montréal. Mais avant, je dois retourner à ma chambre… espérons que la voiture noire n’y est plus!
À suivre vendredi prochain…