Si le western n’est plus un genre très répandu au cinéma, il en est autrement du 9e art. Chaque année, on peut mettre la main sur de nouveaux albums mettant en scène cowboys, chevaux, revolvers et saloons. Beaucoup passeront inaperçus, mais quelques-uns, comme Undertaker de Ralph Meyer et Xavier Dorison, semblent réunir toutes les qualités nécessaires pour se démarquer du lot.
Un héros atypique
Avant même d’ouvrir l’album, les auteurs préparent les lecteurs. Un petit collant indiquant qu’il s’agit du plus grand western depuis Blueberry, un classique de la BD, avertit les curieux qu’ils ont entre les mains une oeuvre à part.
Puis, vient la première planche qui donne le ton : une bande de vautours est en train de manger une carcasse en décomposition d’un cheval. Ensuite, à la dernière case de la première planche, on le voit. Un homme sombre, sûr de lui et même un peu trop. Jonas Crow est un undertaker, ou si vous préférez un croque-mort.
Comme on le dit si bien, le malheur des uns fait le bonheur des autres et Jonas sait profiter pleinement de ce dicton. Avec son corbillard, il se promène dans le Far West à la recherche de dépouilles à enterrer.
D’ailleurs, il vient de recevoir une nouvelle affectation. Il doit se rendre à Anoki City, une petite ville minière dirigée par un certain Cusco. L’homme a bâti sa fortune en exploitant les mines d’or. Mais maintenant, il sent que son heure est venue. Il veut que ce soit notre héros qui s’occupe de sa dépouille. En effet, l’homme d’affaires prévoit mourir le lendemain et emporter avec lui tout son or! Jonas n’aura jamais eu une mission aussi payante et… difficile!
Un protagoniste particulier
Dans la plupart des westerns, le héros est un cowboy solitaire ou un officier de l’armée. Ici, les auteurs ont décidé de prendre un croque-mort! Il fallait le faire, quand même!
Comme on pourrait s’attendre d’un pareil personnage, Jonas est un individu cynique et puisqu’il côtoie tous les jours la mort, n’a surtout pas peur de celle-ci. C’est son gagne-pain, après tout!
Outre cela, le protagoniste est très difficile à cerner. Dès le début de l’aventure, on sait qu’il est intrépide, mais on ne connait pas grand-chose de ses motivations ni de son passé. C’est en progressant dans le récit que l’on va se rendre compte que c’est le genre d’homme qu’on ne voudrait pas forcément avoir comme ennemi. Bref, voilà un personnage complexe et mystérieux, comme on les aime!
Le dessin de Meyer, de son côté, s’inspire largement des BD similaires. Si vous avez déjà lu un album de Blueberry, vous serez en terrain connu : les traits, surtout ceux des visages, sont abondants, alors que les décors ont bénéficié d’un travail exemplaire. En d’autres mots, pour une BD de ce type, on n’aurait pas pu demander mieux.
Verdict
Intrigant, passionnant et divertissant, ce premier tome d’Undertaker a, à mon avis, tout ce qu’il faut pour s’imposer comme la nouvelle série phare du western. Reste à voir si les auteurs vont pouvoir garder la même cadence et le même mystère dans le second tome.
Undertaker – Le Mangeur d’or
Dargaud
Cote : 4,5 étoiles sur 5.