Janine Sutto, comédienne [Mademoiselle L’Espérance dans Symphorien]
«Il était tellement bon, plein de compassion pour tout le monde, toujours discret. Je l’ai vu ces derniers jours, il était très malade, mais encore très lucide. C’était un très bon comédien. Il a ouvert les Variétés et a tenu pendant 35 ans parce qu’il voulait jouer des rôles. C’était un homme d’affaires extraordinaire. Au début, c’est lui qui était mon agent. C’était un être d’une qualité de cœur très très rare. Avec “Symphorien”, Gilles donnait toujours des idées à [Marcel] Gamache pour le personnage de Mme L’Espérance, pour le bien de l’émission.»
Pierre Marcotte, animateur
«Gilles était des premières des “Tannants” au début des années 1970, c’est lui qui a trouvé le nom de l’émission. Moi, à l’époque, j’étais à l’animation et à l’information, donc je n’étais pas familier avec ce genre de “showbizz” où on raconte une histoire. J’étais avec Gilles et Paölo Noël, ça a été une école incroyable. Gilles était d’une grande générosité envers ses confrères de travail. S’il pouvait faire en sorte que tu sortes ton épingle du jeu, il le faisait. La collaboration et la complicité qui existaient entre les comédiens sur scène étaient la marque de ce théâtre de vaudeville ou de burlesque. C’était un bon vivant, qui s’était beaucoup impliqué énormément dans le monde artistique avec le Théâtre des variétés.»
Jean Lapointe, acteur
«C’est terrible, vous ne pouvez pas savoir le chagrin qui m’étouffe. J’ai suivi le cheminement de Gilles Latulippe dans sa maladie en correspondant par courriel avec son fils Oliver, à qui j’offre mes condoléances ainsi qu’à Suzanne. Gilles, c’était un sapré bon homme, toujours discret. On se voyait souvent en Floride, on mangeait avec lui et il ne perdait jamais l’occasion de faire un gag. Quand Jérôme est décédé, des Jérolas, j’ai remonté un autre spectacle et il me disait: c’est toujours les meilleurs qui partent en premiers. Il était généreux, Gilles, c’était tout à fait lui. Quand j’ai remonté un autre spectacle au décès de Jérôme, je lui avais demandé de me louer son studio. Il me l’a prêté et il n’a jamais voulu être payé, il a fini par accepter un tableau.»
Mario Lirette, animateur de radio et comédien aux côtés de M. Latulippe
«Gilles Latulippe était le lien entre sa génération et la mienne. Mon idole était Claude Blanchard et tout de suite après venait Gilles Latulippe pour faire le lien. Gilles Latulippe était un bourreau de travail, un gars au talent énorme. Les gens comme lui ont vécu dans la misère, ils ont été élevés en donnant. Gilles Latulippe a toujours travaillé en aidant les jeunes comédiens. Son théâtre a fonctionné pendant une vingtaine d’années avec très peu de moyens.»
Jacques Salvail, comédien et chanteur
«Le 27 août, nous avons joué ensemble pour la dernière fois dans la pièce “Salut cocu!” et le lendemain, il entrait à l'hôpital. Deux semaines plus tard, il était aux soins palliatifs. Ça a fait deux ans, le 28 août dernier, qu'il avait reçu ce verdict des médecins; on lui avait dit qu'il lui restait deux ans à vivre et mis à part ses proches, personne n'était au courant, il ne souhaitait pas que ça se sache. C'est bien triste, Gilles a été mon parrain du “show-business” côté théâtral, j'ai joué dans à peu près toutes ses comédies depuis 1983. Ç’a été vraiment un privilège de le connaître et de travailler à ses côtés.»
Rappelons que Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a confirmé le décès, qui est survenu à l'Hôpital général de Montréal tôt mardi matin. Gilles Latulippe avait été admis le 22 août pour y traiter «une pneumonie et est décédé des conséquences d'un cancer du poumon pour lequel il était traité depuis quelques années», a-t-on précisé par voie de communiqué.
En raison de son hospitalisation, Gilles Latulippe avait dû annuler les six représentations restantes de sa pièce «Salut cocu!» qu’il présentait à Drummondville depuis une vingtaine d'étés.
L’artiste avait célébré son 77e anniversaire de naissance à l’hôpital, le 31 août dernier, entouré de sa femme Suzanne et de son fils Olivier.
Quelques semaines auparavant, le Festival Juste pour rire lui avait livré un vibrant hommage pour souligner les succès de sa longue carrière au cours d’un gala.