Aller au contenu
Critique de bande dessinée – Hiver nucléaire

Alors que les préparatifs de la Saint-Jean vont bon train, Flavie, un courrier qui travaille à Montréal, est en route pour livrer des bagels à un couple bien en vue. Le seul problème c’est quand plein mois de juin, la température descend sous les moins trente et qu’une grosse tempête de neige est en approche. 

 

Malheureusement pour elle, sa cliente n’est pas satisfaite de la livraison. Elle n’aurait pas apporté les bons bagels! Elle lui demande d’aller lui en chercher d’autres! Son copain, Marco, se sentant visiblement mal pour la coursière, décide de partir avec elle en motoneige (le vélo a depuis longtemps été abandonné comme moyen de transport).

 

Cette excursion sera l’occasion pour le lecteur d’être dépaysé et de voir un visage de Montréal qu’il ne connaissait pas. Il faut dire que ça a bien changé! La ville est ensevelie sous la neige et les charrues ont peine à tout enlever. Pis encore, certains quartiers ont maintenant été abandonnés!

 

Cet hiver appelé « nucléaire » a été causé par un accident de la nouvelle centrale nucléaire Gentilly-3, installée en plein Pointe-aux-Trembles, des années plus tôt! En plus de transformer le Québec en boule de neige géante, l’accident nucléaire a causé plusieurs problèmes de santé à la population. De plus en plus de mutants – comme des gens à un seul oeil – font leur apparition parmi la population. 

 

 

D'abord en ligne

 

Peut-être avez déjà entendu parler de Hiver nucléaire. Rappelons, en effet, qu’à la base, l’auteure publiait une planche par semaine sur Internet. Cette façon de faire, qui est de plus en plus à la mode dans le monde du 9e art, se ressent dès les premières pages. Il y a du rythme, beaucoup de rythme! L’action et l’intensité sont du rendez-vous du début à la fin. Pas une seconde on sent que l’on s’ennuie ou encore que telle ou telle case est inutile. 

 

Cela est rendu possible notamment par le charisme de son personnage principal. Difficile de ne pas s’attacher à cette femme. Courageuse et loyale, elle n’a pas la langue dans sa poche et n’hésite pas à le dire quand ça ne fait pas son affaire. Cette franchise nous donne droit à quelques scènes loufoques. 

 

Mais attention! Quand je parle d’action, je ne veux pas non plus dire qu’il y en a autant que dans un album de Batman. Il y a plusieurs séquences plus « tranquilles » où la protagoniste bavarde avec des amis (surtout dans le premier chapitre), mais même là, on n’a pas l’impression de perdre notre temps. 

 

Même s’il n’a pas été écrit à première vue pour mettre en garde les Québécois sur les dangers du nucléaire, on ne peut être insensible, à la fin de notre lecture, à cette problématique. Même si la belle province n’est pas reconnue, comparativement à d’autres États dans le monde, pour son énergie nucléaire, la bande dessinée de Cab nous fait prendre conscience quand même que notre belle ville peut être affectée, elle aussi, par les changements climatiques. 

 

Du point de vue du dessin, la métropole est magnifiquement rendue par l’auteure. Malgré l'omniprésence de la neige, elle réussit à dessiner un Montréal tantôt coloré, tantôt sombre et terrifiant. Les quelques scènes se déroulant à l’intérieur nous permettent, à l’instar des personnages, de nous réchauffer un peu, avant de repartir affronter le froid sibérien. 

 

Si vous connaissez bien Montréal, et spécialement le Mile-End et ses environs, sachez que Cab a parsemé son oeuvre de clins d’oeil. Sans en faire un inventaire exhaustif, mentionnons comme seul exemple, la scène où l’on peut voir des gens continuer à faire la file chez Schwartz’s même en plein hiver nucléaire! Il fallait y penser!

 

Verdict 

 

Difficile de trouver un défaut à l’oeuvre de Cab. Elle a pris le risque d’explorer une thématique encore méconnue dans le 9e art québécois, mais on peut dire sans aucun doute que ça en valait la peine. C’est une réelle réussite! 

 

 

Hiver nucléaire

Caroline Breault

96 pages

Front Froid – Anticyclone

 

Cote : 4,75 étoiles sur 5.

 

Plus de contenu