À LIRE AUSSI : Quand l’homme « capote » : l’histoire du condom
Les maladies honteuses
Pas besoin d’expliquer pourquoi on parlait ici des maladies honteuses lorsqu’on abordait le délicat problème des maladies vénériennes; en avoir une n’était pas très glorieux! Lorsque le Canada a envoyé d’importants contingents de soldats outre-mer lors de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale, l’éloignement du milieu familial et le besoin d’assouvir des besoins physiologiques pendant des moments de hautes tensions entre deux combats ont conduit bien des militaires à s’adonner sans encadrement et de façon plutôt débridée au sexe. Conséquence : la gonorrhée et la syphilis ont fait de larges dégâts dans les rangs de l’armée canadienne. On raconte qu’un soldat sur neuf a été touché par une maladie vénérienne!
En guerre contre les MTS
Au cours des trois premières années de la Seconde Guerre mondiale, on estime qu’il s’est perdu en traitement de ce genre de maladies près de 697 259 jours d’instruction chez nos militaires, soit « suffisamment de jours-hommes pour manœuvrer une escadrille aérienne pendant un an, fournir l’apport canadien à la bataille de Sicile et escorter huit convois outre-Atlantique! ». Afin d’enrayer au plus vite ce fléau, l’État-major canadien a émis, à l’intention des troupes canadiennes, un guide d’information sur les maladies vénériennes et les mesures à prendre pour s’en prémunir. J’ai mis la main sur un exemplaire de ce guide intitulé La protection contre les maladies vénériennes, 1944 et j'y ai trouvé des choses intéressantes…
Ce que nous apprend le guide
Le petit livret qui est distribué aux militaires dès 1944 touche à tous les aspects des maladies vénériennes par rapport à l’armée. Bien sûr, on recommande fortement au soldat la continence (abstinence), une protection complète, en l’invitant à contrôler ses pulsions sexuelles en se détournant vers d’autres activités comme jouer au football, au hockey, faire de la menuiserie, etc. Il n’est pas prouvé à ce jour que les soldats canadiens soient devenus, en lisant cela, des super-menuisiers! Dans le cas où le sexe gagne, le soldat doit alors avoir recours à une protection incomplète qui consiste à suivre le C-U-E-M-P, sigle signifiant une suite d’étapes pour prévenir l’infection : C pour « condom en caoutchouc », U pour « uriner pour chasser des bactéries », E pour « eau et savon » pour se laver du nombril aux cuisses, M pour « matériel de protection ou nécessaire de prophylaxie » et finalement P pour « poste de traitement préventif » où le soldat peut demander des soins et de l’aide. Toute une affaire qui donne presque le goût de l’abstinence! Pour terminer, le guide traite également des symptômes de la gonorrhée et de la syphilis, de la propagation de celles-ci et des impacts sur l’armée qu’elles ont sur le plan de la fierté, du patriotisme et des effets aussi sur l’unité du soldat.
Un vestige du passé
Ce petit guide est un bijou pour nous renseigner sur comment on abordait les MTS il y a 70 ans. On trouve ça drôle avec nos yeux d’aujourd’hui, mais il faut comprendre qu’à l’époque, ces maladies étaient très graves et pouvaient même entraîner la mort. Il faut aussi reconnaître que le sujet est toujours d’actualité avec de nouveaux joueurs (SIDA, hépatite, etc.). Donc, un petit conseil : jouez prudemment, comme disait Astro le petit robot!
Vous avez aimé cet article? Consultez celui-ci :
10 choses de tous les jours qui ont plus de germes que le siège de toilette
Liens :