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Malgré l’expression populaire, nous ne « refoulons » pas vraiment avec les années. Nous perdons une certaine quantité d’eau et de tissus musculaire en vieillissant bien sûr mais la structure osseuse elle demeure sensiblement la même. Si nous rapetisserions pour de vrai cela voudrait dire qu’avec le temps l’ensemble du corps, comme nos mains ou notre tête, serait de plus en plus petits ce qui est évidemment absurde. Une fois la croissance terminée, la taille des os ne change pas vraiment car il s’agit d’un type de structure assez stable. Même l’ostéoporose affecte la porosité de l’os et non sa grosseur en tant que telle. Ce sont les tissus mous qui sont plus susceptibles de changer avec le temps et qui risquent de perdre une partie de leur élasticité.
Les disques intervertébraux par exemple, on un aspect viscoélastique qui leurs permettent de s’adapter constamment aux contraintes mécaniques auxquelles fait face le système vertébral. C’est d’ailleurs leur rôle d’absorber ces contraintes car si la colonne était complètement rigide elle ne permettrait aucun mouvement ou se briserait. Ils sont donc en constante adaptation au cours de la journée et ce sont eux qui cumulent une certaine quantité de pression, qui elle-même est est directement influencée par la façon dont vous vous comportez. En fait, le seul moment où ils ont un peu de répit c’est lorsque vous êtes couché, et encore tout dépend de comment vous êtes positionné.
Les disques ont aussi une propriété spongieuse qui leur permet de retrouver leur forme initiale une fois la contrainte retirée. Donc dans un certain sens, on pourrait dire que vous êtes un peu plus grand le matin lorsque vous vous levez que lorsque vous vous êtes couché la veille car les disques ont pu recouvrer de leur hauteur. Ainsi, si on lui en donne la chance, un disque retrouvera son aspect original. Ce principe mécanique est important car il a son importance dans plusieurs situations. La hernie discale en est un bonne exemple, alors que celle-ci se résorbera et pourra guérir d’elle-même (tant qu’il n’y a pas eu extrusion du noyau bien entendu) si vous redonnez au disque l’espace dont il a besoin à l’aide d’exercices d’étirement et proprioceptifs (posturaux).
Ce dernier point, la conscience du corps et du positionnement de ses segments est d’une importance capitale dans la préservation de la condition physique et la prévention de symptômes liés aux troubles musculosquelettiques chroniques. Chaque seconde, chaque minute, chaque heure compte et affecte votre corps. Il faut vraiment comprendre que ce que vous aurez fait aujourd’hui aura un effet sur ce qui vous serez demain, et après-demain, et ainsi de suite tout et pour le reste de votre vie! Il ne faut donc pas vous surprendre si vous avez l’impression que vous cumulez le poids des années si vous ne faites rien pour le prévenir.
Les gens ont une conception erronée que la condition de leur corps peut se fixer dans le temps. Je le dis souvent mais on dirait que les gens ont de la difficulté à le réaliser ou l’accepter : le statu quo n’existe pas car un organisme vivant est en constante évolution! Ainsi soit notre corps s’améliore ou soit on se détériore tout dépendant de la façon dont on l’entretien et de ce qu’on fait avec. Il faut donc se rentrer dans la tête que la posture n’est pas un concept statique mais bien dynamique et qu’elle a besoin d’une stimulation aussi fréquente que perpétuelle.
Mes clients font eux-mêmes le constat de cette réalité alors qu’ils ont l’impression de rajeunir ou de grandir suite aux séances de kinésithérapie ou d’étirements. Ce sont même les plus âgés qui en font plus la remarque! Pourquoi ont-ils cette impression? Simplement parce qu’en regagnant leur mobilité et en prenant conscience de leur corps, par le biais des traitements et des petits devoirs que je leur demande de faire, ils retrouvent la sensation de liberté associé à la jeunesse et une bonne posture. À quoi ressemblent ces devoirs? Une routine d’exercices thérapeutiques journalière et quelques conseils simples sur la posture, le travail et les habitudes de vie.
Ce sont principalement les mauvaises postures ou habitudes de vie qui font mal au système musculosquelettique avec le temps, et vous donnent cette impression de souffrir des effets du temps. Ce n’est pas le temps ou l’âge le problème, c’est ce que vous faites avec votre corps! Par exemple, la majorité des gens ne sont pas conscients qu’ils laissent tout simplement la gravité exercer ses effets sur le système vertébral. Au lieu de maintenir leur colonne érigée, ils se laissent aller littéralement. Les tissus mous, comme les disques et les muscles, n’ont donc pas la chance de retrouver leur aspect fonctionnel et ils s’ankylosent progressivement avec le temps, restreignant de plus en plus la mobilité du corps.
Ajoutez à cela les mauvaises attitudes posturales (comme se tenir le dos voûté) et les facteurs environnementaux (comme le travail de bureau) et vous n’aurez aucune difficulté à comprendre pourquoi les gens ont l’impression de refouler en vieillissant! La posture, le travail, les blessures antérieures et les activités quotidiennes sont des exemples de facteurs à considérer et sont même souvent inter reliés.
Il faut donc être bien conscient que la posture est multifactorielle en plus d’être la conséquence d’une résultante dynamique qui évolue dans le temps. Ce n’est que lorsque vous aurez compris que jour après jour votre posture n’est jamais la même et que celle-ci s’adapte en permanence en fonction des positions que vous adoptées et des mouvements ou tâches que vous exécutés que vous aurez saisi que vous avez le contrôle sur votre condition! Peu importe votre situation, chaque jour vous avez la pouvoir d’avoir un impact significatif et de changer le cours des choses. Votre corps ne sait donc pas s’il fait fausse route ou non. Il ne fait que faire de son mieux pour s’adapter à son environnement. C’est à vous de prendre les commandes et de vous assurer de lui faire prendre le bon chemin!
Le système vertébral agit un peu comme un pilier sur lequel les membres s’appuient. Cette poutre est cependant inerte et doit être maintenue activement par un système de cordages : les muscles! Les os de la colonne ne sont qu’une pile de blocs inanimés qui ne tient en place que par l’action des systèmes nerveux et musculaire. Sans eux, la poutre ne tient tout simplement pas… elle s’effondre! Le positionnement vertébral, qui permet de diminuer la composante de pression exercée sur les disques, est assuré par les muscles profonds, lesquels sont principalement sollicités dans les exercices d’autograndissement. La stabilité vertébrale, qui permet de déplacer une charge importante, est quant à elle est assurée par les muscles superficiels. Il faut entraîner les deux systèmes pour que la colonne soit fonctionnelle. Le système vertébral est donc particulier car il combine à la fois les caractéristiques de mobilité et de stabiliser. Malheureusement peu de gens comprennent la biomécanique fonctionnelle du tronc et par conséquent l’entraînent de la bonne façon. C’est pour cette raison que le choix de vos exercices ainsi que le développement du senti des différents segments de la colonne dans l’espace sont d’une importance capitale.
L’autograndissement est une composante axiale qui permet au système vertébral de se redresser ou, si vous voulez, de s’ériger. Cet aspect plus proprioceptif de la rééducation posturale est important car c’est lui qui donne cet impression de décompression et qui permet un meilleur alignement articulaire. Pour se faire, vous devez :
- Rentrer le menton afin d’aligner la colonne cervicale
- Ouvrir le thorax afin de redresser la colonne thoracique
- Mobiliser le bassin pour aligner la colonne lombaire
- Basculer les épaules vers l’arrière pour stabiliser le membre supérieur
- Penser à éloigner la tête du bassin ou prolonger le mouvement jusqu’aux membres inférieurs en éloignant la tête des talons
Une fois ces 5 étapes accomplies maintenez la position aussi longtemps que possible puis relâchez progressivement en vous concentrant sur votre perception du changement postural. Cet exercice, qui stimule la musculature profonde, peut être exécuté individuellement au cours de la journée ou intégré à d’autres exercices, comme un étirement ou un exercice de musculation.
La respiration est aussi importante et celle-ci doit pouvoir être faite autant au niveau thoracique que ventral. Beaucoup de gens ne respirent pas bien et ont un thorax rigide qui affecte inévitablement leur posture. J’ai d'ailleurs parlé de l’importance de la respiration dans des articles récents…
J’espère maintenant que vous saisissez qu’on ne refoule pas mais qu’on se laisse plutôt affaisser avec le temps. J’espère aussi que vous comprenez que si rien n’est figé dans le temps, cela veut aussi dire qu’il n’est jamais trop tard pour se prendre en main. Peu importe votre âge, la capacité d’adaptation de votre corps est toujours présente et le potentiel demeure sensiblement le même. La seule chose qui change, ce sont les paramètres d’entraînement qui doivent être pris adaptés en conséquence. J’ai abordé cet élément dans mon article intitulé Il n’est jamais trop tard pour devenir plus fort. Si vous voulez améliorer ou simplement prendre soin de votre posture, je vous suggère le tome 2 de la série de livres Les exercices qui vous soignent traitant des troubles de la posture et de l’ergonomie.
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