Il y a plusieurs années, Final Fantasy VII m’a marqué. Or, ce n’est pas seulement pour les bonnes raisons que ce jeu a laissé son empreinte dans mon esprit. En effet, j’ai eu le malheur d’y jouer en français, la si belle langue de Molière, qui fut passablement écorchée lors de la phase de traduction du jeu. Le même constat s’est présenté lorsque j’ai joué à Super Mario Galaxy en français, alors que j’ai eu l’impression que le jeu avait été traduit pour des bûcherons du fin fond de l’Abitibi plutôt que pour des joueurs francophones. Mais qui blâmer pour la pauvreté de la langue française au sein de nos jeux?
La question n’est pas évidente. Si les traducteurs sont la première cible de ceux se plaignant de la qualité du français dans les jeux vidéo, ce n’est pas nécessairement de leur faute si notre langue est aussi malmenée dans ces produits. Effectivement, un ami m’a pointé un article fort intéressant d’une traductrice travaillant dans l’industrie du jeu vidéo. En consultant l’article en question, on se rend compte que le blâme ne revient pas toujours aux traducteurs, mais bien à l’industrie dans son ensemble.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une équipe de développement n’a pas nécessairement des traducteurs à son emploi. Bien souvent, les compagnies de jeux vidéo font appel à des firmes externes afin de traduire leurs jeux. Par exemple, à Montréal, une compagnie comme Babel Média offre des services de localisation afin de traduire des textes de jeux vidéo. Or, il arrive que certaines compagnies aient en leur sein des traducteurs meurtrissant grandement la langue vers laquelle ils traduisent les lignes de texte d’un produit. Si on reprend l’exemple de Super Mario Galaxy, Nintendo a confié le soin de traduire le jeu pour les joueurs francophones nord-américains à une compagnie de Seattle qui croyait que le français écrit se composait de « moer », « toer » et « tsé »…
Par ailleurs, tel que soulevé dans l’article, les traducteurs, malgré tout leur bon vouloir, doivent aussi composer avec des délais de production très serrés. Pour avoir vu de mes yeux le déroulement de la production d’un jeu vidéo, c’est un travail exigeant dans lequel les développeurs doivent parfois travailler d’arrache-pied et faire de petits miracles pour que les délais soient respectés. Alors, quand on sait que la traduction d’un jeu n’a lieu que tardivement et que les compagnies ne consacrent pas toujours l’importance qu’elles devraient à ce processus, on peut mieux comprendre pourquoi la langue dans le jeu vidéo, surtout le français, n’est pas davantage soignée et recherchée. Les traducteurs, eux aussi, doivent respecter des délais très courts les empêchant d’embellir les tournures de phrases.
C’est dommage puisque, tout comme j’ai parfait mon anglais avec l’aide des jeux vidéo, des joueurs peuvent aussi chercher à approfondir leur maîtrise de la langue française par l’entremise de ce médium. Le jeu vidéo devrait donner l’exemple dans ce domaine. Les compagnies ne devraient plus refiler cette phase du développement à la fin du cycle de conception d’un jeu vidéo, mais plutôt la considérer comme part entière et importante du processus de création. Qui sait, avec un français exemplaire, certains parents seront peut-être moins désespérés de voir leurs enfants passer des heures et des heures devant des jeux contribuant à améliorer leur vocabulaire!
Photos : journaldugamer.com
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