La fin de semaine dernière, je me suis rendu en famille dans une région aussi fantastique qu’intéressante : l’Abitibi! Je serais menteur de dire que « ce n’est pas si loin que ça », car il nous a fallu huit heures de route pour s’y rendre. Mais j’y ai découvert une très belle ville (Val d’Or) et des gens extrêmement attachants. J’en ai profité pour visiter les alentours et j’ai constaté, dans les noms des villes et des villages de la région, des références historiques tout à fait intéressantes et passionnantes. C’est volontairement que j’omets de parler du Témiscamingue, qui mériterait une chronique à lui seul.
Une région riche en or… et en histoire!
L’Abitibi est un vaste territoire occupé d’abord par les Algonquins depuis des millénaires. Le mot « Abitibi » signifie « là où les eaux se divisent », ce qui est tout à fait à propos puisqu’on y retrouve quantité de rivières et de lacs qui coulent vers le Saint-Laurent ou la Baie James. Aujourd’hui encore, de nombreuses communautés autochtones parsèment le territoire.
Au XVIIe siècle, les Européens explorent ces terres pour y créer des relations commerciales avec les peuples autochtones. Les explorateurs français Radisson et Desgroseillers y sont venus vers 1670. Puis, la Compagnie de la Baie d’Hudson possède le territoire jusqu’en 1868 où il est cédé au Canada (fait partie des Territoires du Nord-Ouest) jusqu’à ce que la province de Québec en prenne possession en 1898. À ce moment, du côté abitibien, il n’y a pas vraiment de colonisation des terres. La poussée de colonisation survient entre les deux guerres mondiales, surtout avec la crise économique des années 30. On y découvre alors de l’or et du cuivre, ce qui prend le dessus sur l’agriculture comme activité économique principale. On comprend pourquoi… L’Abitibi est la dernière région du Québec destinée à la colonisation.
Les noms des lieux (rivières, lacs, villes) de cette région réfèrent à l’histoire du Québec et abitibienne à trois niveaux : la présence algonquine, française et anglaise. D’abord, il y a plusieurs noms amérindiens présents pour nommer les lieux de la région. Outre le nom Abitibi lui-même, on retrouve les mots Dépôt-Baskatong, Lac Kipawa, Lac Windigo Supérieur, etc.
Viennent ensuite les cantons et les villages qui portent des noms des régiments du Marquis de Montcalm : La Sarre, Languedoc, La Reine, Royal-Roussillon, Béarn, Berry et Guyenne. Ils portent aussi les noms des officiers de ces régiments. En voici quelques exemples :
Malartic : Anne-Joseph-Hippolyte de Maurès de Malartic, officier du régiment de Béarn
La Motte : Guillaume-Jérôme Vacquier de La Motte, officier du régiment de Béarn
Préissac : officier du régiment de Berry
Senneterre : officier du régiment de Languedoc
Dalquier : officier du régiment de Béarn
Rochebaucourt : aide de camp de Montcalm
La Morandière : ingénieur du roi sous Montcalm
La Corne : officier des compagnies franches de la marine surnommé le « général des sauvages » pour son lien avec les tribus amérindiennes au combat.
La liste, encore longue, est révélatrice quant à la thématique des toponymes choisis pour identifier les communautés naissantes à ce moment. On trouve aussi des noms anglais comme O’Sullivan, Bell et l’île Siscoe. Ils témoignent de l’influence des grands propriétaires des compagnies minières et des scientifiques anglophones qui ont aussi développé cette riche région.
Une région en or!
Mon passage en Abitibi m’aura marqué sur plusieurs plans. J’ai eu le souffle coupé par le paysage (autant que par le froid!), par la gentillesse de ses habitants et aussi bien sûr, par son histoire. C’est un coin de pays qui vaut le détour… même si c’est un grand détour!
Liens :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abitibi-T%C3%A9miscamingue
www.grandquebec.com
www.encyclobec.ca