Aller au contenu

Critique : La crampe

Auteur: Philippe Michaud
Partagez : facebook icon twitter icon
Critique : La crampe

Ce n’est pas tous les jours que j’ai la chance de lire une bande dessinée argentine. On l’oublie parfois, mais ce n’est pas juste en Europe ou en Amérique du Nord que l’on fait de la bande dessinée… J’ai donc pu mettre la main sur la traduction française de La crampe d’Angel Mosquito, un auteur né à Buenos Aires qui prend toujours comme toile de fond de ses albums le conurbano, la gigantesque banlieue qui ceinture la capitale de l'Argentine et qui compte pas moins de 13 millions d’habitants. 

Un père et un fils particuliers…

La crampe ne fait pas exception à la règle. On retrouve Larry et son fils adoptif Mogul. Les deux hommes vagabondent dans les rues du conurbano à la recherche de travail. Mais ce n’est pas facile. Les emplois se font rares et sont surtout peu payants. La région vit difficilement la crise économique…

Et pour ajouter à leur malheur, ils sont victimes de crampes. Je ne l’ai pas encore dit, mais les deux hommes sont des vampires! Mais des vampires sur le chemin de la réinsertion. En effet, les deux acolytes ne veulent plus se nourrir de sang humain. À la place, ils consomment du boudin noir. Mais pour ça, ils ont besoin d’argent. Alors, entre deux « repas », ils sont atteints de gros maux de ventre…

Alors qu’ils effectuent un « travail » pour leur nouvel « employeur », le duo enlève sans trop le vouloir un bébé. Ils sont immédiatement propulsés dans une histoire qui les dépasse totalement. Ils devront faire face à des policiers corrompus, tout en essayant de contrôler leurs pulsions vampiriques…

Angel Mosquito ne fait pas dans la dentelle avec sa dernière oeuvre. C’est le moins qu'on puisse dire! Les dialogues sont souvent crus, alors que l’on assiste à quelques scènes de violence et de sexualité dérangeante. La scène avec le travestie est, je vous le dis, l’une des plus choquantes que j’ai lues cette année.

Malgré cela, on sent qu’Angel Mosquito souhaite passer un message et dénoncer certaines choses qui ne vont pas du tout dans sa société. Il traite, bien sûr, de la pauvreté et de la difficulté de se trouver un emploi, mais également de la corruption qui ronge les forces de l’ordre de l’Argentine. 

La couverture, quant à elle, résume assez bien l’aspect graphique de l’oeuvre. Le bédéiste a pris le pari risqué de mettre en image des protagonistes qui sont complètement à l’opposé des héros habituels de bandes dessinées. Ils sont « laids » et font peur. Mais attention! Je ne suis pas en train de dire que l’auteur n’a pas de talent! Bien au contraire! J’ai adoré comment il a imaginé ces vampires. Ils sortent totalement des clichés véhiculés depuis des années dans les films et les bandes dessinées. Bravo!

Verdict

La crampe choque et dérange. Mais parfois, un auteur doit sortir ses lecteurs de leur zone de confort pour faire passer un message. C’est exactement ce qu’a fait Angel Mosquito ici. En tout cas, je ne verrai plus jamais de la même façon l’Argentine!

La crampe

Angel Mosquito 

80 pages

Rackham Editions 

Cote : 4 étoiles sur 5.

Plus de contenu