Avec la fin de l’hiver vient un temps fort de l’année que l’on appelle communément le temps des sucres. L’érable, au Canada, est tellement un symbole bien spécifique à notre identité qu’on en a fait l’élément principal de notre drapeau et qu’on le retrouve sur notre monnaie (dont nos défuntes cennes noires). Bien ancrée dans les mÅ“urs des Québécois, la cabane à sucre recèle d’une foule d’éléments folkloriques inconnus de la vaste majorité de ceux-ci. Imaginez alors chez les Néo-Québécois! Entrez donc avec moi par la porte d’en arrière du mystérieux et enivrant monde de la cabane à sucre.
La paternité du sirop d’érable reviendrait aux Amérindiens qui auraient transmis l’art de faire bouillir la sève aux colons français dès le début de la colonie. Selon une légende amérindienne, Nokomis (la Terre) aurait été la première à percer les érables pour en faire sortir du sirop d’érable. Son petit-fils, Manabush, craignant que les Hommes ne deviennent trop paresseux à récolter sans effort le sirop des érables, en fit part à Nokomis. Comme il craignait que celle-ci ne l’ait pas entendu, la nuit venue, il monta dans le ciel avec un vaisseau rempli d’eau qu’il déversa sur les érables, lesquels se gorgèrent d’eau, forçant les Hommes à travailler à faire bouillir la sève avant d’obtenir du sirop. Ce serait depuis ce temps que la sève ne contiendrait que 1 à 2 % de sucre dans sa composition.
La pratique du « bouillage » de l’eau d’érable devint rapidement très courante chez les colons qui en tiraient un précieux sucre pour leur alimentation quotidienne. Bien sûr, les techniques de production du sirop d’érable ont bien évolué depuis ce temps.
Les sucres d’autrefois
Les moyens pour ramasser suffisamment d’eau d’érable afin de faire du sirop, de la tire ou du sucre d’érable se sont raffinés au fil des 400 dernières années. Dès que les temps doux arrivaient et que la neige prenait la texture de gros sel, que le jour il faisait doux et que ça gelait la nuit, le temps des sucres pouvait commencer (ça n’a pas changé!). Aux XVIIe et XVIIIe siècles, une entaille à la hache était pratiquée à 3-4 pi du sol sur l’érable et une goutterelle ou goudille de bois y était fichée. Elle amenait la sève, telle une gouttière, vers un récipient fait d’écorce ou tout autre contenant disponible. Ensuite, il fallait courir les érables et apporter l’eau à une cabane rudimentaire pour la faire bouillir dans un chaudron de fer sur une crémaillère.
Plus tard, on utilisa des seaux ou « sciaux » de bois afin de cueillir l’eau. C’est au XIXe siècle que prit le véritable essor de la production des produits de l’érable. C’est de cette époque que nous viennent la plupart des traditions de cabane à sucre que l’on connaît aujourd’hui. Les repas de cabane avec des bines, des oreilles de crisse, les tartes au sucre ou au sirop d’érable en sont de bons exemples. La gastronomie québécoise possède une multitude de recettes et de produits du terroir à base de sirop d’érable hérités de cette période.
L’abri de fortune fit place aussi à un bâtiment fermé qui permettait de conserver la chaleur pour les fins de cuisson. Les chaudières de fer blanc et les chalumeaux de fer remplacèrent les pièces de bois, rendant le matériel facilement réutilisable d’une saison à l’autre.
Au pays de « l’or jaune »
Maintenant, les cabanes à sucre, ou sucreries, sont de véritables industries. Fini aussi les chaudières; maintenant, c’est un pipeline qui amène l’eau à la cabane (qui n’a d’ailleurs plus rien d’une cabane). Avec la mondialisation, le sirop d’érable est un produit de luxe très en demande partout sur la planète, en particulier au Japon où on paie un « gallon » de sirop à prix d’or! Ce n’est pas pour rien que l’on parle du Québec comme du « pays de l’or jaune »! Mais, malgré tous ces changements, le plaisir de lécher la palette de tire d’érable est toujours le même chez les jeunes et les moins jeunes.
Liens :
www.erabliere-lac-beauport.qc.ca
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cabane_%C3%A0_sucre
http://www.autochtones.ca/portal/fr/ArticleView.php?article_id=417