Depuis quelques années, j’ai développé une manie lorsqu’une réunion de famille est en vue. Que ce soit un mariage, le temps des Fêtes ou une épluchette de blé d’Inde, lorsque je sais que je vais voir mes oncles et mes cousins et que l’on doit apporter nos consommations, j’ai une irrésistible envie d’apporter des marques de bières d’une autre époque, la bière qui se buvait il y a 30-40 ans. C’est sûr que ça fait rire les « mononcles » et que ça fait original, mais au-delà de tout ça, j’ai la nostalgie de ces marques de bières qui sont vouées à la disparition de nos tablettes. Voyons ces bières mal aimées qui risquent bientôt de ne faire partie que du folklore brassicole québécois.
Les produits-vedettes d’autrefois
C’est en jasant avec de « jeunes oncles » que m’est venue l’idée d’aborder ce sujet bien mousseux. L’un d’eux me parlait encore récemment de la bière que buvait son père : la Black Horse. J’en avais déjà entendu parler, mais jamais vu (ni goûté, hélas!). Cette bière fut, à une certaine époque, très populaire, et ce, jusqu’en 1952. Cette année-là , la brasserie qui la produisait, la Dawes Black Horse Brewery, fusionna avec d’autres brasseurs et prit le nom de Dow. Dow brassait également la Kingsbeer. Par la suite, Dow fut rachetée en 1967 par un autre géant du temps, la brasserie O’Keefe, qui avait comme produits-vedettes, outre la célèbre O’Keefe, la fameuse Laurentide et la Black Label. Ce géant ontarien fut à son tour absorbé par la puissante et rivale brasserie Molson en 1989.
Puis il y a aussi l’autre gros joueur qu’est la brasserie Labatt. Celle-ci nous proposait la Labatt 50 (sortie en 1950), la Labatt Pilsener, qui deviendra la célèbre Labatt Bleue, et la Labatt Porter. Que de beaux et bons souvenirs!
Cette anecdote illustre le parcours de plusieurs autres marques de bières qui disparurent en raison de fusions de brasseurs.
Les fusions qui tuent
Je n’ai aucun mal à comprendre le pourquoi de toutes ces fusions. Il s’agit de transactions qui consolident ou augmentent la part de marché d’une entreprise brassicole où la compétition était et demeure plus que jamais, des plus féroces. De ces fusions viennent des décisions difficiles, mais justifiables quand il est question de rentabilité. Cependant, pour un consommateur comme moi, et comme bien d’autres sûrement, qui est nostalgique de ce que l’on appelle le « bon vieux temps », ça signifie trop souvent une perte du patrimoine culturel pour la collectivité. Ces bières ne sont pas devenues mauvaises du jour au lendemain, mais faire la promotion de toutes ces marques ne devenait tout simplement pas rentable. Ainsi, Molson ne fait plus depuis des années de publicités pour la O’Keefe (depuis la disparition des Nordiques) et la Black Label. Labatt n’en fait pas davantage pour la Labatt 50 depuis la fin des Expos de Montréal…
En voie de disparition
Si on suit cette logique, les bières O’Keefe et Laurentide de Molson ainsi que la Labatt 50 de Labatt disparaîtront d’ici peu du marché comme ce fut le cas pour la Dow en 1998 et la Black Horse en 1952. C’est bien dommage, mais ces anciens fleurons brassicoles québécois et canadiens ne seront plus qu’objets de collectionneurs ou que décors pour la pièce Broue d’ici peu. Messieurs, faites vos réserves sans tarder et levez votre verre! Tout ça m’a donné rudement soif…
Liens :
http://www.labatt.com/company/history.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Molson
http://fr.wikipedia.org/wiki/Brasserie_Dow
http://jailamemoirequitourne.historiatv.com/blogue/blogue/25496/la-biere-black-horse-et-de-la-dawes