Aller au contenu
Critique : quand I Musici et les Violons du Roy accordent leurs violons

Deux orchestres, un son 
 
À l’approche de ce concert, je dois vous avouer que j’étais un peu sceptique. Je me demandais comment allait se dérouler la collaboration entre ses deux orchestres que l’on n’associe pas habituellement au même répertoire. En effet, pour beaucoup de gens encore, les Violons du Roy sont les maîtres du répertoire baroque, alors qu’I Musici couvre un répertoire un peu plus large.
 
Fort heureusement, on a eu droit à une parfaite fusion des deux ensembles. C’est comme si les deux orchestres n’en formaient plus qu’un seul, si bien que je n’ai ressenti aucune compétition entre les musiciens. Il faut dire que les Å“uvres au programme étaient très bien choisies pour ce genre de formation atypique.
 
Les compositeurs anglais à l’honneur
 
La première partie du concert, qui a duré près d’une heure, nous a permis d’entendre trois oeuvres de trois compositeurs britanniques. Il y a d’abord eu la célèbre Simple Symphony, op. 4 de Benjamin Britten, l’Introduction and Allegro, op. 47 de Edward Elgar et la Fantasia on a Theme by Thomas Tallis de Ralph Vaughan Williams.
 
Les deux ensembles ont commencé en force avec l’Å“uvre phare de Britten. Le deuxième mouvement, qui contient le fameux thème du pizzicato, a été interprété avec brio. Les musiciens ont fait preuve d’une grande précision dans ce passage qui, rappelons-le, consiste à pincer les cordes. Il suffit de ne pas jouer sur le temps et c’est foutu.
 
Les pièces de Elgar et de Vaughan Williams ont permis tour à tour de mettre en valeur le quatuor soliste d’I Musici et des Violons du Roy. De caractère néo-classique, l’Introduction and Allegro, a été exécutée avec beaucoup de conviction. Le dialogue entre les solistes et le reste de l’orchestre était convaincant.
 
Dans la Fantasia on a Theme by Thomas Tallis, les deux formations ont fait preuve de grâce et de retenue pour nous fournir une prestation de haut calibre. Encore une fois, le dialogue entre les différentes sections de l’orchestre était parfait.
 
Du Bartók pour la fin 
 
Après l’entracte, les percussionnistes ont fait leur apparition sur scène. La dernière moitié du concert était, en effet, consacré au compositeur hongrois Béla Bartók. La première Å“uvre que l’on a pu entendre était les Danses populaires roumaines, Sz 56, arrangée par le chef lui-même. La transcription était de très haute qualité. Zeitouni a réussi à bien reproduire les mélodies issues du folklore de l’Europe centrale, sans pour autant dénaturaliser la pièce originale. Son arrangement faisait appel au même effectif que pour l’autre et dernière Å“uvre au programme : la Musique pour cordes, percussions et célesta, Sz 106.
 
Les deux orchestres ont fini en lion en nous montrant qu’il pouvait couvrir un répertoire très large. Les percussions, assez nombreuses, étaient particulièrement en forme. C’était de toute beauté.
 
Verdict  
 
I Musici et les Violons du Roy, sous la direction de Jean-Marie Zeitouni, ont réussi le pari risqué de jouer à une seule voix. Je n’aime pas faire des allusions au sport, mais je vais faire exception à la règle ici. Disons qu’ils ont joué en équipe dans un réel esprit de collaboration. Personne n’essayait de voler la vedette. On sentait que les musiciens faisaient tout en leur pouvoir pour offrir une prestation de qualité au public, et ce, pour notre plus grand bonheur. À quand la prochaine rencontre? 

Merci à I Musici de nous avoir permis d’assister au concert. 

Plus de contenu