Captiver son lectoratÂ
À la manière d’une Å“uvre d’horreur, Promise : Le livre des derniers jours génère une tension dès l’introduction. On y voit un mystérieux personnage qui tient en laisse un chien, ressemblant plus à une bête démoniaque qu’à un animal de compagnie. Les deux sont aussi sombres que la nuit. Ils ne nous inspirent pas confiance.Â
Pourtant, cet homme, qui se fait appeler Mister Laughton, devrait inspirer la confiance et le respect. En effet, il s’agit (du moins, le prétend-il) d’un simple pasteur qui se promène de région en région pour guider les chrétiens qui se sont écartés du droit chemin. Une noble tâche, il faut bien l’avouer.
Très vite, on se rend compte néanmoins que notre intuition était bonne. Ce supposé homme d’Église, malgré toutes ses belles paroles qui semblent sortir tout droit de la Bible, est plus mauvais encore que le pire des criminels. Et malheureusement pour les habitants de Promise, un petit village isolé en Idaho, il a décidé de s’y installer pendant quelque temps.Â
Malicieux et sournois, il réussit à berner facilement tous les habitants en mettant en scène un plan démoniaque. En fait, il n’y a qu’une personne qui voit clair dans son jeu et ne le voit pas comme le sauveur attendu depuis trop longtemps : une petite fille d’à peine 12 ans. Elle devra agir vite pour démasquer l’intrus, car il a justement jeté son dévolu sur sa pauvre mère qui semble, de ce temps-ci, assez fragile psychologiquement.Â
Un méchant que l’on aime détester
Le fait d’avoir décidé de concentrer d’abord l’histoire sur le « méchant » et non pas sur l’héroïne n’est certes pas révolutionnaire, mais est trop peu souvent utilisé dans le monde de la bande dessinée. Ici, la technique est parfaitement maîtrisée. Ainsi, rapidement, s’installe une relation particulière d’amour et de haine entre le lecteur et l’antagoniste.Â
Ce qui est agréable avec le personnage de Mister Laughton, c’est que l’on n’arrive pas à bien cerner ses motivations. On se doute qu’il ne souhaite pas le bien de l’humanité, mais de l’autre côté, on ignore ce qui le pousse à agir ainsi exactement. Toute cette aura de mystère l’entourant est fascinante et fait que nous avons particulièrement envie de lire le second tome.Â
Et si vous vous demandiez où les auteurs ont trouvé l’inspiration pour le titre, sachez que tout au long de l’album, on fait référence au Chant de l’incube, qui est un extrait du Livre des derniers jours d’Edgar A. Perry, mieux connu sous le nom d’Edgar Allan Poe. D’habitude, j’ai un peu de difficulté avec ce genre de procédé, mais ici, cette citation a une réelle importance sur le récit.Â
Artistiquement, l’univers froid et lugubre de l’hiver 1864 (le récit se déroule durant la fin de la guerre de Sécession) est reproduit avec une main de maître par Mikaël. J’ai particulièrement aimé la variété des plans (gros plans, plans moyens, plans d’ensemble, etc.) qui, souvent, fait penser à un western. Les décors, les personnages (j’adore leurs visages allongés qui leur donnent un air « fatigué ») et les jeux de lumière sont sublimes.
Finalement, il est assez difficile de trouver des défauts à cet album. En creusant profondément, je pourrais dire que la jeune héroïne n’a pas la même force que le méchant. Mais bon, je ne désire pas trop me prononcer sur la question. D’après ce que j’ai vu, ça promet beaucoup et je pense qu’elle pourra être davantage exploitée dans la suite.Â
VerdictÂ
Dans le monde du 9e art, le premier tome sert souvent à mettre en place l’univers. Sans grande surprise, Promise : Le livre des derniers jours ne déroge pas à cette règle. Cependant, grâce à la manière astucieuse avec laquelle les auteurs ont décidé de nous présenter les choses, nous ne pouvons faire autrement que d’avoir une envie profonde et pressante de découvrir le prochain tome de cette saga qui s’annonce déjà comme un incontournable dans le domaine.
Cote : 4,5 étoiles sur 5