Il faut dire que les Stampeders n’ont pas dominé les Alouettes comme je m’y attendais vendredi dernier. En fait, les hommes de Dan Hawkins ont montré beaucoup d’opportunisme très tôt dans le match alors que Brandon London a réalisé une attrape spectaculaire pour inscrire le majeur. Malheureusement, cela s’est arrêté là une fois de plus pour l’offensive de Montréal et Calgary a réussi à se sauver avec une victoire de 22-14.
Pour ceux d’entre vous qui ont lu ma dernière chronique sur les problèmes encourus par les Alouettes cette année, j’y mentionnais que les entraîneurs avaient un rôle important dans les insuccès actuels de l’équipe. J’ai d’ailleurs pu en être témoin lors de l’affrontement contre Calgary.
Dan Hawkins… Ah… Vraiment?
En raison de son poste d’entraîneur-chef, Hawkins est responsable de veiller au bon fonctionnement de son équipe ainsi qu’au maintien des performances de celle-ci. Par contre, il ne faut pas penser que c’est lui qui est directement responsable de l’inefficacité de l’unité offensive, habituellement si puissante. On peut blâmer Mike Miller, le nouveau coordonnateur offensif.
Cumulant plusieurs années d’expérience à titre d’entraîneur dans la NFL, il a passé les cinq dernières saisons avec les Cardinals de l’Arizona, ce qui lui a donné la chance de travailler avec de gros noms, tels que Kurt Warner, Larry Fitzgerald et Anquan Boldin. Néanmoins, ce n’est pas ce qui lui donnera du succès dans la CFL.
Pour ceux qui connaissent bien le football, vous savez sans doute que les terrains de la NFL ont 100 verges de longueur par 53 verges de largeur. Les 11 joueurs par équipe ont 4 essais pour franchir 10 verges. Dans la CFL, les terrains sont plus gros, demandant 12 joueurs par équipe. Mesurant 110 verges de longueur par 65 verges de largeur, on dispose de 3 essais pour faire 10 verges, ce qui vient changer les stratégies de jeu considérablement.
Vous allez donc voir un jeu au sol beaucoup mieux établi dans la NFL que la CFL, puisqu’ils ont un essai de plus pour faire 10 verges. On doit donc être plus patient quant au nombre de verges gagnées sur chaque jeu. À l’inverse, dans la CFL, il est important de pouvoir compter sur une attaque aérienne développée, puisqu’il faut aller chercher une espérance de verges atteintes 50% plus élevée que dans la NFL. Par ailleurs, il faut savoir qu’un seul joueur peut être en mouvement avant que le jeu débute dans la NFL, alors que tous les receveurs et porteurs de ballon peuvent être en motion dans la CFL.
Ce qui m’amène au point suivant… Les stratégies de Mike Miller ne sont pas conçues pour gagner dans la CFL, et ce, pour plusieurs raisons. Nous avons pu constater, depuis le début de la saison, que les Alouettes ont plus fréquemment recours au jeu au sol, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, surtout en considérant la profondeur que nous avons chez nos porteurs de ballon. Par contre, l’attaque aérienne n’est pas adaptée à la CFL, ce qui ne permet pas de venir compléter les jeux au sol afin de gagner dès les premiers essais.
Voici pourquoi.
Les tracés par les passes sont généralement des tracés à moyen développement, ce qui fait en sorte que le quart-arrière doit être protégé un peu plus longtemps afin de faire les lectures appropriées et de lancer le ballon dans les zones voulues. De ce fait, on retrouve plus de pression sur la ligue offensive. Elle doit donc tenir ses blocs plus longtemps.
De plus, nous n’avons pas assisté à des motions très étayées chez les Alouettes, ce qui rend les tracés et les jeux plus prévisibles aux yeux des défenseurs adverses, chose que Trestman maîtrisait à merveille. Miller devrait retourner à la planche à dessin afin d’établir des stratégies moins prévisibles exploitant la pleine capacité de motion des receveurs afin d’exposer des brèches adverses.
Aussi, le terrain est beaucoup plus large que celui de la NFL. Ce n’est donc pas surprenant de voir couramment des tracés à développement horizontal dans la CFL. C’est d’ailleurs ce qui manque aux Alouettes. Des petits tracés courts qui nous permettent d’étirer le terrain horizontalement pourraient ainsi toujours donner de courtes options à Calvillo dans les cas où la pression serait trop forte. Pour l’instant, on voit un Calvillo hésitant qui prend beaucoup de temps dans la pochette.
C’est là que l’embauche de l’encyclopédie du football canadien, Doug Berry, à titre de conseiller principal à l’entraîneur-chef, serait supposée intervenir.
S’il vous plait, ne venez pas me faire croire que nous n’avons pas le potentiel d’être une puissance de la ligue avec Anthony Calvillo comme quart-arrière (la même ligne offensive que l’an dernier, le champ arrière le plus talentueux de la ligue avec Arland Bruce, SJ Green et Jamel Richardson en guise de receveurs).
De mauvais coachs ou l’habitude de trop bons coachs?
Est-ce que l’équipe d’entraîneurs qu’a embauchée Jim Popp est une erreur? Seul l’avenir nous le dira, mais je crois qu’ils ont le potentiel d’accomplir de grandes choses. En revanche, la situation actuelle des Alouettes nous fait réaliser, en tant que partisan, que nous avons eu par le passé d’excellents entraîneurs. On peut d’ailleurs penser à Marc Trestman qui a présenté une équipe gagnante à chacune de ses saisons à Montréal. Trestman est en effet reconnu comme étant le « Guru » des quarts-arrière.
Selon moi, il a été en mesure d’améliorer grandement le niveau de jeu d’Anthony Calvillo et a réussi à le mettre dans une position où le numéro 13 paraissait toujours très bien. À quoi doit-on donc associer la baisse de régime de l’un des plus grands quarts-arrières de l’histoire de la ligue canadienne? Certainement pas au manque de talent du joueur ou de ses coéquipiers. On doit plutôt associer cela au manque de soutien. C’est dans ce genre d’impasse que le départ de Trestman va se faire le plus grandement sentir.
Ne perdons pas espoir, la saison est encore jeune et la CFL est très imprévisible!
Les Alouettes affronteront de nouveau les Stampeders de Calgary, samedi prochain à 19 h, mais cette fois sur la route.