Child of Light
Un jeu à saveur poétique
Child of Light vous plonge dans la peau d’Aurora, une jeune fille tombant dans un profond coma. Or, plutôt que de disparaître, elle se réveille dans un univers parallèle peuplé d’étranges créatures. Croyant rêver, elle réalisera rapidement que ce monde existe vraiment et qu’elle doit désormais trouver le sommet le plus élevé afin d’atteindre la lune et le soleil, seule brèche qui lui permettra peut-être de revenir vers les siens.
Disons-le d’emblée : Child of Light est une œuvre d’art sous forme d’un jeu vidéo. Tout au sein de ce jeu est présenté dans le seul et unique but de nous faire plonger dans un univers fantastique aussi original que splendide, à commencer par les dialogues des personnages. Plutôt que de parler normalement, les personnages du jeu discutent en rimes, transformant leurs répliques en poésie constante. D’ailleurs, si vous ne comprenez pas bien l’anglais, je vous conseille de jouer au jeu en français puisque le sens de certaines phrases peut être difficile à saisir. La majorité des dialogues n’étant pas narrés, vous risquez de ne pas toujours comprendre ce que se disent les héros mis de l’avant ou même les objectifs de certaines missions, d’où ma recommandation d’y jouer dans la langue avec laquelle vous êtes le plus à l’aise.
Une ambiance visuelle à couper le souffle !
Visuellement parlant, Child of Light est une superbe aquarelle mouvante. Roulant sur l’engin UbiArt Framework, le jeu excitera vos iris à travers ses personnages et décors que l’on dirait peints à la main. Le jeu fait aussi usage de splendides physiques donnant, par exemple, des mouvements très réalistes à la crinière rouge d’Aurora selon la force du vent. Tout cela est accompagné d’une trame sonore féérique composée par nulle autre que Béatrice Martin, mieux connue sous le nom de Cœur de Pirate. L’artiste a insufflé une touche féérique à l’expérience à travers de splendides mélodies jouées au piano. Chaque pièce colle merveilleusement bien à la situation présentée, que ce soit les combats avec des notes plus graves ou l’exploration des décors par des notes un peu plus aigües et langoureuses. Bref, attendez-vous à être plongé dans un univers très charmeur tant au point de vue visuel que sonore !
Une première expérience concluante pour Ubisoft Montréal
Child of Light représente toute une première pour Ubisoft Montréal en ce sens qu’il s’agit d’un jeu de rôle avec des éléments japonais. Ce que j’entends par là est que les combats sont à tour de rôle et vous permettront de récolter de l’expérience afin d’améliorer vos personnages et d’acquérir de nouvelles compétences. Or, un peu comme dans la série Grandia, le système de combat utilise une jauge d’action ouvrant la voie à certaines stratégies. Ainsi, sur la jauge, vous verrez les icônes des personnages passer de l’attente (environ le ¾ de la barre) à l’action (le dernier quart). Une fois une action choisie lorsque l’icône de votre personnage atteindra le ¾, vous devrez attendre plus ou moins longtemps selon le temps requis pour exécuter l’action spécifique d’un personnage.
Ce qu’il y a de particulier avec le système de combat est que vous pourrez influencer la progression des ennemis dans la barre. Ainsi, si vous frappez un adversaire alors que son icône est dans la portion de l’action à exécuter, vous le ferez reculer jusqu’à la zone d’attente. De plus, en utilisant la petite luciole Igniculus qui vous suivra partout, vous pourrez aveugler un ennemi, ralentissant ainsi sa progression sur la barre d’action. En exploitant ce système, vous pourrez donc empêcher vos ennemis d’attaquer et coordonner vos attaques en vue de trucider un adversaire sans subir beaucoup de dommages. Cela ajoute un élément de stratégie intéressant à des combats demeurant, dans l’ensemble, assez classiques.
L’autre portion du jeu est l’exploration. Si, au tout début, Child of Light fait penser à un jeu de plates-formes, les possibilités d’exploration s’étendent très rapidement puisque vous acquérez assez vite des ailes afin de voler. Dès lors, l’univers du jeu s’ouvrira à vous et vous pourrez explorer chaque recoin en vue de trouver des pages d’un manuscrit flottant au vent, des coffres ou encore des sphères d’énergie qui vous redonneront de la vitalité ou de la mana. Igniculus pourra aussi illuminer certains passages obscurs ou encore ouvrir certains coffres. Des poussières étant en fait des orbes améliorant certaines caractéristiques de vos personnages pourront aussi être dénichées, donnant à Child of Light des airs d’un Metroid ou d’un Castlevania par moments. Puisque le jeu est si beau à regarder, disons que vous aurez envie d’explorer ses environnements afin de tout récolter !
Pas d'armes et d'armures ? Et alors ?
D’autre part, en lisant certains avis sur le jeu, je n’ai pu m’empêcher de relever certaines critiques proférées à son endroit. En fait, on reproche à Child of Light d’être simpliste, le jeu ne proposant pas d’armes et d’armures à récolter. De plus, l’expérience s’accumule très rapidement, faisant en sorte que nos héros montent rapidement en niveaux et que les niveaux acquis n’ont que peu d’impact leurs statistiques. Les arbres de compétences se ressemblent aussi d’un personnage à l’autre. Même s’il existe des différences fondamentales entre les personnages, vous débloquerez beaucoup de compétences similaires d’un héros à un autre, rendant les arbres de compétences moins étoffés qu’ils n’en ont l’air.
Tout cela, c’est vrai. Or, cela n’influence en rien le plaisir procuré par le jeu. Oui, Child of Light n’est pas un jeu très complexe ou approfondi, mais il n’en offre pas moins une expérience très agréable et divertissante. Qui plus est, à défaut d’avoir des armes et armures, le jeu propose de confectionner des cristaux modifiant la puissance de votre équipement ou octroyant certains bonis élémentaux. Encore une fois, c’est du déjà-vu, mais il n’en demeure pas moins qu’il faut jouer avec ce système de confection si on espère survivre dans l’environnement hostile entourant Aurora.
Ceci dit, il y a quand même certains éléments qui font grincer des dents. En outre, s’il existe des composants élémentaux classiques faisant en sorte qu’un cristal d’eau équipé dans vos mains infligera plus de puissance contre un ennemi de feu, il est difficile de cerner de quel type est un ennemi en vue de lui infliger plus de dégâts ou de résister à ses attaques. Alors qu’on croit qu’une créature est d’un type particulier, on a la surprise de constater que l’élément contraire devant lui infliger plus de dégâts n’a aucun effet. Les combats, assez répétitifs, peuvent donc être frustrants.
Autre point négatif : la durée de vie. Contrairement à un jeu de rôle de type japonais, Child of Light prend de 10 à 12 heures pour être complété, un peu plus si vous désirez terminer toutes les quêtes secondaires et tout récolter. C’est peu pour un jeu de ce style, d’autant plus que le mode coopératif n’ajoute pas grand-chose, le second joueur se contentant de contrôler Igniculus et jouant un rôle assez passif en plusieurs endroits. En revanche, le jeu n’est vendu que pour 15$, ce qui n’est pas très dispendieux. Certes, on le termine assez rapidement et on n’y revient pas par la suite, mais pour 15$, vous aurez quand même droit à une aventure agréable de laquelle vos yeux et vos oreilles se délecteront !
Ce que vous aimerez :
La magnifique trame sonore de Cœur de Pirate
Le style de jeu simple et agréable
Ce que vous n’aimerez pas :
La simplicité du jeu si vous êtes un fan de jeux de rôle
La difficulté à cerner les faiblesses des ennemis
Les arbres de compétences similaires d’un héros à l’autre
Note : 8 sur 10