Habituellement, les oeuvres qui se passent au Moyen Âge nous présente deux types de protagonistes : 1) les nobles et 2) les pauvres et les paysans. Rarement, on met en scène un homme ou une femme qui cotoit dans la même journée les deux. En lisant Le Roy des Ribauds de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, j’ai appris qu’il y avait un personnage dans l’histoire française que l’on appelait Le Triste sire. Il s’agissait, en fait, d’un homme craint et respecté qui servait un peu de maitre-espion au roi. Avec ce premier épisode, les auteurs nous font découvrir le premier véritable Roi des Ribauds.
L’histoire se passe en France à l’hiver 1194. Le Triste Sire est connu comme étant un homme qui réfléchit d’abord avant de poser des gestes. Et quand il s’agit d’assassinat, il est encore plus consciencieux. Mais pas cette journée-là. Motivé probablement par la vengeance, il élimine un commerçant bordelais. Malheureusement, pour lui, c’est la pire erreur qu’il a commise dans sa vie. Pourquoi? Parce que ce commerçant était un espion du roi qui devait même déjouer un attentat visant le monarque. L’heure est grave puisqu’on ignore qui compte tuer le roi de France, le maitre du Triste Sire!
Le Triste Sire, qui n’a bien sûr pas avoué son « erreur » à son roi, est mandaté par celui-ci pour trouver les assassins de ce commerçant, et également empêcher d’agir quiconque voudrait faire du mal à la couronne française. La tâche s’annonce colossale étant donné qu’il n’a aucune idée ou presque de qui pourrait être le ou les auteurs de ce complot.
Avec ses compagnons de basse extraction, il va devoir fouiller les bas fonds les plus sales de Paris. Il devra être sur ses gardes, car même s’il inspire le respect et la peur, il n’est pas dénué d’ennemis…
Force est d’admettre, cependant, que ce voyage dans le temps se passe très bien. Il faut dire qu’avec un tel protagoniste, il est difficile de ne pas embarquer dans l’histoire. Personnellement, ça m’a pris presque la moitié de la bande dessinée pour me rendre compte que c’était vraiment le héros du récit et non pas un méchant. Même s’il s’agit d’un personnage qui, je dois l’avouer, est impossible à déchiffrer totalement, on prend beaucoup de plaisir à le suivre dans ces péripéties. Homme de peu de mots, il est fin stratège, redoutable à l’épée et charismatique, quand il le faut.
Le scénario, de son côté, n’est encore qu’à ses débuts (d’autres tomes sont à prévoir) et n’est pas toujours fluide et limpide, mais, malgré cela, il est très prometteur. On a vraiment envie de découvrir qui est derrière cet attentat visant le roi de France. On nous donne ici et là quelques infos pour satisfaire notre soif. En revanche, il manque encore plusieurs pièces au casse-tête et il faudra lire le deuxième tome pour y voir plus clair.
Finalement, le dessin est assurément plus sombre que celui de Chaos Team, mais n’en demeure pas moins très inspiré. Avec ses magnifiques jeux d’ombres et de lumières, on se croirait presque dans une pièce de théâtre. C’est de toute beauté.
Verdict
Quand on parle de bandes dessinées du Moyen Âge, les noms de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat ne sont peut-être pas les premiers qui nous viennent en tête. Toutefois, il faut bien avouer qu’avec Le Roy des Ribauds, ils nous ont prouvé qu’ils pouvaient faire preuve d’une grande polyvalence. Leur nouvel album est excellent!
Le Roy des Ribauds
Cote : 4,25 étoiles sur 5.