À moins de ne pas avoir été au Québec depuis très longtemps, vous avez sans aucun doute entendu parler du procès du cardiologue Guy Turcotte, accusé du meurtre prémédité de ses deux enfants. Le Dr Turcotte s’est reconnu coupable des meurtres de ses enfants puisqu’il les a déjà avoués. Or, au cours de ce procès, la Couronne tente plutôt de faire la preuve de la préméditation du geste du Dr Turcotte, à savoir qu’il avait planifié à l’avance de tuer ses enfants en cette soirée de février. Reconnu coupable de meurtres prémédités, Guy Turcotte sera ainsi passible de la peine la plus sévère du Code criminel, soit une peine d’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération condtionnelle avant 25 ans.
Ce matin, la psychiatre de la défense a présenté un nouvel argument dans le but de contrer la preuve de la Couronne à l’effet que le Dr Turcotte aurait assassiné ses enfants afin de se venger de son ex-conjointe. Ainsi, la défense a affirmé qu’entre 1991 et 2001, des 60 pères qui ont tué leur(s) enfant(s), deux seulement l’ont fait par vengeance. De plus, 49 d’entre eux souffraient de graves maladies mentales, dont la schizophrénie et la dépression.
Même s’il s’agit d’une statistique intéressante, je trouve que l’argument est faible. Des statistiques demeurent des chiffres et, dans le cas d’un crime, c’est du cas par cas. On ne peut uniquement se fier à des chiffres pour affirmer qu’il n’y avait pas, dans ce cas précis, un désir de vengeance pouvant être à l’origine des assassinats. Même si 58 pères n’ont pas tué leur progéniture par vengeance, deux l’ont fait. Et le Dr Turcotte pourrait bien en être un autre qui entrerait dans ce pourcentage très marginal.
J’ignore ce qui a poussé le Dr Turcotte à vouloir tuer ses enfants, bien que je ne croie pas sa version à l’effet qu’il ait voulu les assassiner afin qu’ils ne le retrouvent pas mort (si c’est le cas, il aurait aussi bien pu les laisser à leur mère ou encore les faire garder il me semble). De plus, les gestes et les comportements du Dr Turcotte ce soir-là démontrent que quelque chose n’allait pas (par exemple, il a couché ses enfants à 18 h 30 alors qu’il avait loué deux films avec eux un peu plus tôt et qu’il avait l’habitude de les coucher au plus tôt à 20 h 30). Toutefois, l’argument de la psychiatre présenté ce matin me paraît plutôt faible dans une histoire tragique où sont présentés des comportements humains ne pouvant, en définitive, que s’expliquer par de simples chiffres.