Commando Colonial se déroule en 1942, en pleine Deuxième Guerre mondiale. L’action se focalise sur le major Antoine Robillard et son subalterne Maurice Rivière. Les deux hommes font partie du Bureau central de renseignements et d'action, le service de renseignement de la France libre. Bref, ce sont des espions qui effectuent diverses missions à l’extérieur de la France occupée, et ce, pour le compte du général de Gaulle.
En fait, chacun des trois tomes qui composent cette intégrale met en scène l’une de leurs missions. Dans le premier, Opération Ironclad, les agents débarquent clandestinement à Madagascar. Ils ont comme objectif de faire entrer l’ile dans le clan de la France libre. Mais pour y parvenir, ils devront trouver et convaincre les résistants locaux et éliminer les différentes menaces.
Le Loup gris de la Désolation, le deuxième opus, se passe peu de temps après le départ de Robillard et Rivière de Madagascar. Les hommes doivent se rendre à leur nouvelle affectation. Dans l’avion, un problème mécanique les oblige toutefois à se poser d’urgence sur l’ile Europa. Un drôle d’hurluberlu les accueille. Mais rapidement, ils réalisent qu’il n’est pas si simplet que ça…
Finalement, dans Fort Thélème, les deux amis se retrouvent au Maroc. Ils doivent trouver un agent qui a déserté. Un événement inattendu les force à faire un arrêt au Fort Thélème, une oasis luxuriante située en plein désert et habitée par une ancienne troupe de danse.
Une vision intimiste d’un conflit meurtrier
Commando Colonial nous présente évidemment une facette peu connue de la Seconde Guerre mondiale. On en apprend un peu plus sur les actions des agents de la France libre en dehors de l’Europe.
Par contre, je pense qu’il s’agit d’abord du récit de deux hommes qui deviendront frères de sang. Leur relation basée sur le respect mutuel est au cœur du récit et est appelée à évoluer au fil de leurs aventures. Si lors de leur première mission, les deux agents n’ont qu’une relation supérieur-subalterne, à la fin du dernier chapitre, ils seront de véritables frères de sang.
Sérieux, mais pas trop
Avec ses airs de films d’espionnage, Commando Colonial adopte un ton sérieux et conventionnel… la plupart du temps. Sans jamais tomber dans la grosse farce, les trois albums dissimulent quelques blagues courtes. Cependant, ce qui fait le plus sourire, ce sont les personnages secondaires. Dans chaque épisode, on retrouve ce qu’on pourrait appeler « un drôle de bonhomme ». Il est toujours intéressant de voir comment les deux agents, de nature rigide, interagissent avec celui-ci.
D’ailleurs, cette intégrale repose surtout sur les dialogues, plutôt que l’action. Ces derniers ont souvent du punch et nous ennuient rarement. Il y a quelques petites scènes de fusillades, c'est vrai. En revanche, Commando Colonial n’est pas une œuvre qu’on lit pour voir des soldats se tirer dessus.
Un dessin en noir et blanc classique, mais efficace
Quand les albums ont vu le jour, il y a quelques années, ils étaient en couleur. Pour cette édition, Poisson Pilote a préféré l’enlever et changer un peu le format. Le noir et blanc permet d’apprécier encore plus l’efficacité du trait de Brüno qui alterne entre caricature et photoréalisme. Les personnages aux gros nez carrés y côtoient volontiers des sous-marins allemands qui ont l’air encore plus vrai que nature. Certes, les styles de Brüno et de Hergé sont différents, mais, parfois, je sentais comme des airs de Tintin au pays des Soviets.
Verdict
Tantôt touchant, tantôt drôle, Commando Colonial nous présente une facette peu connue de la Seconde Guerre mondiale. Les dialogues savoureux d'Appollo, ainsi que le trait tout en finesse de Brüno, font de cette intégrale un incontournable pour les passionnés d’histoire.
Appollo et Brüno
Cote : 4 étoiles sur 5.