Un Centre Bell bondé au maximum dans sa configuration « théâtre » attendait Lucian Bute et les autres pugilistes d’Interbox hier soir. Ce sont 10 122 spectateurs qui s’étaient déplacés en quête d’émotions fortes.
Michael Gadbois (8-0-0 3 K.-O.) de St-Hyacinthe a ouvert la soirée avec une victoire contre Pedro Navarrate (28-17-3 17 K.-O.) par décision majoritaire des juges.
Éric Martel-Bahoéli (7-3-0 4 K.-O.) a dû essuyer la défaite par K.-O. technique au 4e round face à Bogdan Dinu (8-0-0 5 K.-O.). Il s’agissait d’une troisième défaite consécutive pour le poids lourd québécois.
Sébastien Bouchard (4-0-0 2 K.-O.) a été le premier à remplir la commande attendue par les amateurs de boxe présents. Son combat s’est soldé par une victoire par décision unanime face à Glissandy Mejia (3-1-0 2 K.-O.).
Francy N’Tetu (8-0-0 2 K.-O.) a battu Schiller Hyppolite (5-1-0 2 K.-O.) par décision partagée au grand plaisir des spectateurs. Disons qu’Hyppolite s’était présenté dans l’enceinte du Centre Bell avec une attitude qui aurait alimenté la hargne de n’importe quel adversaire.
Sébastien Gauthier (21-4, 13 K.-O.) et l’ex-champion du monde IBF des super-mouches, le Mexicain Rodrigo Guerrero (18-4-1, 12 K.-O.), se sont livrés le combat le plus rude de la carte, mis à part celui du programme principal entre Bute et Grachev. Le boxeur de Saint-Jérôme a toutefois été vaincu au 8e round, alors que l’arbitre a mis fin au combat, à 2 min 31 s de l’engagement.
Mikael Zewski (17-0, 13 K.-O.) n’aura eu besoin que de 27 secondes pour mettre un terme à la visite du Mexicain Cesar Chavez (20-3, 9 K.-O.) à Montréal. Pour le spectacle, ce n’est pas le scénario idéal, mais ça augure bien pour l’avenir de Zewski, originaire de Trois-Rivières.
Renan St-Juste (23-4-1, 15 K.-O.) a déçu et son entraîneur a dû signifier l’abandon de son poulain à la fin du 7e round face à Allan Green (32-4, 22 K.-O.). Le combattant de Repentigny avait tout de même envoyé Green au tapis au 4e round.
Les gens attendaient Lucian Bute (31-1, 24 K.-O.) et souhaitaient qu’il puisse faire oublier sa défaite contre Carl Froch. Denis Grachev (12-1-1, 8 K.-O.) n’a pas rendu la tâche facile au Québécois d’adoption, c’est le moins qu’on puisse dire!
J’ai observé avec intérêt et d’un Å“il objectif le combat de Lucian, et j’ai pris des notes!
Round 1
Lucian a semblé craintif lors du premier engagement et Grachev a profité d’un coup de tête « accidentel » pour ouvrir une plaie au-dessus de l’Å“il gauche de Bute.
Round 2
Le Russe a ouvert le 2e round avec un autre coup de tête, infligeant cette fois une coupure au nez de Bute. Le boxeur d’origine roumaine s’est ressaisi et a finalement su profiter de sa technique, qui était supérieure à celle de son vis-à -vis.
Round 3
Au troisième engagement, on a vu Bute retrouver ses repères, réussissant de bons déplacements en situation défensive.
Round 4
Lors de ce round, Grachev a encaissé les frappes de son rival et le Roumain s’est finalement retrouvé le dos aux câbles.
Round 5
Le « fils de Drago » s’est installé au centre du ring, alors que Bute a passé le round à tenter de reprendre le contrôle de l’arène, brûlant énormément d’énergie dans le processus. Lucian a semblé avoir hâte au son de la cloche lors de cet engagement!
Round 6
Scénario semblable au 6e round, bien qu’on ait commencé à constater que Bute ouvrait la machine en fin de round.
Round 7
Le septième aura été le tournant de cet affrontement. Grachev montre ses premiers signes de fatigue, Bute reprend confiance et s’impose à nouveau dans les dix dernières secondes.
Round 8
Le Russe paraît finalement humain; Bute passe à l’offensive de façon évidente. Le néo-Québécois remporte ce round avec une poussée, encore une fois, dans les derniers instants.
Round 9
Au neuvième, Bute réussit enfin à atteindre Grachev et à lui infliger une coupure. Le boxeur invité continue toutefois à gérer le rythme du combat et le centre du ring.
Round 10
On assiste, à partir de là , à un vrai combat; les échanges se multiplient, la fatigue se fait sentir dans les deux clans.
Round 11
Bute se retrouve à nouveau dans les câbles, mais il réussit à déstabiliser son opposant. La garde de Grachev se relâche, le pugiliste d’Interbox sort gagnant de cet avant-dernier engagement.
Round 12
Tout ce que j’ai noté, c’est : « Grachev s’en prend plein la gueule! »
Bute a rappellé aux partisans pourquoi il a été champion du monde IBF des super-moyens. Il a du cœur, ne pense plus aux onze face-à -face précédents et enchaîne les combinaisons.
Le Russe démontre quant à lui qu’il est solide, en demeurant dans le combat où plusieurs auraient déjà plié les genoux face à Bute.
Bute a relevé le défi qui s’offrait à lui et a mis la main sur le titre NABF des poids mi-lourds (175 livres) que Grachev mettait en jeu. Lucian garde des traces de sa défaite face à Carl Froch et les années commencent à peser sur les épaules du Roumain.
Il ne lui reste qu’à attendre le dénouement de la première défense de Froch de son titre des super-moyens de l’IBF qui aura lieu le 17 novembre face à Yusaf Mack, à Nottingham, pour savoir ce que l’avenir lui réserve.
Mais on gardera des réserves quant à son avenir! Lucian Bute avait des doutes dans sa tête avant d’affronter Grachev, et il les a laissé transparaître durant le combat. Maintenant, tout le monde sait que le Lucian Bute indestructible qu’on connaissait n’est plus.
Une chance que ce n’était pas Carl Froch qui avait fait le voyage à Montréal hier, du moins!