Depuis le début de la grève étudiante, le débat fait rage dans les tribunes, dans les médias écrits et autres. À l’occasion, les médias dressent les listes des bons et des mauvais coups des protagonistes. Comme il fallait s’y attendre, la présente grève provoque de vives discussions. Sans entrer dans ce débat à savoir qui a tort ou raison, je voudrais à l’occasion reprendre à mon compte ces propos de Williams Deslauriers dans la chanson « Je lève mon verre » et quelque peu les adapter.
« Assis tout seul dans mon salon, je lis le journal et je soupire. Encore de tristes nouvelles! Il fallait bien que je m’attende au pire. La grève étudiante et les arrestations sont à la manchette… » Chacune, chacun réagit à sa façon à ce qui se passe dans notre pays!
Certaines Québécoises se questionnent vraiment à « savoir où est-ce qu’on s’en va? Mais sans être spécialiste, je suis tout au moins capable de dire que je n’aime pas ça. »
Du haut de ma position privilégiée dorée, imbu de moi-même, trop soucieux de mes petits privilèges éphémères, dans ma quête personnelle d’un Bonheur individuel, jamais atteint; je suis incapable de lever le verre pour celles et ceux qui ont su ne pas se taire. De celles et ceux qui dans les souffrances les plus atroces, abjectes et dans le dénuement le plus total ont su rester debout et fiers. « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Ah insensé qui croit que je ne suis pas toi! »
Vous constaterez de vous-même, dans les villes, des hommes et des femmes repoussent les limites de l’ignorance. Ils se battent mains et pieds liés pour l’éducation. Au même moment, dans « l’ignorance, et l’indifférence » les dirigeants ne voient pas plus grand que leurs panses ou ceux de leurs chums.
Hier, les nationalistes cherchaient à faire la différence afin de léguer à leurs frères, sœurs, enfants et petits-fils un héritage de courage et de détermination à ne pas oublier. Quelle belle leçon de générosité! Aujourd’hui, nous dissertons, nous refusons de passer à l’action, de descendre dans la fosse où crie le peuple.
Hier, du nord au sud, de l’est à l’ouest, des hommes et des femmes de tous bords s’étaient dévoués pour des causes communes ou uniques. Aujourd’hui, levons-nous, levons nos verres. S’entraider serait juste normal.
C’est à notre tour de nous serrer les coudes, de prendre un nouveau détour. C’est à notre tour d’arrêter tous ces scandales.
Sortons de nos bulles, appliquons les idées auxquelles nous croyons, c’est cela que les Québécoises et les Québécois attendent.
Sans vouloir juger qui que ce soit, les raisons de la grève sont multiples. Comme le sont d’ailleurs les raisons de nos refus de nous engager dans un camp ou dans l’autre. Mais en adoptant l’une ou l’autre de ces postures, posons-nous toujours la question suivante : si les héroïnes et les héros que nous « célébrons » n’avaient pensé qu’à leur petite personne? Pourquoi les cœurs de certaines et certains ne « bruissent plus de générosité emphatique? » Pourquoi ceux qui ont « reçu » de la nature et des hommes le droit de commander aux autres ne comprennent pas qu’« un homme qui pleure n’est pas ours qui danse? » Pourquoi « croiser les bras en attitude stérile du spectateur? »
Sans tout à fait avoir raison, je me demande si le peuple n’attend pas un signe conjoint, une action concertée d’envergure? Je dis bien une action conjointe et concertée, au lieu des querelles de chiffonniers de qui est ci, qui est ça. Les unes et les autres attendent leur Pâques (le passage). Une Pâques que Robert Lebel exprime en « revanche » du présent sur le passé :
Quand renaîtront sur les branches
Les bourgeons inespérés,
Quand reviendront les oies blanches
De leurs terres d’émigrés,
Nous fêterons la revanche
Du présent sur le passé…
Quand s’agitera la terre
À l’approche des lueurs
Et que sur nos champs austères
S’allumeront les couleurs,
Nous fêterons le mystère »