Il y a 30 ans, on ne parlait pas d’intimidation comme on en parle aujourd’hui, mais elle faisait pourtant déjà partie du vécu de certains jeunes de l’époque. Ces jeunes, qui par leurs différences physiques ou comportementales, étaient la cible des durs de l’école. Les autres suivaient, heureux de ne pas être la cible choisie ou par peur de le devenir s’ils ne se joignaient pas au groupe.
J’ai moi-même fais partie des cibles préférées de mes compagnons de classe, étant un enfant hypersensible qui pleurait à la moindre taquinerie. Tellement facilement, qu’à un moment donné, même les professeurs en avaient assez d’intervenir. Cette hypersensibilité m’a semblé longtemps une tare à tenter d’éliminer ou de cacher au plus profond de mon être.
Jusqu’au jour où j’ai découvert l’énorme richesse qu’était cette sensibilité. Aujourd’hui, elle me permet d’être touché par la beauté des paysages que la nature nous offre, elle me permet d’écrire des textes qui touchent le cœur des gens, elle me permet d’interpréter des personnages plus vrais que nature et elle me permet de ressentir ce que vivent les gens que je côtoie.
Ces enfants plus fragiles que les autres sont souvent perçus comme des faibles qui n’arriveront jamais à survivre dans la jungle de la vie. Au lieu de mettre en valeur cette richesse de fragilité qui habite en eux en leur donnant la possibilité de l’exprimer à travers l’art, l’écriture, le théâtre ou tout autre forme d’expression, on tente de les changer, de les rendre imperméables et insensibles. Beaucoup de riches talents sont enfouis au plus profond de certains enfants devenus grands, qui aujourd’hui se cherchent et n’arrivent plus à entrer en contact avec ce qu’ils sont vraiment.