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Critique BD : La Banque, tome 2 – Le milliard des émigrés

Voilà une suite que j'attendais! J'avais bien aimé le premier album de La Banque et je me demandais si Pierre Boisserie et Philippe Guillaume au scénario seraient capables de maintenir le rythme dans Le milliard des émigrés, la suite.

Bienvenue en France

Nous suivons toujours Charlotte de Saint-Hubert. Après avoir trahi son frère (et on comprend un peu pourquoi) en Angleterre, elle s’est réfugiée dans son pays natal, la France. Et elle a eu de bonnes raisons de le faire! Ruinée depuis la Révolution française, elle croit pouvoir retrouver la fortune de sa famille grâce à la loi dite du « milliard des émigrés » qui vise à donner une rente aux aristocrates qui ont perdu biens et argent durant les sombres événements qui ont secoué la France récemment. 

Alors qu’elle visite le fonctionnaire responsable de lui donner sa rente, elle apprend que quelqu’un d’autre est passé avant elle : son frère! Adieu la richesse et la gloire! Elle devra continuer à faire ce qu’elle faisait déjà lorsqu’elle était en exil en Angleterre, c’est-à-dire faire plaisir aux riches bourgeois contre rémunération…

Mais Charlotte a plus d’un tour dans son sac. Elle finit par épouser l’un de ses clients fortunés dans le seul et unique but de se venger de son vilain frère. Va-t-elle y arriver? Je pense qu’il faudra lire le troisième tome pour le savoir!

Car même si ce tome se déroule sur une plus large période que le premier (1825 à 1842) et nous permet de voir vieillir les principaux protagonistes, il est loin de répondre à toutes les questions. Étant donné que cette nouvelle série contient dans le titre les mots « Première génération », on se doute un petit peu que cette rivalité frère-soeur se déroulera pendant encore plusieurs années, et ce, bien après leur mort. 

On le voit dans ce second épisode, les rivaux ont chacun eu des enfants. Même si ces derniers n’ont pas de contact avec leurs cousins « rivaux », on sent que ça ne devrait plus tarder. Mais avant, et ce sera sans doute le sujet du troisième tome, Charlotte et son frère ont des choses à régler. 

Une suite excellente!

Après un premier tome convaincant, je dois admettre que ce second est dans la même lignée. Le système bancaire européen est toujours aussi présent, quoique les auteurs bifurquent un peu sur l’arrivée du chemin de fer et les spéculations entourant la localisation des différentes voies et les entreprises responsables de leurs constructions. Beaucoup d’entrepreneurs s’arrachaient à l’époque les contrats du gouvernement et n’hésitaient pas, comme on nous le montre joyeusement dans l’album, à graisser quelques pattes. 

Comme toujours, on retrouve à la fin, un dossier écrit de quelques pages nous renseignant sur quelques faits historiques évoqués durant le récit. Je trouve qu’il s’agit d’un excellent complément d’information puisque peu d’entre nous sommes des experts dans le système bancaire européen du 19e siècle…

Mais comme je l’avais dit dans ma critique du premier tome, il ne faut pas voir La banque comme une histoire lourde s’adressant uniquement aux banquiers passionnés d’histoire. Il est vrai que les banques occupent une place importante, mais, de l’autre côté, l’histoire est assez bien écrite et prenante pour divertir le lecteur. 

D’ailleurs, Julien Maffre a fait un travail remarquable en ce qui concerne les illustrations de ce deuxième acte. J'ai aimé, par exemple, que le dessin soit moins sombre que dans le premier. Les quartiers défavorisés de Londres ont fait place à la somptuosité de Paris, mais aussi à la chaleur et la lumière de l’Algérie (une partie du scénario s’y déroule). 

Mais ce qui saute le plus aux yeux, ce sont sans aucun doute les innombrables scènes de foules qui semblent tellement vivantes qu’on s’y croirait presque. Si certains dessinateurs s’abstiennent d’en dessiner, ici Maffre les multiplie. Édifice de la bourse, rues, ports ou même petit café; chaque lieu ou presque est une occasion pour dessiner des figurants avec, chaque fois, une précision digne d'un horloger suisse. 

Verdict 

Le premier tome de La banque était déjà très bien, mais ici, Pierre Boisserie, Philippe Guillaume et Julien Maffre se surpassent avec cette suite sublime tant du point de vue visuel que scénaristique. Vivement le troisième tome!

La Banque, tome 2 – Le milliard des émigrés 

Pierre Boisserie, Philippe Guillaume et Julien Maffre

56 pages

Dargaud 

Cote : 4,5 étoiles sur 5.

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