Camilla Läckberg est une écrivaine suédoise de romans policiers. Ses romans sont très populaires en Europe. D’ailleurs, le 9e art s’est déjà intéressé à son oeuvre. Déjà, en 2014, Olivier Bocquet et Léonie Bischoff nous offraient l’adaptation de La Princesse des glaces. Les deux bédéistes semblent avoir eu beaucoup de plaisir à plonger dans l’oeuvre de la romancière puisqu’ils nous offrent, depuis peu, chez Casterman, une nouvelle adaptation en bande dessinée : Le Prédicateur.
L’action se déroule, en 2003, dans la petite ville côtière de Fjällbacka, en Suède. Patrik est policier dans cette minuscule municipalité. Sa femme, Erica, est sur le bord d’accoucher de leur premier enfant. Malheureusement, l’homme ne pourra pas aider sa femme à passer au travers de ces jours pénibles, car on lui remet une nouvelle affaire.
Le corps d’une jeune femme mutilé vient, en effet, d’être retrouvé dans des rochers, sur le bord de la mer. En fouillant, les policiers ont découvert, au même endroit, deux squelettes appartenant à des femmes perdues il y a près d’un quart de siècle. Il semblerait qu’il y ait des liens entre ces deux événements.
Ses recherches vont amener Patrik à enquêter sur la famille Hult, une famille durement touchée par le passé par de terribles épreuves et dont le patriarche se faisait appeler le Prédicateur. Patrik ne devra pas trop se tourner les pouces longtemps. D’abord, sa femme est prête à accoucher d’un jour à l’autre et, ensuite, une autre adolescente vient de disparaitre. Tout porte à croire même que c’est lié avec son enquête.
Un cercle familial complexe
Mettre en scène une multitude de personnages a ses avantages et ses inconvénients. S’ils sont bien exploités, ça peut amener de la profondeur à l’oeuvre, mais ça peut également mélanger le lecteur qui aura de la difficulté à se retrouver.
Comme bien des bandes dessinées policières, Le Prédicateur fait partie de ces oeuvres qui ont beaucoup de personnages. Cependant, il serait injuste de dire que nous avons de la difficulté à nous y retrouver. Chose rare dans le monde du 9e art, les bédéistes ont eu l’idée d’intégrer, en guise d’introduction, un genre de portrait de famille où chaque protagoniste, que l’on va croiser dans l’album, se présente. Ainsi, quand on ne sait plus trop qui est tel ou tel personnage, on retourne dans les premières pages pour se rafraichir la mémoire. Honnêtement, j’ai trouvé ce procédé, que certains pourraient sûrement qualifier de trop « académique », à la fois simple et fort utile. On n’est jamais mélangé et on sait toujours où l’on s’en va.
En tant que telle, l’enquête policière est bien rédigée. Elle n’est ni trop glauque ni trop violente. Bien sûr, les crimes commis sont horribles, mais les auteurs n’ont pas voulu mettre trop l’accent là-dessus. On ne tombe jamais dans l’excès. On prend même un grand plaisir à découvrir les secrets et l’histoire de chaque membre de la famille Hult (l'histoire tourne surtout autour d’elle). À mesure que l’on progresse dans le récit, on commence à avoir des soupçons sur telle ou telle personne. Ce n’est qu’à la toute fin que l’on découvre enfin l’identité du tueur. Même si la conclusion prend des airs tirés de la série de films Décadence (je ne vous en dis pas plus), je ne l’avais pas trop vu venir.
D’ailleurs, le découpage de Le Prédicateur a quelque chose de très cinématographique. On a vraiment l’impression de se trouver dans un film policier, tant certains plans rappellent les codes des films policiers.
Verdict
Si vous êtes fan d’oeuvres suédoises comme Wallander ou Millénium, je pense que vous allez aimer Le Prédicateur. L’intrigue est bien ficelée, les personnages sont nombreux et complexes et le dénouement est surprenant.
Le Prédicateur
Olivier Bocquet et Léonie Bischoff
124 pages
Casterman
Cote : 4,25 étoiles sur 5.