Automne Rouge - critique bande dessinÃ©e

Automne Rouge n’a pas grand-chose à voir avec les caricatures d’André-Philippe Côté. Il n’y a pas de blagues ou de gags. On ne cherche pas absolument à provoquer ou à faire rire. L'album est toutefois loin d'être une déception. Bien au contraire!

L’action se déroule à Québec en 1970. Toute la province est sur le qui vivre à cause des récentes actions du Front de libération du Québec (FLQ). C’est dans ce climat bouillonnant que nous faisons la rencontre de Laurent.

Comme les autres élèves de sa classe, l’adolescent de 13 ans s’est vu confier un devoir par son professeur. Il devra concevoir un héros typiquement québécois.

Ce travail scolaire va se transformer en véritable quête identitaire. Laurent, qui n’a pas connu son père, essaiera de trouver ses origines.

Cependant, Automne Rouge ne porte pas juste sur un ado qui se cherche. En mettant en scène une syndicaliste (la mère de Laurent) et une serveuse qui lutte contre des problèmes de drogue (la tante de Laurent), André-Philippe Côté et Richard Vallerand extrapolent et se questionnent sur l’identité québécoise.

Dans les années 1970, nous cherchions notre identité. Mais presque un demi-siècle plus tard, est-ce que les choses ont vraiment changé?

Si l’aspect politique de ce roman graphique est puissant, il ne nuit aucunement à la narration. Automne Rouge est avant tout un drame poignant, presque verdien. La finale est l’une des plus tragiques de la bande dessinée québécoise des dernières années.

Le visuel délaisse, de son côté, le style léger et nonchalant des caricatures. Le trait y est plus abouti et précis. Les personnages sont moins ronds ; j’ai même trouvé qu’ils étaient plutôt carrés. Seul rapprochement que l’on peut faire avec les dessins d’André-Philippe Côté : les expressions des protagonistes qui sont souvent exagérées. Et qu’en est-il des décors?

Eh bien, même si une grande partie de l’action se passe à l’intérieur, les quelques scènes extérieures rendent justice à la capitale nationale. Certaines cases, montrant quelques bâtiments de Québec, sont même époustouflantes. À ce niveau, Automne Rouge n’a rien à envier aux autres albums se déroulant à Québec comme Le Domaine Grisloire de Michel Falardeau. Bref, c’est de toute beauté.