À lire aussi : La Corriveau : Légende d’une damnée
Salem Village
Durant l’hiver de 1692, le petit village puritain de Salem Village commence à s’inquiéter du comportement erratique de trois jeunes filles, dont l’une est la fille du pasteur Parris et une autre sa nièce! Elles parlent dans une langue inconnue, se traînent les pieds et agissent bizarrement. Les médecins ne parviennent pas à trouver le problème, alors l’un d’eux suggère qu’il s’agit de cas de possession démoniaque. Malheureuse situation pour un pasteur. On s’empresse d’interroger les fillettes afin de trouver des coupables à ces ensorcellements. La population de Salem étant très dévote et croyante, tous et toutes sont dans un état d’énervement extrême dès qu’on parle du démon. Salem doit se préparer à se battre contre le diable!
En guerre contre le diable
L’interrogatoire des fillettes est aussi énervant et épeurant pour celles-ci. Aussi, elles veulent qu’on les laisse tranquilles en faisant porter les soupçons sur d’autres personnes. En mars 1692, les fillettes sortent des noms (des femmes surtout, le sexe faible) et on se met à arrêter et à emprisonner à tout vent jusqu’à 80 personnes en attente d’un jugement. En mai, le gouverneur William Phips, celui-là même qui avait attaqué sans succès Québec deux ans auparavant et s’était buté à Frontenac et ses canons, institue la Court of Oyer and Terminer (entendre et déterminer) qui entendra les témoignages d’une population en proie à une hystérie collective. La Cour condamnera à mort 19 personnes (6 hommes et 13 femmes) pour sorcellerie! Que fera-t-on de ces condamnés?
Le sort réservé aux sorcières
Parmi les 80 personnes emprisonnées, quelques-unes meurent au cours de leur détention (certaines femmes sont de vieilles mendiantes ou des grands-mères fragiles). Ceux et celles qui ont avoué et dénoncé d’autres personnes sont épargnés. Mais pour les autres, la pendaison les attend. Celles qui étaient enceintes ont obtenu, bien généreusement, une exécution différée; elles ne seront pendues qu’après leur accouchement. Quatre séances de pendaisons publiques ont lieu à l’été de 1692. Il y a eu une exception dans les sentences, soit le cas de Giles Corey, un homme de 80 ans, qui a refusé de se défendre. La Cour ne pouvant alors le condamner, lui a administré ce que le droit anglais appelait « une peine dure et sévère » consistant à écraser lentement l'individu puni jusqu’à la mort en empilant sur celui-ci des pierres pendant des jours jusqu’à ce qu’il avoue ou que sa cage thoracique cède… Son supplice a duré 3 jours!
Conclusion
Le gouverneur Phips, devant toutes ces exécutions (et parce que même sa femme était accusée) mit un terme au tribunal, à cette chasse aux sorcières qui dérapait. La communauté prendra des années à s’en remettre. La fille du pasteur avouera qu’elle avait inventé cette histoire pour se distraire et s’amuser. Le pasteur Parris fut banni de la communauté et quelques années plus tard, des compensations du gouvernement furent remises aux familles touchées. Mais le mal était fait. À la fin de la chasse aux sorcières, le ministre puritain Increase Mather publiera un ouvrage contenant cette citation fort sage : « Il apparaît préférable que dix sorcières suspectées puissent échapper, plutôt qu’une personne innocente soit condamnée ».
Vous avez aimé cet article? Consultez celui-ci :
Liens :