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Critique BD : Avant l’Apocalypse

Réal Godbout est un grand nom de la bande dessinée québécoise. Avec Pierre Fournier, on lui doit les séries Red Ketchup et Michel Risque. Par contre, avec Avant l’Apocalypse, son dernier album coscénarisé, cette fois-ci, avec sa fille Adèle Bourget-Godbout et publié chez Mécanique générale, il sort du cadre de la bande dessinée traditionnelle pour nous offrir une oeuvre unique en son genre. 

Avant l’Apocalypse prend plutôt la forme de tableaux (une image avec un texte de quelques phrases dans le bas) dans lesquels une petite fille du nom d’Alice se confie, comme dans un journal intime. Alice n’est toutefois pas une fillette comme les autres… c’est un dinosaure! L’action se déroule, en effet, au début du 20e siècle, dans un monde parallèle dans lequel les dinosaures n’ont pas encore disparu. Ceux-ci ont même évolué et se comportent presque comme de véritables humains. Cependant, ils ne savent pas que leur fin est proche…

Comme les filles humaines de son âge, Alice découvre le monde avec un regard encore innocent et se pose diverses questions sur les agissements des adultes qu’elle croise. Par exemple, elle se demande pourquoi des ouvriers tiennent des pancartes et manifestent devant des gens bien habillés ou encore pourquoi sa famille a tellement de chagrin alors qu’elle enterre un oncle qui les a tellement fait rire de son vivant par ses tours et ses blagues .

Comme la jeune héroïne, le lecteur est lui aussi amené à se poser des questions sur le fonctionnement de notre société actuelle. Il faut dire que ces dinosaures partagent beaucoup de points communs avec nous. Ils semblent être tout aussi cupides, bagarreurs et impulsifs que l’Homme. 

D’ailleurs, l’un des éléments qui plait le plus dans l’album, c’est qu’il est très aéré. C’est le dessin qui occupe véritablement le plus de place. Réal Godbout amène la ligne claire dans ses derniers retranchements. Il va encore plus loin que dans ses précédentes oeuvres et nous prouve, en même temps, qu’il peut dessiner presque n’importe quoi, sans pour autant dénaturaliser son style.

Bien sûr, je me suis attardé longtemps sur le texte faussement naïf et simple, mais j’avoue que ce sont surtout les illustrations qui ont capté mon attention. Je me suis surpris, plus d’une fois, à balader mes yeux sur celles-ci pendant de longue minute à la recherche de tous ces petits détails que le dessinateurl avait enfouis. C’est comme s’il ne s’était imposé aucune limite. 

C’est sûr que certains lecteurs pressés pourraient terminer Avant l’Apocalypse en même pas trente minutes. Par contre, ce serait une grave erreur. Ce livre se savoure lentement, page par page. 

Verdict 

Même si ce n’est pas une « vraie » bande dessinée, je pense que ce serait la pire chose à faire que de de bouder Avant l’Apocalypse. C’est une oeuvre intelligente et sensible et possèdant un graphisme soigné et somptueux. Bref, un album où chaque nouvelle lecture apportera son lot de questions et de découvertes. À vous procurer immédiatement! 

 

Avant l’Apocalypse 

Réal Godbout et Adèle Bourget-Godbout 

80 pages 

Mécanique générale 

 

Cote : 4,5 étoiles sur 5

 

 

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