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La douleur est d’une part biochimique, alors qu’un signal est envoyé au cerveau pour l'informer que le corps expérimente une sensation douloureuse, et d’autre part neurologique, alors que le cerveau perçoit et interprète cette même douleur. C’est sur ce dernier point que nous possédons une certaine marge de manœuvre, alors que nous pouvons soit ignorer la sensation et poursuivre nos activités ou arrêter et porter attention à ce qui nous fait mal.
La douleur est donc le mélange d’une sensation physique désagréable et d’une expérience émotionnelle. La douleur chronique, par contre, a des effets différents puisqu’elle change littéralement la façon dont le système nerveux gère le processus douloureux avec le temps. C’est là qu’un schéma de protection peut s’implanter et moduler, pour ne pas dire altérer, la perception du signal douloureux. Comme le cerveau joue un rôle important dans ce processus, chaque individu a la capacité (selon sa volonté) de moduler la gestion de sa douleur en la modérant ou en l’intensifiant. Gérer la douleur, en particulier sa perception et ses symptômes, peut représenter un défi de taille selon l’individu. Les expériences passées et les traumatismes influencent entre autres la sensibilité d'une personne à la douleur.
La douleur chronique a des répercussions émotionnelles, physiques et économiques. Des facteurs comme l’âge et l’obésité ne peuvent que contribuer à l’augmentation de l’omniprésence de la douleur dans notre société. Les gens vivent plus longtemps, mais la qualité de cette durée de vie n’est malheureusement pas très bonne, alors que les gens ont collectionné les problématiques et complications au fil des années. Aux États-Unis, le coût de la douleur chronique chez l’adulte, y compris les dépenses reliées aux soins de santé et la perte de productivité, représente entre 560 et 630 milliards de dollars annuellement. Selon les données de la Société canadienne de la douleur, on estime donc que notre coût annuel de la douleur chronique se situerait au moins entre 56 à 60 milliards de dollars.
La douleur chronique est même souvent associée à une qualité de vie moindre que celle reliée à des maladies chroniques comme les maladies pulmonaires ou cardiaques. La douleur non maîtrisée compromet le fonctionnement du système immunitaire, favorise la croissance de tumeurs, empêche la cicatrisation et fait augmenter le taux de morbidité et de mortalité post-chirurgicales.
Le cas le plus commun de douleur chronique est sans surprise le mal de dos. Ce n’est pas pour rien que j’ai écrit plusieurs articles sur le sujet, tels que « 5 conseils pratiques contre le mal de dos », « Ça y est, je viens de me faire un tour de rein! » et « En finir avec les mythes sur le mal de dos ». Selon la Société canadienne de la douleur, « la douleur est le motif de consultation médicale le plus fréquent; elle compte pour jusqu’à 78 % des admissions aux services des urgences; les recherches actuelles continuent de mettre en évidence une douleur intense et un traitement de la douleur sousâ€optimal dans un vaste réseau multicentrique de services des urgences au Canada et aux Étatsâ€Unis. La prévalence de la douleur chronique augmente avec l’âge, étant aussi élevée que 65 % chez les personnes âgées vivant dans la collectivité et 80 % chez les personnes âgées vivant dans des établissements de soins de longue durée. Cette douleur est sousâ€estimée et insuffisamment traitée. »
Comme je le disais précédemment, la tolérance à la douleur est influencée par une multitude de facteurs. Voici quelques faits intéressants et à prendre en considération si vous êtes concerné par le sujet :
– Les émotions et le mode de vie d’une personne ont un effet notable sur la perception (interprétation) de la douleur. Une attitude positive aura des effets bénéfiques, tandis que le négativisme, ou l’attitude fataliste dont je parlais dans mon dernier article, aura l’effet contraire et contribuera à aggraver la situation. La dépression et l'anxiété peuvent rendre une personne plus sensible à la douleur.
– La perception de la douleur peut varier d’un endroit à l’autre du corps humain. Une étude récente a démontré qu'un corps peut ressentir la douleur différemment d’un côté et de l'autre côté. Une main dominante, comme votre main droite si vous êtes droitier, peut interpréter la douleur plus rapidement et précisément que la main non dominante. C’est d’ailleurs pourquoi le côté dominant peut normalement supporter plus longtemps la douleur que l’autre.
– Les athlètes et ceux qui sont régulièrement actifs, surtout de manière intense, ont en général une meilleure résistance à la douleur que les gens inactifs.
– Les personnes qui fument ou qui sont obèses se plaignent plus souvent de signes douloureux.
– Les facteurs biologiques, comme la génétique et certaines maladies chroniques (métaboliques), ont une grande influence sur l’interprétation et la sensibilité à la douleur.
– Apparemment, les femmes seraient plus sensibles à la douleur que les hommes, mais les femmes et les hommes seraient égaux dans leur capacité de tolérer l’intensité de la douleur.
– La couleur des cheveux pourrait aussi refléter la tolérance à la douleur. Des chercheurs ont rapporté que les roux semblent être plus sensibles à la douleur et ont souvent besoin de plus d’anesthésie pour les interventions chirurgicales.
– La prise d’analgésiques, comme l’ibuprofène et l'acétaminophène, altère la perception de la douleur. Il faut donc faire attention, car bien que la médication calme les symptômes, mais en étouffant le signal d’alarme, elle permet aussi à la personne de poursuivre ses activités douloureuses sans qu’elle soit consciente des contraintes mécaniques qui continuent d’affecter ses structures articulaires ou musculaires.
– Les techniques de relaxation, de méditation et la distraction ont des effets sur la diminution de la douleur.
– Chez les personnes souffrant de douleurs chroniques, le risque de suicide est deux fois plus élevé que chez celles qui n’en ont pas.
Comme je le dis toujours, ce qu’il faut surtout comprendre dans tout cela, c’est que vous pouvez toujours faire quelque chose pour aider votre situation. Il n’en tient qu’à vous de prendre les moyens pour améliorer votre qualité de vie.
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