Dans le temps, les annonces de « pilules » visaient les malades. On y voyait généralement des individus dans des situations où ces derniers souffraient de migraine ou venaient de se blesser… Maintenant, ce n’est plus le cas. Ce qu’on voit, ce sont des gens apparemment en santé qui s’adonnent à des activités physiques et à qui on suggère de prendre des pilules pour « masquer » les douleurs relatives à l’activité elle-même. On voit par exemple des images de gens qui soulèvent des boîtes, jouent au golf ou font du jogging juxtaposées à des représentations en 3D de muscles et d’articulations soudainement « victimes » d’illuminations rouges! Cette peur maladive du « mal » sous toutes ses formes s’approche plus d’une phobie que d’une réalité.
Il est normal de ressentir certains symptômes après avoir exécuté une tâche ardue ou à laquelle votre corps n’est pas habitué. À titre d’exemple, les courbatures font partie du processus normal d’adaptation du corps humain. À la suite d’un stress physique, une réaction inflammatoire spécifique entre en jeu pour faire réagir les cellules et forcer le corps à réparer les tissus visés. Cette activité cellulaire a pour but de rendre plus fortes et résistantes les structures du système musculosquelettique afin d’être en mesure de survivre à une exposition ultérieure. Ce principe fait partie des éléments de base de l’entraînement; il est non seulement souhaitable mais nécessaire. Cela a même été prouvé en clinique, alors que la recherche a démontré que la prise d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens nuit à la récupération, car celle-ci entrave le processus naturel d’adaptation. Maintenant que vous êtes conscients de ce principe, vous comprenez donc qu’un individu qui suit le conseil que tente de lui inculquer la compagnie pharmaceutique expose en fait son corps à des risques de blessures, car il empêche son organisme de passer par le processus normal d’adaptation et de se renforcer (ce qui aurait eu comme effet de diminuer ses risques de blessures).
Poussons notre raisonnement un peu plus loin et allons-y avec la population symptomatique. Supposons que vous souffrez d’un trouble musculosquelettique chronique quelconque (je ne parle pas ici d’une blessure aiguë mais bien chronique; pour les distinguer l’une de l’autre, je vous suggère de lire mon article sur la différence entre une douleur aiguë et une douleur chronique) et que vous décidez de suivre le fameux conseil dicté par l’annonce en prenant l’habitude d’avaler une dose de médicaments avant de pratiquer vos activités. Vous exposez en réalité vos structures à encore plus de dommages, car en masquant la douleur que votre corps vous ferait normalement ressentir (qui soit dit en passant est un signal d’alarme vous disant que vous êtes en train de vous irriter), vous continuez votre activité au lieu de vous arrêter. Ce que je veux dire ici, c’est que même si vous ne percevez pas autant de douleur ou que vous contrôlez plus ou moins l’inflammation, les contraintes mécaniques à l’origine du problème sont toujours là ! Votre genou n’est pas plus flexible et votre mouvement articulaire n’est pas plus fluide. La conséquence est que vous continuez d’irriter vos structures, mais maintenant à votre insu, ce qui est encore plus dangereux. C’est un peu comme continuer de rouler avec votre voiture en faisant abstraction d’un voyant de bris mécanique allumé. Vous encouragez en quelque sorte l’usure des pièces! En empêchant le corps de s’adapter, vous l’empêchez de progresser et de diminuer l’ampleur de vos symptômes.
Si vous avez un trouble mécanique, il n’y a qu’un moyen de le régler; c’est en allant chez le mécanicien. Que ce soit un ostéopathe, un kinésiologue ou un massothérapeute, l’important est de retrouver vos fonctions biomécaniques avant de pousser la machine. Si vous avez lu mes articles précédents traitant des troubles musculosquelettiques, vous savez maintenant que le secret d’une bonne condition physique réside dans la pratique régulière d’exercices adaptés. J’ai entre autres abordé spécifiquement ces éléments dans mes articles sur comment réduire le stress articulaire et comment vivre avec la douleur chronique. Pour ceux qui font de la course ou qui pratiquent tout type d’activité sollicitant les membres inférieurs, je vous suggère également de lire mon article sur comment prendre soin de ses hanches et de ses genoux. Le livre Les exercices qui vous soignent est aussi un ouvrage de référence qui aborde les troubles musculosquelettiques les plus communs et suggère des exercices adaptés à ces conditions. Il y a par ailleurs toute une question de dosage dans la pratique d’activités physiques, d’où l’importance d’une prescription adaptée et administrée par un professionnel qualifié tel que le kinésiologue.
Attention, je ne dis pas aux gens qui souffrent d’une condition particulière d’arrêter de prendre leurs médicaments lorsque ceux-ci ont été prescrits par leur médecin. Je mets en garde contre la prise aveugle et aléatoire de médicaments qui devient une habitude pour certains, voire une indispensabilité. Cette pratique est non seulement néfaste pour l’organisme, mais elle peut aussi s’avérer dangereuse dans certains cas. Ce que je dénonce, c’est ce lavage de cerveau que tente d’effectuer actuellement les compagnies pharmaceutiques qui sont prêtes à toute tactique publicitaire pour faire plus de profits, sans se soucier d’aucune façon de la santé des gens à long terme.
N’oubliez pas que même s’ils sont en vente livre, les médicaments demeurent tout de même des drogues; tout médicament pris par voie orale, et par conséquent qui passe par le système digestif, irrite l’organisme à long terme, en plus d’avoir des effets secondaires (troubles gastro-intestinaux, ulcères, etc.). J’en profite d’ailleurs pour rappeler qu’en plus de l’adoption de saines habitudes de vie (posture, activité physique, etc.), l’alimentation et certains suppléments alimentaires sont aussi à portée de la main et représentent des options beaucoup plus favorables à long terme.