L’avidité des protagonistes impliqués, des banques d’affaires qui n’informent pas « uniformément » les investisseurs potentiels, les problèmes informatiques du Nasdaq lors de la première journée de négociation et le spectre d’une bulle spéculative sont quelques-unes des ratés qui portent ombrage à l’entrée historique de Facebook en Bourse. Actionnaires actuels, sachez que la suite des choses se veut encore moins prévisible!
L’opération financière du 18 mai dernier valorisait de prime abord Facebook (FB-Q) à la coquette somme de 104 milliards de dollars US, de 18 fois supérieure à la valeur du fabricant canadien Research in Motion (RIMM-Q). Le titre se négocie désormais à 31,91 $ US, pour une capitalisation boursière de moins de 88 milliards de dollars US, et fonction d’un ratio cours sur le bénéfice prévu de 82 fois.
C’est sur cette base que les difficultés de Facebook à se maintenir autour de son prix d’émission de 38 $ US l’unité étaient prévisibles. Les investisseurs n’accordent qu’un maigre ratio cours sur le bénéfice futur de 11X à Apple et de 12X à Google, toutes deux réputées pour leur croissance exponentielle. Pourquoi accepteraient-ils alors de payer une prime importante pour une entreprise dont le modèle d’affaires semble bien fragile, depuis que le constructeur automobile américain GM a décidé de ne plus investir dans la publicité véhiculée sur Facebook, insatisfaction oblige?
Alors que le fondateur du populaire réseau social, Mark Zuckerberg, s’est toujours défendu de retarder le processus de ce premier appel public à l’épargne, force est de constater que les règles relatives à l’actionnariat qui prévalent aux États-Unis ne lui ont guère donné le choix. Parce que Facebook comptait, sur les marchés secondaires, plus de 500 actionnaires, la U.S. Securities and Exchange Commission des États-Unis aurait obligé l’entreprise à dévoiler ses résultats financiers dès avril 2012, au même titre qu’une entreprise cotée en Bourse.
Bref, à défaut de pouvoir camoufler plus longtemps la performance financière de Facebook sur les marchés secondaires, le jeune PDG Mark Zuckerberg et son équipe ont voulu surfer sur la vague technologique des Initial Public Offering (IPO) en étirant la sauce au maximum, en permettant l’émission de plusieurs milliers d’actions additionnelles et en rehaussant le prix unitaire d’émission prévu.
Il n’en fallait pas davantage pour que plusieurs médias en viennent à qualifier cette introduction en Bourse de « flop ». Pourtant, l’investissement boursier ne le devient qu’au fil du temps. C’est dans 10 ans que l’actionnaire pourra juger de son investissement dans Facebook, et non dans la semaine qui suit son entrée… Par contre, le jeune visionnaire Zuckerberg et son équipe doivent désormais se retrousser les manches pour faire de Facebook la locomotive de croissance qu’ils ont récemment implicitement promis en acceptant de tels paramètres boursiers.
Méchant pari!
Image : PhotoXpress
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