Des débuts modestes
En 1983, l’industrie du jeu vidéo ne se porte pas bien du tout, du moins en Amérique du Nord. En effet, cette industrie est en plein krach. Plusieurs compagnies ferment leurs portes, les jeux ne se vendent plus et plusieurs titres ont simplement dû être annulés faute d’intérêt et d’investissements. Bref, c’est la catastrophe et on ignore si le jeu vidéo parviendra à se relever de cette sombre période.
Affrontant la tempête et forte du succès qu’a connu Donkey Kong en arcades, Nintendo décide de se lancer dans le développement d’une console de salon à cartouches interchangeables. En conception depuis 1981, Nintendo vise deux objectifs avec cette console : qu’elle soit si puissante qu’elle ne puisse être copiée avant au moins 3 ans par les compétiteurs et qu’elle soit la moins chère possible. C’est un défi de taille, mais que les ingénieurs de Nintendo parviendront à relever en économisant sur le moindre détail pour arriver aux exigences du patron de l’époque de la firme, Hiroshi Yamauchi.
Le 15 juillet 1983, Nintendo lance la Famicom sur le marché japonais avec trois portages de ses jeux d’arcades, à savoir Donkey Kong, Donkey Kong Jr. et Popeye. Si les objectifs initiaux de Nintendo ont été atteints, la console s’attire quand même certaines critiques, notamment quant au fait qu’elle est peu fiable et qu’elle est sujette à de gros ralentissements. Nintendo décide alors de rappeler sa console et de la remettre sur le marché avec une nouvelle carte mère. L’effet est instantané : en seulement 2 mois, Nintendo parviendra à vendre 500 000 unités de sa console !
La conquête des marchés nord-américain et européen
Très encouragée par le succès remporté par la console au Japon, Nintendo décide de s’attaquer au marché nord-américain qui, pourtant, est très affaibli par le krach qu’il vient tout juste d’encaisser. Approchant Atari afin de l’aider à commercialiser sa machine, le partenariat aboutit à un échec puisque Atari décide qu’elle veut se concentrer sur le successeur de l’Atari 2600, soit l’Atari 7800. Une erreur que la firme a dû regretter pendant longtemps !
Nintendo ne baisse pas les bras et décide, après avoir pensé à différentes idées de commercialisation, de démontrer sa console au Consumer Electronics Show (CES) en 1985. Or, elle la démontre non pas sous son nom original, mais bien sous le titre de Nintendo Entertainment System (NES). L’engouement pour la console est immédiat de telle sorte que lors de sa sortie quelques mois plus tard, Nintendo vend 50 000 NES à New York seulement. Le 18 octobre 1985, d’autres pays commencent à être approvisionnés en NES et en février 1986, c’est l’Amérique du Nord au complet qui vibre au rythme de cette console 8 bits !
Il faudra attendre 1987 pour voir la NES débarquer en Europe ainsi qu’en Australie. Elle est alors vendue en deux territoires distincts. Dans le premier, la NES est commercialisée par Mattel tandis que dans le second, qui comprend notamment la France, elle est mise sur le marché grâce à différentes compagnies. D’ailleurs, il faudra attendre la fin octobre 1987 avant de voir la NES débarquer en sol français grâce à la firme ASD. À l’origine, la NES devait être lancée plus tôt dans ce pays, mais les envois en provenance du Japon ont pris du retard et ont dès lors mis la patience des Français qui attendaient cette populaire console à rude épreuve ! Vers la fin des années ’80, Nintendo parvient à vendre elle-même son produit grâce à sa propre division européenne.
Une console aux multiples classiques
La popularité de la NES peut s’expliquer par différents facteurs. Certes, il y a le fait qu’il s’agissait d’une console à grande puissance pour un petit prix, mais il y a aussi eu la présence de multiples classiques et d’ensembles alléchants qui ont fait en sorte que des millions d’individus se sont procurés cette machine. En outre, Nintendo a mis en vente divers ensembles pour la NES, le plus connu en Amérique du Nord étant sans aucun doute celui réunissant la console et une cartouche comprenant les jeux Super Mario Bros. et Duck Hunt.
Au fil des ans, Nintendo lancera classique après classique sur sa console 8 bits. Ainsi, les Super Mario Bros. 1, 2 et 3, The Legend of Zelda 1 et 2, Metroid, Urban Fighters, Tennis, Donkey Kong, Wild Gunman, Ice Climber, Excitebike, Golf, Kung Fu, Mach Rider, Mike Tyson’s Punch-Out!!, Dr. Mario, Dragon Quest I, II, III et IV, Kid Icarus, Final Fantasy et bien d’autres encore de même que de nombreux accessoires (qui ne se rappelle pas du NES Zapper ?) permettront à Nintendo de vendre quelque 62 millions de consoles NES et plus de 500 millions de cartouches !
Une véritable consécration pour la compagnie ainsi que pour l’industrie du jeu vidéo en général. Plusieurs affirment d’ailleurs que la NES est à l’origine du regain de vie du jeu vidéo et que Nintendo est finalement responsable du succès que connaîtra cette forme de divertissement au fil des décennies suivantes. Difficile de dire le contraire !
En terminant, voici quelques faits méconnus et amusants de cette légendaire console qu’il est bien intéressant de connaître :
– La toute première Famicom commercialisée était rouge. Pourquoi ? Parce que le plastique rouge était le moins cher à l’époque ! Vous pouvez d’ailleurs en voir une image plus haut.
– Nintendo vendait la Famicom sans faire de profit sur la console puisqu’elle ne jugeait pas nécessaire de faire de l’argent grâce aux ventes de la machine. Tous les profits de la compagnie provenaient donc de la vente des jeux.
– 1 251 jeux ont été développés pour la NES.
– Nintendo a lancé une version redessinée très limitée de la NES en 1993 (modèle NES-101 informellement connue sous les noms NES 2 et Top Loader). La manette de cette console limitée, qui a plusieurs ressemblances avec celle de la SNES, a été surnommée « os à chien » en raison de sa forme.
– Le tout premier jeu NES du légendaire Shigeru Miyamoto n’a jamais vu le jour en Amérique du Nord en raison de ses images religieuses. Clone de Pac-Man, Devil World était un jeu où vous deviez chasser des démons à l’aide de croix et de bibles. Nintendo avait jugé que cela offenserait le marché nord-américain.
– Le jeu Dragon Quest a été un flop en Amérique du Nord lors de sa parution. En effet, Nintendo en avait produit énormément de copies suite à son succès au Japon, mais le marché nord-américain n’a pas répondu. Se retrouvant alors avec des milliers de copies du jeu entre ses mains, Nintendo a décidé d’en offrir une à chaque nouvel abonné du magazine Nintendo Power. Le nombre d’abonnés de ce magazine a alors explosé. Bref, Nintendo Power doit son succès initial au fait que Dragon Quest a été un flop !
– Le jeu Duck Hunt est en fait basé sur un jouet des années 1970 commercialisé par Nintendo. Ce jouet était un fusil dont on se servait pour tirer des canards que l’on faisait apparaître sur un mur à l’aide d’un projecteur. Non, il n’y avait pas de chien qui attrapait les canards morts ou qui riait de vous si vous en ratiez !
– Un film a été produit autour de la NES avec pour objectif de publiciser le Power Glove, un nouveau gadget pour la console. Intitulé The Wizard (L’Enfant Génial), le film suivait les aventures de trois enfants dont le plus jeune était un véritable prodige des jeux vidéo. Malgré des critiques dévastatrices, le film a fait l’objet d’un culte et a été très populaire (peut-être pas pour les bonnes raisons, il n’y a qu’à voir le nombre de parodies au sujet de la séquence démontrant le Power Glove pour s’en rendre compte !). Le jeu Super Mario Bros. 3 y a été vu pour la première fois lors du tournoi final du film.
– À la fin des années 1980, Nintendo est la compagnie japonaise la plus rentable, devant Toyota !