À LIRE AUSSI : Quand la douleur vous empêche de dormir
L’effet placebo peut se traduire par la confiance qu’exprime une personne envers sa capacité à surmonter une épreuve ou à guérir de ses signes et symptômes. Ça n’a rien de magique; en fait, c’est le cerveau qui, sous le pouvoir de l’autosuggestion, se met à sécréter des substances telles que les endorphines qui aideront par la suite à soulager la douleur. C’est pourquoi on dit que l’effet placebo est la conséquence biochimique d’une suggestion symbolique.
Autant l’effet placebo peut être bénéfique, autant l’effet nocebo peut faire des ravages. Ce dernier, qui vient de l’expression latine « je nuirai », est particulièrement lié au stress que déclencheraient certaines pensées négatives ou encore la crainte de risques ou de complications possibles. On le remarque entre autres chez les gens hypocondriaques, pessimistes ou ceux qui appréhendent tout simplement les effets indésirables qu’ils ont pu entendre ou lu quelque part. Ces personnes concentrent, sans nécessairement en être conscientes, leur attention sur les éléments négatifs qui valident d’une certaine façon les malheurs qui leur arrivent et les poussent à déduire qu’ils sont voués à la catastrophe, comme ceux qui se croient la proie de la fameuse loi de Murphy…
Mon travail en tant que kinésiologue-kinésithérapeute me fait principalement travailler avec cette population de gens symptomatiques qui traînent leurs petits bobos et qui courent les thérapeutes sans obtenir de résultats concluants. Chaque fois, je suis impressionné du pouvoir et du rôle que joue l’attitude du client dans la résolution ou la régression de sa problématique. Je suis également surpris de la prédominance de gens qui souffrent des conséquences de l’effet nocebo.
D’un côté, il y a les gens positifs qui ont rencontré leur médecin, d’abord inquiets, et qui sont finalement ressortis avec un certain soulagement simplement parce que ce dernier a été capable de mettre un mot sur leur mal en posant son tant attendu diagnostic. C’est le genre de client qui vient me voir en me disant que les résultats des tests ont montré que « ce n’était qu’une petite entorse » et qui veut se prendre en main. C’est aussi lui qui a totalement confiance en ma capacité de l’aider à s’en sortir, qui veut s’améliorer rapidement, qui fait ses exercices et qui finit par se rétablir complètement (avec l’aide de l’effet placebo).
De l’autre côté, il y a les gens plutôt négatifs, qui ont fort probablement tenté d’établir leur propre diagnostic en répertoriant tous leurs symptômes et en se promenant sur Internet, et qui sont ressortis de chez le médecin avec soit une réponse qui ne les rassure pas suffisamment ou avec enfin LA raison qu’ils attendaient pour valider leur mal incurable. C’est le genre de client qui vient me voir en général abattu, avec une anamnèse de signes et symptômes chroniques ou de maux interreliés, et qui est souvent convaincu d’avance que j’aurai de la difficulté à l’aider parce qu’en plus de tout ce qu’il a apparemment « attrapé », tel un virus au fil du temps, le pauvre a maintenant une entorse! Il aime quand le médecin met un nom qui sonne bien comme « sciatique » ou « syndrome sacro-iliaque » sur sa douleur et il est convaincu de la complexité de sa situation, même si, pour moi, c’est un cas similaire à tant d’autres et que je tente de le rassurer en lui affirmant qu’il est loin d’être le cas le plus difficile que j’ai rencontré. Il voit le diagnostic médical comme un verdict de condamnation et prend volontiers le rôle de la victime dans le scénario qu’il s’est monté. Il concentre son attention sur ses moindres sensations, collectionne les signes douloureux et les problèmes chroniques, et les laisse prendre le contrôle de son quotidien.
Vous seriez surpris de la quantité de gens qui tombent dans cette catégorie à différents niveaux. Vous en connaissez fort probablement ou vous devez au moins en entendre de temps à autre autour de vous. Ces personnes qui expriment ouvertement leurs souffrances et ne se gênent pas pour y faire allusion autant que possible, qui ont accepté comme fatalité qu’ils doivent « apprendre à vivre avec leur mal » et qui n’ont l’impression que de s’empirer avec le temps (s’ils n’ont pas déjà jeté le blâme sur leur âge). Peut-être vous reconnaissez-vous même en partie dans ce comportement autodestructeur. C’est tout à fait probable, même que cette prise de conscience est peut-être le moment tant attendu pour prendre les choses en main et sortir de ce cercle vicieux entretenu par l’effet nocebo.
Pour ce faire, il faut arrêter de se croire emprisonné dans sa condition et croire aux capacités du corps à s’adapter et à guérir. Le corps humain est une magnifique machine dotée d’une capacité d’adaptation incroyable. En fait, il est en constante adaptation. Chaque seconde qui passe, votre corps s’adapte à votre environnement selon ses différentes caractéristiques. Ainsi, chaque minute, chaque heure et chaque jour comptent et il n’en tient qu’à vous de laisser les choses aller et de vous perdre ou de faire en sorte qu’il prenne le bon chemin. Vous n’avez donc que deux choix possibles : vous améliorer ou régresser. Même si c’est par le biais de petites actions, c’est d’avancer qui importe. Si vous pensez que seul le temps arrange les choses, je vous préviens, vous risquez d’être déçu.
Peu importe votre âge ou votre condition, vous pouvez toujours vous améliorer, car votre corps possède la capacité de s’adapter. La recherche l’a démontré et le monde médical regorge de cas de personnes qui étaient supposément des causes perdues et qui ont finalement surmonté l’insurmontable parce qu’elles ont fait le choix de ne jamais abandonner! Je vis moi-même ce phénomène régulièrement en clinique avec mes clients. Je suis constamment étonné de voir à quel point ceux qui prennent en main leur condition et veulent vraiment s’en sortir progressent plus rapidement que ceux qui ne sont pas aussi convaincus. Et je suis tout aussi surpris de la différence dans les résultats lorsque la personne au départ négative fait le switch et passe en mode positif!
Évidemment, il faut établir un plan d’action efficace et adapté. Et en ce qui concerne la douleur, il faut aussi savoir la gérer et l’apprivoiser, sans toutefois l’accepter comme une fatalité. J’explique souvent aux gens qu’il faut savoir être patient et persévérant à ce sujet. Il faut comprendre que les symptômes s’estomperont progressivement avec le temps si les efforts y sont mis, car c’est le retour à un état fonctionnel des structures atteintes qui entraînera une diminution des symptômes. Autrement dit, ce n’est qu’après que le corps aura travaillé sans contraintes pendant une certaine période que le signal douloureux, envoyé par le système nerveux et rattaché aux schémas de protection, disparaîtra (parfois aussi soudainement qu’il est apparu). On peut donc très bien sentir qu’on va mieux, mais continuer de ressentir les effets du signal d’alarme que le corps est habitué d’envoyer pour se protéger. Sans l’ignorer, il faut apprendre à mettre la douleur un peu de côté pour pouvoir avancer.
Si ce sujet vous concerne particulièrement, je vous suggère également la lecture de certains de mes articles antérieurs, dont « Gérer et vivre avec la douleur chronique »,« Les douleurs neurologiques » et « Aux grands maux les grands moyens ».
Par ailleurs, si vous souffrez de signes et symptômes en lien avec un trouble musculosquelettique chronique ou postural et que vous êtes à la recherche d'outils pratiques, je vous suggère les tomes 1 et 2 de la série de livres Les exercices qui vous soignent aux Éditions de L'Homme.
Vous avez aimé cet article? Consultez celui-ci :
Guide pratique pour les gens atteints de douleurs sciatiques