« À mort la baleine »
Cet album reprend donc la célèbre histoire écrite par Melville. Un jeune marin du nom d’Ismaël, qui souhaite découvrir la mer et le monde, embarque sur le Pequod, un baleinier, en compagnie d’un homme étrange rempli de tatouages (et dont certains soupçonnent de cannibalisme), Queequeg.
Là, il découvre que l’énigmatique capitaine du navire, Achad, est obsédé par Moby Dick. Le cachalot lui aurait arraché la jambe lors d’une précédente expédition. Depuis, son voeu le plus cher est de retrouver la bête et de la tuer, et ce, peu importe si son voyage ne lui rapporte aucun centime et s’il perd tous les membres de son équipage. Rien n’est plus important que le cachalot.
Sans grande surprise, ce livre premier ne va pas nous révéler en entier l’histoire de ce navire. En effet, l’album, qui fait tout de même 120 pages, va s’arrêter peu de temps après la première mise à la mer, c’est-à-dire lorsque les marins vont attraper leur première baleine. Il n’y a donc aucune trace tangible de Moby Dick dans cet album. On se doute que le livre deuxième va rectifier le tir. Je prends la peine de le dire pour pas que vous achetiez cet album uniquement dans le but de voir le combat entre l’homme et la bête. Vous allez trouver, sinon, que cet ouvrage (pardonnez le mauvais jeu de mots) fini en queue de poisson.
Une adaptation fidèle
Chabouté a voulu être très fidèle au roman. Son ouvrage est ainsi divisé en quelques chapitres distincts dans lesquels on retrouve, chaque fois, quelques mots du narrateur (Ismaël) qui semblent avoir été tirés textuellement du livre de Melville. Ces citations ont été bien choisies et remplissent parfaitement leur rôle de « mise en bouche », du fait qu’elles nous donnent un aperçu de ce qui s’en vient, tout en nous donnant envie de poursuivre notre lecture.
La fidélité a quand même un prix et certains passages risquent de vous sembler un peu longs ou moins pertinents dans le récit. Mais c’est souvent le prix à payer pour éviter de tomber dans la facilité.
Du noir et blanc sublime
Pour cette nouvelle série, le bédéiste français a repris ses fabuleux dessins en noir et blanc. Je pense que l’absence de couleur est ici tout à fait justifiée. L’histoire de Moby Dick n’a rien de bien joyeux et est même lugubre. Quoi de mieux que le noir pour exprimer toute cette obscurité et ces ténèbres?
Malgré cette atmosphère parfois lourde, l’auteur a redoublé d’effort pour éviter que le lecteur sombre dans la mélancolie. Il faut dire que l’on retrouve ici et là des planches (et même des chapitres entiers) sans aucune bulle ni aucun texte. Ce type de mise en scène peut parfois devenir lourd ou inintéressant si mal reproduit. Ici, ce n’est pas le cas. Chaque dessin a quelque chose à nous dire et a sa place dans le récit. On prend plusieurs minutes à admirer chacun des traits fins et des détails enfouis ici et là.
Pour ma part, j’ai surtout apprécié le perfectionnisme qu’il y avait derrière les illustrations du Pequod. Les mâts, les cordes, les gouttes d’eau qui atterrissent sur le pont; tout semble authentique. Chabouté nous donne la réelle impression de connaître le milieu de la navigation.
Verdict
Moby Dick – Livre premier est une adaptation en bande dessinée plutôt fidèle au roman de Melville qui nous permet de replonger avec grand plaisir dans cette aventure palpitante. Mais tout comme son capitaine, on devra faire preuve de patience avant de voir le cachalot!
Cote : 3,5 étoiles sur 5