Aller au contenu
The Grocery : voir la pauvreté et la criminalité américaine d’un oeil nouveau!

Elliot, ce petit garçon qui était arrivé dans le quartier le plus malfamé de Baltimore s’est finalement fait des amis. Malheureusement, son père, l’épicier du coin, a été emprisonné après avoir été accusé d’avoir assassiné le rabbi Finkelstein. En attendant que son père sorte de prison (s’il réussit à sortir un jour), c’est lui qui doit s’occuper du commerce. Bien vite, les gangs décident cependant de transformer son magasin en centre de distribution de drogue et Elliot n’a pas son mot à dire…

Washington, de son côté, tente d’aider des sans-abris qui sont menacés d’éviction. En effet, ils résident dans un ancien hangar qui est menacé d’être détruit par une grosse compagnie qui souhaite y construire un stationnement. L’ancien soldat va utiliser ses compétences militaires pour transformer ses SDF en véritables guérilleros.

L’éditeur qualifie cette série de « chronique de rue ». Je pense que c’est l’expression qui résume le mieux ces deux albums. Tout comme le premier, les auteurs nous font pénétrer dans un des quartiers les plus durs des États-Unis. C’est sale, c’est violent et ça fait peur. Incapable de maintenir l’ordre, la police a même fui. C’est devenu le Far Ouest.

En même temps, le scénariste nous présente des personnages attachants et drôles qui tentent de survivre par tous les moyens dans cette jungle. Oui, ils sont tombés dans la criminalité. Ça n’excuse peut-être pas leur crime, mais vendre de la drogue est le seul travail qu’ils ont trouvé pour manger.

De ce fait, The Grocery se présente un peu comme une critique de l’économie américaine qui pousse les plus riches à constamment s’enrichir sur le dos des plus pauvres. Par contre, et c’est ce qui permet à la série de se démarquer, le ton est beaucoup moins sérieux et rigide que dans une oeuvre de type « documentaire ». Les personnages, qui sont en fait physiquement des hybrides entre des créatures fantastiques et des animaux, en sont un très bon exemple.

L’humour noir, voire grinçant, que l'on retrouvait dans le premier opus, est également de retour et nous accompagne jusqu'à la toute fin du troisième album. On rit régulièrement, mais ce n'est jamais de bon coeur. Disons que dans la plupart des cas, on rit plutôt jaune, car chaque blague cache une vérité dérangeante…

Sans la violence graphique, The Grocery n'existe pas. On l'avait appris à la dure dans le premier tome et ça continue dans ces deux suites, qui offrent, en revanche, un niveau de raffinement plus élevé. Le récit nous surprend plus d'une fois en nous présentant des moments émouvants. Le meilleur exemple qui me vienne en tête est celui de cette jeune mère adolescente et victime des gangs de rue qui doit élever son enfant en prison avec d'autres mères-criminelles. Quand leur bambin a quatre ans, elles se le font enlever par les services sociaux. Nous assistons à l'une de ces scènes qui est sûrement la plus difficile à regarder de la série.

Verdict

Avec un ton provocateur et ironique, des personnages qui n’ont pas la langue dans leur poche et un dessin à l'opposé des standards, Aurélien Ducoudray et Guillaume Singelin n’ont pas peur, une fois encore, de sortir des sentiers battus. Bref, ces deuxième et troisième tomes de The Grocery ne déçoivent absolument pas!  

The Grocery, tome 2
Aurélien Ducoudray et Guillaume Singelin
94 pages
Label 619

Cote : 4 étoiles sur 5

The Grocery, tome 3
Aurélien Ducoudray et Guillaume Singelin
105 pages
Label 619

Cote : 4 étoiles sur 5

Plus de contenu