On en parle tous les jours, on connaît tous quelqu’un qui souffre de la fièvre des foins, mais plusieurs mythes tournent autour de cette plante nuisible. Lors d’une activité d’animation sur l’herbe à poux, j’ai eu la chance de discuter avec la population et je me suis rendu compte que beaucoup de gens ne savaient pas ce qu’est l’herbe à poux. Plusieurs personnes confondent d’ailleurs l’herbe à poux et l’herbe à puce. Pourtant, elles n’ont vraiment rien en commun.
L’herbe à puce cause des démangeaisons et des inflammations de la peau lorsqu’on entre en contact avec sa sève. L’herbe à poux, de son côté, ne pose aucun risque lorsqu’on la manipule. C’est le pollen émis par les fleurs de l’herbe à poux qui pose des problèmes de santé à la population et qui entraîne des réactions allergiques. Les symptômes liés à cette allergie sont similaires aux symptômes du rhume : éternuements, congestion nasale, démangeaisons, maux de tête, conjonctivite, etc. La période de floraison de cette plante varie de la mi-juillet à la fin août; c’est pendant cette période que les symptômes sont les plus sévères.
Où se trouve-t-elle?
L’herbe à poux est une plante pionnière, c’est-à -dire qu’elle est parmi les premières à pousser dans un sol dénudé ou aride. La plante adore le sel, donc c’est souvent en bordure de la route qu’on la retrouve à cause de la présence du sel de déglaçage. On la retrouve rarement au milieu d’un champ puisque les autres plantes indigènes prendraient sa place. Les endroits les plus propices pour retrouver de l’herbe à poux sont donc :
· les trottoirs;
· les ruelles;
· les stationnements;
· les terrains vacants;
· les bords de route;
· les dépôts à neige;
· les plates-bandes.
De quoi a-t-elle l’air?
C’est la question à 100 $… L’herbe à poux peut mesure jusqu’à 70 cm de haut! C’est habituellement en juin qu’elle fait son apparition sur les terrains. À cette date, les plants sont petits et leurs feuilles rappellent celles des carottes (voir les photos). Vers la fin juillet, les plants ont entre 20 et 40 cm, et des bourgeons font leur apparition; certains plants sont déjà en fleur. C’est en août que les plants viennent à maturité et, plus important encore, en fleur.
Quoi faire avec l’herbe à poux?
À ce point-ci, vous en connaissez déjà un peu plus sur cette plante, mais que devez vous faire avec? Comme je l’ai mentionné plus tôt, l’important est d’éviter que la plante devienne en fleur. Une fois en fleur, celle-ci dégage du pollen qui peut se promener dans l’atmosphère, et ce, jusqu’à 800 m de distance.
Dans le meilleur des mondes, on arrache tous les plants d’herbe à poux. Cette solution est permanente, efficace et écologique. Toutefois, lorsqu’on fait face à une invasion, arracher peut prendre une éternité et causer des problèmes de santé tels que des maux de dos. On peut alors tondre l’herbe à poux, soit avec la tondeuse, le tracteur ou simplement avec le taille-bordures. Idéalement, on fait une tonte à la mi-juillet et une autre à la mi-août, ce qui minimise les risques de floraison.
Évidemment, on peut utiliser des herbicides, mais je ne le recommande pas puisque certains plants vont s’avérer résistants ou développer une résistance à long terme. De plus, les herbicides chimiques sont nuisibles pour l’environnement. Si vous en avez à votre disposition, l’acide acétique (vinaigre non dilué) s’avère une bonne solution écologique.
Un projet pilote a eu lieu dans la ville de Salaberry-Valleyfield entre 2007 et 2010. Cette étude avait pour but de mesurer les quantités de pollen dans l’air de la ville et de valider si les moyens de contrôle auraient des effets positifs sur la réduction de pollen. Les moyens de contrôle utilisés se sont avérés fort simples et peu coûteux : simplement tondre l’herbe avant sa floraison. La ville a réussi à mobiliser les acteurs locaux afin de faire deux tontes supplémentaires, soit en juillet et en août. On parle ici des terrains municipaux, des bords de routes, des terrains industriels, commerciaux et résidentiels, etc. Les résultats ont démontré qu’en trois ans, la quantité de pollen avait baissé de 58 %. Cela contribue grandement à réduire les effets néfastes sur la santé causés par le pollen de l’herbe à poux.
À la suite de la publication de cette étude, la ville de Granby a également décidé de prendre des actions concrètes pour faire la lutte à l’herbe à poux. À l’été 2011, près de 1000 entreprises, commerces et institutions ont été contactés afin de les inciter à tondre leurs terrains en juillet et en août. Des efforts supplémentaires ont été mis pour contacter les contracteurs s’occupant de l’entretien des terrains municipaux ainsi que des bords de routes gérés par le ministère des Transports du Québec (MTQ). La population a également été sensibilisée grâce à des dépliants et au travail de la patrouille verte de Granby. Plusieurs autres villes ont mis en place des initiatives similaires et il est important de savoir que l’herbe à poux est bien souvent réglementée.
Bref, l’herbe à poux représente un problème de santé publique important et les études ont démontré qu’il était facile de la contrôler à faibles coûts. Les avantages touchent non seulement les gens qui souffrent d’allergies, mais aussi toute la population. En réduisant les impacts, on libère le système de santé, réduisant ainsi les frais afférents aux consultations médicales. Tout le monde gagne à tondre cette herbe nuisible!
Références :
http://www.herbeapoux.gouv.qc.ca/index.php?accueil
http://www.santemonteregie.qc.ca/agence/santepublique/directiondesantepublique/herbeapoux.fr.html
Images :
http://www.herbeapoux.gouv.qc.ca/index.php?reconnaitre-lherbe-a-poux
http://www.ville.saint-sauveur.qc.ca/DATA/TEXTE/herbe_poux_2wb.jpg
http://www.ville.pointe-claire.qc.ca/library/Image/Citoyen/parcs%20et%20espaces%20verts/HerbePoux1a.jpg
http://www.aufil.ulaval.ca/img/sommaire/30631_9122_herbeapouxh.jpg