Djief est un bédéiste que j’aime beaucoup. J’avais découvert la douceur de son trait en 2006 dans Tokyo Ghost. Ensuite, il m’avait fait embarquer dans une épopée légendaire dans la série Le Crépuscule des dieux, où il assurait également l’aspect graphique de l’oeuvre. Avec le diptyque Broadway chez Quadrants, l’auteur québécois porte également le chapeau de scénariste. Après un premier tome efficace, j’attendais avec une certaine impatience le second chapitre.
Comme toujours, le récit se déroule à la fin des années 1930, durant les années folles. George et Lenny Chapman sont sur le bord de la faillite. Le Chapman's Paradise, qu’ils avaient repris de leur frère Walter, qui s’était suicidé, va très mal. Ils doivent faire quelque chose, sinon, ce sera la fin de leur rêve.
Puis, ils vont rencontrer un nouveau metteur en scène qui va leur proposer de changer complètement la vocation de leur établissement. En effet, le jeune homme leur propose de le transformer en cabaret. C’est la mode, après tout! S’ils vont finir par accepter, les frangins n’ont malheureusement pas dit adieux aux embûches. Les compétiteurs sont très féroces dans ce domaine…
Encore une fois, l’aspect le plus réussi de cette bande dessinée est le dessin. Djief est loin d’être à son premier essai et ça se sent, dès le début. Avec un trait confiant, il sait exactement où il s’en va. C’est sans aucune hésitation qu’il nous plonge, une fois de plus, tête première dans cet univers resplendissant et franchement magnifique.
Il excelle surtout à nous illustrer la vie nocturne de Broadway : les éclairages de la grande artère nous envoûtent, alors que les nombreuses séquences se déroulant dans des théâtres nous hypnotisent par leur faste.
En même temps, il nous montre, certes brièvement, le revers de la médaille. Il nous met en contact avec la pauvreté et nous rappelle que cette somptuosité et ce luxe n’étaient hélas pas réservés à tous, mais bien qu’à une élite…
Le scénario, de son côté, nous inspire par sa détermination. Il montre un peu comment deux hommes ont pu, en quelque sorte, renaitre de leur cendre, comme un phénix. Au passage, le récit nous surprend par une vision très moderne de l’amour ou plutôt du véritable amour. C’est que l’un des frères Chapman sera torturé entre deux femmes : l’une lui offrant la stabilité et l’autre une vie riche en rebondissements.
Verdict
Cette finale d’Une rue en Amérique nous éblouit et nous fascine par son dessin « feutré » et splendide qui restitue à merveille cette période importante de l’histoire moderne. En fait, les illustrations sont tellement réussies qu’elles volent presque la vedette au scénario qui n’est pourtant pas mauvais! Bref, voilà un album qui parlera d’abord aux yeux, puis au coeur.
Broadway, tome 2 – Une rue en Amérique
Djief
48 pages
Quadrants
Cote : 4 étoiles sur 5.