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Critique BD : La Petite Patrie

C’est en 1972 que Claude Jasmin a publié La Petite Patrie, un roman autobiographique qui nous racontait le quotidien d’un enfant dans un quartier populaire de Montréal au début des années 1940. Plus de 40 ans plus tard, Julie Rocheleau et Normand Grégoire ont eu l’excellente idée d’adapter cette oeuvre en bande dessinée. 

Claude est un petit garçon qui adore passer sa journée avec ses amis à jouer à la guerre ou au hockey et faire de mauvais coups. Son père, très croyant, aimerait qu’il devienne prêtre, sauf que ça ne semble pas faire réellement partie des plans de Claude. Pour le moment, tout ce qu’il veut, c’est découvrir le monde qui l’entoure! 

C’est avec la série Fantômas que j’avais découvert Julie Rocheleau. Et je dois dire que j'avais été immédiatement séduit. Quelle dessinatrice! Je ne vous cacherai pas que j'étais impatient de revoir son surprenant coup de crayon. 

Si dans Fantômas son dessin était plutôt sombre et violent, dans La Petite Patrie, il apparait plus lumineux, serein et même espiègle par moment. La transition entre Paris et Montréal se fait d’ailleurs sans problème. En même temps, elle ne fait aucun compromis sur son style. C’est toujours aussi « contrasté » et expressif. Bref, difficile de ne pas tomber sous le charme, encore une fois! 

La Petite Patrie nous permet, bien sûr, de revisiter une époque révolue de l’histoire québécoise où l’Église était encore très dominante. Pour des lecteurs peu âgés comme moi, c’est aussi le moment de découvrir des métiers aujourd’hui disparus comme ce guenillou qui rachetait et vendait des guenilles en passant par les ruelles ou ce pauvre Chinois qui se déplaçait pour faire la lessive des autres. 

L’album ne se contente pas de nous donner un cours en accéléré sur l’histoire récente du Québec. Par une approche très humaine, il permet de nous replonger dans nos propres souvenirs d’enfance. Parce que cette bande dessinée est également empreinte de nostalgie!

Ayant grandi moi-même, mais à une autre époque, dans les ruelles de Montréal, je me revoyais jouer aux fusils avec mes amis lors de belles journées d’été. L’album nous rappelle d’une façon très imagée l’insouciance de l’enfance et un moment de la vie où tout semble possible. Par contre, il sait également montrer ses moins beaux côtés, comme les amis qu’on perd et qu’on ne verra plus jamais. À la fin de notre lecture, on se retient même de verser une larme. Comme s'il révélait en nous des souvenirs profondément enfouis qu'on avait oubliés depuis trop longtemps. 

Verdict 

En suivant Claude dans ses diverses aventures enfantines, vous retrouverez, l’espace d’un moment, votre coeur d’enfant. Il ne tient qu’à vous de ne pas le laisser filer, une fois que vous aurez refermé ce livre! 

 

La Petite Patrie 

Julie Rocheleau et Normand Grégoire

88 pages

La Pastèque

 

Cote : 4,5 étoiles sur 5

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