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Avertissement si vous n'avez pas écouté l'épisode 8 de la troisième saison: vous êtes sur le point d'en apprendre sur un personnage et une scène. Donc, si vous voulez conserver l'effet de surprise (et de malaise), arrêtez de lire.
Si vous poursuivez votre lecture, c'est donc que vous avez vu cet épisode et cette scène extrêmement difficile au sein de laquelle Brouillard retourne chez son ex et la violente avant de la violer. Même si, en travaillant avec des victimes d'actes criminels, je vois quotidiennement des histoires d'horreur, j'avoue que pour me protéger, je n'imagine pas ce que j'entends ou lis. Ce fut donc pour moi aussi un trente secondes insoutenable parce que je voyais avec un réalisme désarmant ce que je m'efforce de ne pas visualiser mentalement à chaque jour.
Pourtant, contrairement à bien des téléspectateurs qui ont manifesté leur dégoût et leur désapprobation envers la production de la série, j'ai compris l'utilité de cette scène. J'y ai vu le fameux cycle de la violence conjugale dans lequel des femmes, comme des hommes, sont victimes de leur conjoint(e) violent(e). Certes, chaque relation de violence conjugale ne finit pas par une agression sexuelle, mais il y en a plus qu'on le pense et c'est là-dessus que les producteurs ont cherché à créer un électrochoc chez l'auditoire.
Le cycle de la violence conjugale transpire au sein de 19-2 depuis le début de la première saison à travers le personnage de Brouillard. On a vu ce dernier violenter sa femme tant verbalement que physiquement avant de voir une accalmie s'installer à la fin de la deuxième saison et se poursuivre dans la troisième. Qui d'entre vous a commencé à apprécier ce personnage à travers sa nouvelle fonction de sergent? Qui s'est mis à oublier ce qu'il avait fait à sa femme et à entrevoir le bon gars derrière le salaud? Probablement plusieurs, y compris moi qui pensais que 19-2 voulait envoyer le message qu'un homme violent peut se réhabiliter.
Or, la réalité est venue nous frapper de plein fouet lors de l'épisode du 18 mars, lorsque Brouillard, affaibli par la tragédie de Chartier et confronté au refus de son ex-femme de le reprendre, a retrouvé ses vieux démons afin de reprendre le contrôle sur cette dernière. Incapable de tolérer le rejet de celle qu'il aime alors que son entourage le voit pourtant comme un nouvel homme, Brouillard s'est réfugié dans l'univers qu'il connaît le mieux pour s'approprier ce qu'il désire, soit celui de la domination physique. Après avoir frappé sa femme, nous l'avons vu la violer sans ménagement, lui reprochant même d'être sale après avoir assouvi son besoin.
Même si la scène était extrêmement intense, elle était utile. Pourquoi? Parce qu'on a dépeint une réalité qu'on préfère ignorer. Il est beaucoup plus confortable de penser que de telles scènes n'existent que dans la fiction, mais 19-2 a frappé ce confort de plein fouet en nous ramenant à une réalité qu'on était sur le point d'oublier, soit celle que Brouillard n'avait pas changé. Comme le spectateur, le personnage était en train de se mettre la tête dans le sable en croyant avoir changé. Or, comme dans la réalité, un homme violent a très peu de chances de modifier ses comportements par lui-même. Brouillard est l'image de bien des hommes et de femmes violents pensant que seulement en voulant changer, ils y arriveront alors que leur situation requière clairement une aide extérieure.
Bravo donc aux producteurs pour avoir inclus cette scène intenable et très intense, mais nécessaire pour réveiller le public quant à une réalité que trop de gens vivent. Elle s'imbriquait avec brio dans les événements du cycle de la violence conjugale que beaucoup de gens supportent au quotidien: violence, repentir, apparence de changement, maintien des nouveaux comportements, rechute et retour d'une violence encore plus prononcée.
Ah, et si je félicite les producteurs, je tiens aussi à lancer des fleurs aux comédiens, spécialement à Louis-Philippe Dandenault pour qui incarner Brouillard dans cette scène a dû être extrêmement difficile. Il faut parfois avoir du guts pour être un acteur et dans ce cas-ci, Dandenault a démontré son grand talent même s'il faut maintenant détester un personnage qu'on avait commencé à aimer!
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