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Situation
Nous sommes en 1999, Martin et Antoine, âgés de 14 ans, sont dans le sous-sol de la maison familiale. Nos deux bonshommes s’amusent avec le jeu de course Gran Turismo 2, fraîchement sorti sur Playstation, première du nom. Seuls, ils s’entendent vraiment bien l’un et l’autre. Par contre, pour faire le clown, Martin a la fâcheuse tendance à insulter Antoine lorsqu’ils sont en présence du reste de leurs amis. Les commentaires blessants et les « ferme ta yeule » fusent souvent sans raison. Tout le monde rit, même Antoine fait l’effort de rire jaune face aux insultes de son ami.
Un jour, fatigué de se faire écraser injustement, Antoine s’est éloigné de ceux qui valorisaient leur ego à ses détriments à lui. En ayant le courage de changer de groupe d'amis, Antoine pouvait enfin compter sur des amis qui le respectaient réellement. À ce moment, Martin réalisa trop tard qu’il venait de perdre un ami qui avait beaucoup de valeur.
Explication
Dans un monde où le regard des autres est si important, la culture de l’ego n’a jamais été aussi forte. Très jeune, les petits êtres humains que nous sommes réalisent qu’il est incontournable de se faire une place dans cette jungle. Par le fait même, nous voulons nous montrer intéressant aux yeux des autres. Pour ce faire, au lieu de mettre de l’avant, avec assurance, une personnalité positive et authentique, certains se contentent d’enfoncer plus ou moins subtilement d’autres personnes. Pour les agresseurs, il s’agit d’un raccourci toxique à la construction de leur estime de soi.
En ce qui a trait aux dommages que subit la victime, ils sont directement liés à la répétition des comportements : insultes, sous-entendus, regards, soupirs, menaces. Que ce soit en personne ou sur Internet, plus la fréquence des actes est élevée, plus il sera difficile pour la personne qui encaisse de rester en équilibre.
Il serait drôlement naïf de croire que la violence s’arrête en sortant de l’école secondaire. Le marché du travail est un autre milieu dans lequel la cruauté porte souvent de beaux vestons ou de jolies chemises. Pour aller plus loin en ce sens, vous n’avez qu’à cliquer ici.
Solution
On est tous d’accord pour dire que l’intimidation a toujours existé. Tant mieux si aujourd’hui nous la dénonçons davantage. Ce serait vraiment du sabotage de banaliser le phénomène sous prétexte que « Dans mon temps, y en avait, pis on n’est pas morts. » Depuis toujours, la société a son lot de maux, et en aucun cas il s’agit d’une raison pour ne pas vouloir y mettre fin.
Les victimes ont plusieurs solutions à leur portée. Par contre, nous ne sommes pas à l’époque du Far West et le dicton « œil pour œil, dent pour dent » ne doit pas en faire partie. Il faut donc que les victimes évitent de tomber dans le piège de la contre-attaque. Pour commencer, elles doivent consciemment refuser de subir l’intimidation pour, par la suite, s’appuyer sur les ressources appropriées afin de dénoncer les comportements des agresseurs. Qu’il s’agisse des intervenants scolaires pour les ados, ou encore le patron ou les policiers pour d’autres, la victime ne doit pas porter à elle seule le poids de cette violence, ne serait-ce que d’en parler avec une personne de confiance pour ventiler.
En dehors des victimes, pour guérir la plaie par le fond, les agresseurs, mais aussi monsieur et madame Tout-le-monde, doivent être sensibilisés à l’importance de se détacher du besoin constant d’alimenter leur ego. Que ce soit sur le Net ou en personne, en leur présence ou en leur absence, il faut que l’on cesse de se moquer de ceux qui nous entourent, et ce, peu importe le degré de haine que nous entretenons. Remplacer l’impulsivité et l’agressivité négative par l’observation et l’empathie. Ainsi, même dans la jungle, nous pourrons vivre en harmonie.
Note à moi-même : Écrire sur les choix de carrière lors d’une prochaine chronique.
Au plaisir!