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Je suis là, préparant mon déménagement! Debout et immobile devant mes cinq boîtes de disques compacts, je réfléchis autant que devant un examen de mathématiques. Vais-je les donner à mon meilleur ami qui désire les acheter depuis longtemps ou bien je conserve le tout? Il ne manquait qu’un sablier géant et un nain déguisé en marin et on se croyait à Fort Boyard. Pourtant, toutes mes chansons préférées sont dans mon iPhone… je n’ai plus besoin de garder autant de CD… mais je suis incapable de prendre une décision. Pourquoi? J’ouvre une boîte…
Je tombe sur le tout premier disque compact que j’ai acheté dans ma vie : l’album Déprogrammé de Villeray… Probablement le seul album qu’ils ont réussi à vendre dans l’année, mais bon, j’aimais bien leur vision sur les années 70 au Québec. Ensuite, j’ai trouvé l’album Dirt d’Alice in Chains qui me rappelait mon sixième abonnement au Club Columbia sous différents noms. Entre 1994 et 1998, je suis devenu Mikael Tromblay, en passant par des noms plus exotiques comme Mariano Velasquez, Larry Walker et même un certain Martin Péteux… Tout le monde l’a fait… même Vincent Lacroix pour se pratiquer à plus petite échelle! J’ouvre une seconde boîte…
Cool! Je récupère mon album double des plus grands succès des Doors… J’ai le goût de l’écouter, ça doit bien faire 10 ans! Je me prends une bière pour revivre mes années folles du cégep. J’ouvre le CD… ils ne sont plus dedans… Merde! Ils sont où? Peut-être abandonnés chez quelqu’un! Peut-être dans une vieille radio décédée! Peut-être dans un autre boîtier quelque part dans mes boîtes! Je viens d’oublier complètement que j’ai une vie. Je vide toutes mes boîtes sur le sol! Je suis maintenant Indiana Jones à la recherche du CD perdu…
Je fredonne Hard Luck Woman de Kiss à la vue de l’album Rock and Roll Over, je regarde attentivement le magnifique livret de l’album Vitalogy de Pearl Jam, je vais faire un petit tour aux toilettes avec l’album Le Yaya de Mitsou… Je cherche partout mais ne retrouve pas ce que je veux… Que des souvenirs! C’est encore mieux! L’album Clumsy d'Our Lady Peace me rappelle une Julie Richard de Chicoutimi… L’album (What’s the story) Morning Glory d'Oasis me rappelle une Jennifer Campbell de Kinnear’s Mills… L’album du peuple de François Pérusse me rappelle toutes les filles que je n’ai finalement pas charmées parce que j’étais trop « giguon » pendant mes années de cégep!
Le Greatest Hits de Bruce Springsteen, je l’ai acheté avec mon ami Dominic D’Anjou au Archambault quelques instants avant que ce dernier ait une panne sèche avec sa voiture… La chanson This ain’t a love song de Bon Jovi, je l’ai fait jouer à plusieurs reprises lorsque je tentais de séduire une fille après un 5 à 7. Je revois dans ma tête mon ami Tyson qui se réveille après une nuit d’études me chanter I’m having trouble trying to sleep de l’album Insomniac de Green Day… Je souris comme un simple d’esprit devant la beauté du monde!
C’est décidé, je les conserve tous! Je ne veux pas faire comme mes parents et égarer mes albums à des inconnus dans une vente de garage. Oui, je sais! La musique est maintenant accessible partout avec Internet, mais rien ne battra un boîtier rigide, avec ses couleurs, son livret et sa personnalité! L’amateur de musique en moi pouvait chercher dans des kilomètres de sections au magasin pour trouver ses disques préférés… Maintenant, on peut le faire en glissant le doigt sur un écran!
Malgré mes 38 ans, tout ça me rend nostalgique et triste à la fois! Comme toutes ces personnes qui n’ont fait que passer dans ma vie via la musique, les disques compacts disparaissent graduellement. Moi, j’ai décidé de les garder! Parce que je veux partager mes souvenirs avec ma fille lorsqu’elle sera plus grande! Je lui raconterai des histoires (les racontables, évidemment), lui expliquerai le sens des chansons, lui donnerai le choix d’aimer ça ou non, pour qu’un jour, elle puisse dire ou écrire à quelqu’un : « Eh bien, cet album-là me fait penser à mon père… Un gars qui n’était pas parfait, mais qui adorait la musique parce qu’elle le faisait rire, le faisait pleurer… le faisait vivre! ». Et plus tard, comme le disque compact, je disparaîtrai et je deviendrai un souvenir… mais la musique restera à jamais! Même celle de mon ami Normand L’Amour…
Si Bon Jovi était blogueur, il nommerait ce texte : This ain’t a funny text! Et vous, vos souvenirs se retrouvent où?