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Santé : les douleurs neurologiques

La douleur

La douleur est censée être un signe d’avertissement. Lorsque votre main approche de trop près un foyer de cuisson d’une cuisinière allumé, les nerfs envoient un signal de douleur au cerveau et vous vous retirez avant de vous brûler. Or, lorsque vous avez une lésion nerveuse, ce système de protection ne fonctionne pas correctement et les nerfs endommagés peuvent envoyer de faux signaux. En effet, lorsque la conduction nerveuse est altérée d’une quelconque façon, votre corps tente de vous faire réaliser que quelque chose ne tourne pas rond. Le plus tôt vous obtenez un diagnostic et entamez un plan de traitement adapté et le plus rapidement vous soulagerez vos symptômes. Dans certains cas, vous ne pourrez peut-être pas inverser les dommages causés par un nerf compressé, mais il y a toujours quelque chose à faire et le traitement soulagera au moins une partie de la douleur ou de l’incapacité qui en résulte. Si la compression du nerf dure longtemps, une barrière de protection autour de celui-ci peut s’installer. Du liquide peut s’accumuler, ce qui peut provoquer un gonflement et une pression supplémentaire. Une mauvaise cicatrisation des tissus peut aussi interférer avec la fonction d’un nerf. C’est pourquoi, à la suite d’une blessure, il est important de retourner à un niveau minimal d’activité le plus tôt possible, afin d’éviter l’ankylose et de stimuler l’irrigation. Les étirements et le massage aideront également à préserver ou à récupérer la malléabilité des tissus entourant la blessure.

Les causes

Les dommages causés par un nerf « pincé Â» peuvent être mineurs ou graves et les problèmes conséquents peuvent être temporaires ou de longue durée. Un nerf se retrouve coincé ou comprimé lorsqu’une structure entrave sa conduction (ligament, muscle, os). La pression peut être le résultat de mouvements répétitifs, d’une contracture musculaire ou encore d’un mauvais placement articulaire. Il peut aussi arriver que de tenir votre corps dans une certaine position pendant de longues périodes, comme les coudes pliés pendant le sommeil, amène aussi des symptômes. Il faut donc porter une attention particulière aux facteurs de risque tels que la posture, le travail et le stress. Les nerfs sont plus vulnérables aux endroits de votre corps où ils voyagent dans des espaces réduits, comme la colonne vertébrale, alors que l’inflammation ou la pression exercée sur une racine nerveuse peut provoquer des radiculopathies dans la région du cou ou du bas du dos. Un disque comprimé (hernie discale) peut lui aussi exercer une pression sur un nerf spinal. Il est important d’écarter la possibilité d’une hernie le plus rapidement possible lorsqu’on considère que celle-ci est potentielle. Une perte de sensibilité constante ou grandissante dans la jambe est un signe avant-coureur d’une lésion discale.

Il est important de ne pas confondre les nerfs et les tendons. On entend souvent des expressions comme « je me suis déplacé un nerf dans le cou Â», alors que les gens pointent une corde raide dans la région cervicale. Quoique certains nerfs du corps soient plus exposés que d’autres, la majorité sont bien ancrés aux muscles et suivent leur trajet prédéterminé; ils ne sont pas aussi apparents que les tendons et les muscles. Le nerf ulnaire, dans le coin du coude, est un exemple plus concret de nerf exposé qu’il est facile d’atteindre et on s’en rend d’ailleurs rapidement compte lorsqu’on se cogne le coude sur le rebord d’une surface dure. Autrement, ce sont surtout les tendons, ou ventres musculaires des muscles fins, qu’on remarque visuellement, comme dans la région du cou. Ainsi, la majorité du temps, c’est plutôt une contracture des muscles environnants qui nuit au nerf qui passe dans cette région. Beaucoup de maux de tête chroniques sont entretenus par des contractures du trapèze supérieur et de l’élévateur de la scapula, alors que leur contraction amène une douleur vive qui monte à la tête jusque derrière la région de l’oreille et de l’Å“il.

Le syndrome du défilé-thoracique est un autre exemple de compression musculaire alors que le plexus brachial se retrouve coincé par les muscles de la région du cou, de la clavicule et du bras, conduisant à une irradiation dans le membre supérieur lorsque le bras est en élévation. La douleur sciatique est, quant à elle, souvent causée par une contracture du muscle piriforme (lorsqu’il n’y a pas de signe d’hernie discale). Le syndrome du tunnel carpien est souvent causé par un mouvement répétitif du membre supérieur ou par des positions prolongées, mais la compression sera aussi conséquente au maintien constant sous tension des muscles de la face antérieure de l’avant-bras. Il faut alors prendre l’habitude d’exécuter régulièrement des exercices d’étirement des muscles de l’avant-bras si on veut éviter de passer sous le bistouri. Bref, vous commencez à comprendre que dans beaucoup de cas, le traitement consiste d’abord et avant tout à faire des exercices d’étirement spécifiques pour diminuer le tonus résiduel. Le livre Les exercices qui vous soignent contient de bons exemples d’exercices spécifiques à ce genre de problématiques et mon article « Aux grands maux les grands moyens Â» aborde bien l’aspect du tonus résiduel et du rôle des étirements.

Il faut par ailleurs être conscient que certaines conditions comme le diabète, le zona et même le cancer, pour ne nommer que celles-là, peuvent aussi conduire à des douleurs neurologiques, tout comme certaines personnes développent des douleurs nerveuses sans raison connue.

Les options de traitement

Les signes et symptômes varient d’une personne à l’autre et en fonction de la gravité et de la cause de la compression du nerf. Tenter d’identifier et de contrôler le ou les facteurs en cause est la première chose à faire. Il se peut alors que vous deviez éviter certaines activités ou positions pour une courte période de temps afin de faire diminuer les symptômes. Si ceux-ci persistent ou que la douleur s’intensifie, consultez tout de suite votre médecin. Pour réduire l’enflure et la douleur aigüe, il se peut que le traitement inclue la prise d’anti-inflammatoires ou de corticostéroïdes, et que votre médecin vous envoie en physiothérapie pour traiter la condition. Les injections de stéroïdes peuvent aussi réduire l’enflure et l’inflammation, mais celles-ci sont limitées en termes de fréquence d’administration et devraient être utilisées surtout lorsque les traitements non invasifs n’ont donné aucun résultat, car cette pratique est reconnue pour affaiblir et altérer les tissus environnants (ex. : tendon). La chirurgie peut être nécessaire pour des problèmes plus graves qui ne répondent à aucun type de traitement, mais soyez bien conscient que plus vous évitez le bistouri et mieux vous vous porterez, car cette technique comporte elle aussi ses conséquences, comme les réactions imprévisibles de l’organisme et la formation d’adhérences (tissu cicatriciel). Il n’en tient qu’à vous de bien orienter votre médecin et de travailler avec lui pour trouver la meilleure approche afin de traiter vos symptômes. Soyez ainsi prêt à répondre à des questions comme :

  • Depuis combien de temps avez-vous remarqué un changement?
  • Comment décririez-vous vos signes et symptômes?
  • À quel(s) moments(s) ceux-ci sont plus ou moins évidents?
  • Comment cela vous affecte dans vos activités quotidiennes?

Les réponses aideront votre médecin à comprendre ce qui cause votre douleur et comment la traiter. En plus de travailler avec lui, vous pouvez prendre d’autres mesures pour lutter contre la douleur chronique. Faire de l’exercice régulièrement, maintenir un poids santé, améliorer votre alimentation et changer certaines habitudes de vie sont des options qui peuvent grandement aider votre cause. L’alimentation anti-inflammatoire démontre entre autres de plus en plus d’effets bénéfiques. Vous pouvez faire appel à différents professionnels de la santé pour vous épauler, comme l’ergonome qui peut analyser votre poste de travail. Lorsque la problématique ne s’envenime pas mais semble simplement se chroniciser, l’exercice physique et la rééducation posturale deviennent des avenues qu’il faut de plus en plus considérer. C’est alors que vous pouvez faire appel à un kinésiologue pour établir un plan adapté contenant des exercices d’étirement, de renforcement et de proprioception. L’entraînement a des effets particulièrement intéressants, car il permet d’élever votre seuil de tolérance, de stimuler la conduction vasculo-nerveuse et d’améliorer votre contrôle musculaire, en plus de diminuer le tonus résiduel. Idéalement, ces options auraient même pu être adoptées à titre préventif, comme lorsque vous prévoyez un changement évident de style de vie ou d’emploi.

Les médecines douces ou alternatives comme l’acupuncture, le massage et la kinésithérapie peuvent être intégrées dans le plan de traitement. Les études montrent particulièrement les effets bénéfiques de l’acupuncture sur les douleurs nerveuses, alors que le massage actif et la kinésithérapie ont beaucoup d’effet sur la malléabilité des tissus, le tonus résiduel, et le contrôle musculaire et postural. D’autres options incluent les crèmes analgésiques, les onguents, les huiles ou encore les gels.

L’important est d’essayer de trouver la ou les causes sous-jacentes à votre douleur nerveuse et d’établir un plan d’action adapté, car l’objectif ne devrait pas être de seulement soulager les symptômes mais aussi d’arrêter la progression des dommages. Vous devez aussi être conscient que ces options ne sont ni miraculeuses, ni exclusives et qu’une planification judicieuse combinant les éléments les plus susceptibles d’affecter votre situation représente la solution qui risque de conduire le plus rapidement vers une amélioration de votre condition.

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