La semaine dernière se tenait la Semaine nationale de prévention de la toxicomanie. Cet évènement me permet de discuter avec plusieurs personnes de la réalité derrière la consommation et la dépendance. Je parlais justement de cette réalité avec un de mes collègues lorsqu’il m’a demandé ce que je pensais de l’impressionnant sac de médicaments que je tenais dans mes mains. Il a d’ailleurs ajouté : « Pour un intervenant en toxicomanie, ce doit être étrange de distribuer autant de médicaments! » Ce qu’il faut d’abord savoir, c’est que je m’occupe également de la résidence scolaire (le pensionnat) de cette école auprès des élèves de 1re et 2e du secondaire, et que plus de la moitié des jeunes dont je m’occupe sont médicamentés, généralement pour un déficit d’attention. Vu leur âge, plusieurs parents préfèrent que ce soit le responsable du pensionnat (moi en l’occurrence…) qui gère lesdits médicaments.
J’ai donc pris quelques secondes pour réfléchir à la question que ce collègue venait de me lancer. On ne peut évidemment pas comparer une toxicomanie à la consommation de médicaments prescrits par un médecin et dosés en fonction de l’individu (même si plusieurs sont effectivement dépendants de médicaments sous prescriptions). Mais avec un peu de recul, ce fameux sac de médicaments que je promène dans l’école tous les jours nous donne tout de même une idée sur ces choix que nous faisons en société face aux difficultés, à la souffrance et à la consommation. Depuis combien d’années nous faisons-nous rabattre les oreilles avec l’ampleur de la société de consommation? La consommation est maintenant le moyen central de résolution de problèmes. Il y a toujours un bien consommable qui puisse répondre à mes besoins. Les médicaments entrent nécessairement dans cette catégorie.
Comprenez-moi bien, je ne pose aucun jugement de valeur sur cette réalité. Je serais vraiment mal placé pour le faire, puisque j’évolue aussi dans cette société qui règle tout par la consommation. Ce que je trouve important par ailleurs, c’est d’être conscient que la consommation peut développer une dépendance. Peu importe le type de consommation (on a qu’à penser aux jeux vidéo), pas besoin de substances « psychoactives » pour rendre dépendant.
Je vous invite donc, même si la Semaine de prévention de la toxicomanie est terminée, à prendre conscience de ces petites consommations quotidiennes qui sont devenues, en quelque sorte, une dépendance. Qui sait, peut-être oserez-vous entreprendre une désintox…