Le dernier templier – L'oeuvre du démon et Le chevalier d'Éon – Critiques BD
Auteur: Philippe MichaudLe dernier templier – L’oeuvre du démon
Pour son cinquième tome, Le dernier templier prend un nouveau départ. Cette seconde saison est en effet l’occasion pour la série de Raymond Khoury de lancer un nouveau cycle, mais également d’accueillir un nouveau dessinateur, Bruno Rocco.
L’histoire se déroule ici sur deux fronts : le temps présent et le temps passé. On suit d’abord l’agent du FBI Reilly qui souhaite accéder aux archives secrètes du Vatican dans le but de consulter des documents anciens qui pourraient sauver son amie Tess, retenue en otage.
Ensuite, l’autre partie de l’action se passe aux 13e et 14e siècles. Conrad, un ancien templier, enquête sur ses frères qui auraient perdu la vie un siècle plus tôt. Ils dissimulaient des documents cachés dans des coffres d’une importance capitale pour notre monde.
Deux héros
Ces deux sous-intrigues s’alternent tout au long de l’ouvrage, ce qui apporte un certain dynamisme à l’ensemble. Il reste cependant que la première partie de L’oeuvre du démon est celle où il y a le plus d’action, le moment le plus mémorable étant sans aucun doute celui où le héros vole la papemobile et se fait poursuivre par les policiers italiens. Il fallait y penser!
Sinon, la dernière partie de l’ouvrage est plus calme, voire peut-être un peu trop. Sans vous vendre la mèche, disons simplement que l’un des personnages se contente de raconter ce qui lui est arrivé. Le procédé semble un peu maladroit ou en tout cas mal exploité. On a l’impression que c’est trop long.
Changement de dessinateur oblige, le graphisme n’est plus tout à fait le même. Même si les décors semblent un peu plus flous que sous le crayon de Miguel, ils demeurent fort jolis. Les personnages semblent de leur côté avoir gagné en relief avec leurs multiples hachures aux visages.
Verdict
Les premières pages de L’oeuvre du démon promettaient beaucoup. Il y avait de l’action, des personnages forts et une double narration originale. Malheureusement, en changeant de cap à la moitié du parcours, la bande dessinée de Khoury et Rocco s’essouffle et tombe un peu dans la lourdeur. Espérons qu’ils ne répètent pas la même erreur dans le sixième tome!
Cote : 3 étoiles sur 5
Le chevalier d’Éon
Ah! Versailles! Ce lieu pittoresque a tellement inspiré de romans, de films et… de bandes dessinées! Le chevalier d’Éon d’Agnès Maupré nous propose de découvrir l’histoire quelque peu méconnue de Charles de Beaumont, dit le « chevalier d'Éon », un personnage célèbre ayant vécu au 18e siècle et dont l’un des principaux attributs était de pouvoir se faire passer pour une femme!
Même si ce n'est pas la première fois que l’on raconte la vie de Charles de Beaumont dans la littérature ou dans d’autres médias, il faut bien avouer que plusieurs ne connaissent à peu près rien de lui. Il est quand même beaucoup moins connu que son monarque. Malgré cela, je pense que sa vie vaut la peine d’être racontée, surtout qu’il s’agit un peu d’un anti-héros. En général (et surtout dans la fiction), le héros typique masculin n’a pas l’habitude de se faire passer pour une femme, lui qui aime tant montrer ses muscles.
Une mission périlleuse
Ce premier tome se consacre aux premières années de la carrière active de ce diplomate et auteur français. À la demande de Louis XV, il est envoyé à Saint-Pétersbourg dans le but de signer une alliance avec la tsarine Élizabeth. Il faut dire que depuis quelques années, les relations entre la France et la Russie sont loin d’être courtoises, tellement en fait que la Russie se prépare à signer un traité avec l’Angleterre, l’ennemi juré de la France.
En se faisant passer pour une jeune femme voulant devenir lectrice auprès de la tsarine, le chevalier d’Éon doit remettre une lettre du roi à Élizabeth. Mais les dangers sont nombreux. La cour de Russie est envahie de diplomates anglais! Si quelqu’un découvre ce qu’il a réellement entre les cuisses, tout pourrait être fichu!
Un travesti amoureux des femmes
Bien qu’aimant se travestir, le chevalier d’Éon n’en demeure pas moins un grand amoureux des femmes. Ce premier tome comporte d’ailleurs quelques scènes mêlant brillamment érotisme et sensualité.
La couverture est par ailleurs à l’image des illustrations de l’album : exubérantes (mais en même temps pas trop chargées), vivantes et richement colorées. Avec son style original et beaucoup de fantaisie, Maupré arrive donc à la perfection à nous décrire ce qui se passait dans les grandes cours d’Europe au 18e siècle. Personnellement, je dois tout de même vous confier qu’il m’a fallu attendre pas moins d’une quinzaine de pages avant de « m’habituer » à ce style particulier. Il faut par contre avouer que c’est du grand art! Je suis content d’avoir poursuivi ma lecture jusqu’à la toute fin.
Verdict
Avec un style bien à elle, Agnès Maupré nous raconte somptueusement l’histoire de l’un des plus grands espions de la France. Si je me fie à la biographie du chevalier d’Éon, je crois que le deuxième tome se passera à Londres. On a déjà hâte!
Le chevalier d’Éon
Agnès Maupré
Ankama Éditions
Cote : 4 étoiles sur 5