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L’Empress of Ireland en quelques chiffres
Propriétés du Canadien Pacifique, les paquebots de la classe Empress sont les plus gros et luxueux navires canadiens pour le transport de fret et de passagers. Construits au chantier maritime de Glassgow en Écosse, l’Empress of Britain et l’Empress of Ireland, deux navires jumeaux, entrent en service en 1905 et 1906 afin d’assurer la liaison entre le Canada et l’Europe. Ils ont le titre de R.M.S. pour Royal Mail Ship et ils battent les records de traversée dès leurs débuts. Ce sont de beaux grands navires confortables et à la fine pointe de la technologie de l’époque. Ils ont en outre reçu les améliorations souhaitées, notamment au niveau des cloisons étanches, à la suite du désastre du Titanic. D’une longueur de 167 mètres sur 20 mètres de largeur, ils peuvent accueillir près de 2000 personnes à bord (passagers et équipage), sans compter le fret, c’est-à-dire la cargaison de marchandises de toutes sortes, et peuvent filer à 20 nœuds (37 km/h). Notons également que, par superstition, aucune chambre à bord n’a de numéro qui se termine par le chiffre 13. Est-ce que ce sera suffisant?
Coulé en 14 minutes!
Au moment du départ pour son dernier voyage le 28 mai 1914, l’Empress of Ireland embarque 1477 personnes à son bord, à destination de Liverpool. Dans ses cales, il y a aussi une cargaison de 252 lingots en argent (une petite fortune!). Le capitaine Henry George Kendall, bien qu’expérimenté, en est à son premier voyage sur ce navire. Il compte à son bord celui qui pilotera le navire jusqu’à Pointe-au-Père, Adélard Bernier, lequel sera remplacé quelques minutes avant l’événement fatidique. À 1 h 55 le 29 mai au matin, un navire norvégien de transport de charbon, le Storstad, éperonne l’Empress of Ireland directement sur le côté, en plein centre du navire. Il s’avère que c’est l’endroit le plus vulnérable de ce dernier. Le capitaine du Storstad a bien essayé de laisser son navire dans le trou de l’Empress afin d’empêcher l’eau d’entrer trop rapidement, mais le courant du fleuve l’en a tout de suite éloigné. Malgré les cloisons étanches, l’eau s’est engouffrée immédiatement, faisant coucher le navire sur son tribord. Cela rendit très difficiles la mise à l’eau des chaloupes de sauvetage et l’évacuation des passagers qui dormaient. En 14 minutes, le magnifique paquebot qu’était l’Empress of Ireland avait sombré, emportant 1012 victimes dans la noyade, malgré les efforts du Storstad et de l’Eurêka du pilote Bernier, revenu sur les lieux, alerté par la nouvelle. Sur les 138 enfants qui étaient à bord, seuls quatre survivront! Pour les riverains des villages près de Pointe-au-Père et des environs, la tragédie se poursuivit pendant des jours à ramasser sur la rive des corps rejetés sur le rivage…
Des survivants du naufrage essayant de fuir l'Empress of Ireland.
Un naufrage oublié?
Vu l’importance et l’ampleur du naufrage, pourquoi les gens de chez nous et de partout dans le monde se souviennent-ils si peu de cette horrible tragédie? À l’époque, les journaux au pays et du monde entier en ont largement parlé et une commission royale d’enquête a suivi le naufrage pour savoir à qui donner la faute. Tout cela connut une grande couverture médiatique, mais un événement encore plus grave fera vite oublier cette tragédie : la Première Guerre mondiale! Bien vite, la guerre a occupé toute l’attention et l’Empress of Ireland a « sombré » plus creux que le fond du fleuve; il a sombré dans l’oubli. Ce n’est que dans les années 60 que l’on s’est lancé à nouveau à sa recherche avec des plongeurs. Les chercheurs de trésors se firent dès lors de plus en plus présents sur le site et devinrent une menace pour les vestiges de l’épave, tellement qu’en avril 1999, le gouvernement a dû classer l’épave de bien historique et archéologique canadien afin de le protéger. Du 28 mai au 1er juin prochain, des commémorations auront lieu à Pointe-au-Père dans le cadre du centenaire du naufrage de l’Empress of Ireland. Y serez-vous?
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