J’ai eu une pensée pour les photographes de presse (et les manifestants) quand j’ai vu les images dans les journaux. Nous pouvions découvrir un secteur de Victoriaville aux allures d’un champ de bataille. Gaz, colère, défoulement et bordel… J’ai personnellement vécu ce genre d’expérience il y a quelques années. C’était en avril 2001, à Québec, au Sommet des Amériques. Je voulais être là et vivre cette évidente confrontation en direct, caméra au cou, sans casque ni masque à gaz. En fait, j’allais vitement découvrir que là , j’étais dans la cour des grands. Aussitôt le mur tombé, tout s’est mis à aller très vite, y compris mon rythme cardiaque. En partant, je me suis tapissé les poumons d’une couche de gaz lacrymogènes parce qu’une « cacanne » m’a rebondi sur l’épaule droite. (Tu es au mauvais endroit mon gars). Puis je n’y voyais plus rien (bonsoir la mise au point). Un type (inconnu) m’a éclaboussé de l’eau fraîche dans les yeux, ce qui m’a permis d’entrevoir un gentil monsieur sautant à pieds joints sur le toit de la voiture de Global news qui commençait à fumer. J’ai quand même réussi à prendre des images, suivant mon expérience comme reporter-photographer à ce moment-là . Il faut être préparé pour ce genre de rencontre explosive. Si j’avais été assigné à Victoriaville, la première chose que j’aurais fait aurait été de connaître la direction du vent… Allez, bonne photo.
Photos : René Marquis