Même si aucun problème particulier n’a encore été diagnostiqué chez vous, cela ne veut pas dire que vous n’êtes pas exposé aux risques… au contraire. Ce qui est malheureux, c’est que même si vous ne ressentez pas de symptômes en ce moment, le mal peut être en train de se faire sans que vous n’en soyez conscient. Ce n’est que plus tard, quand le mal sera fait, que vous devrez vivre avec les conséquences. Sans nécessairement vous priver et commencer un régime restrictif, vous devriez tout de même être conscient que l’environnement actuel expose votre corps à des problèmes de santé et que vous pouvez prendre certaines précautions.
Les symptômes
L’une des premières choses à faire serait de reconnecter avec votre corps et d’être à l’écoute des signaux qu’il vous envoie. S’il y a une chose que je trouve complètement stupide, c’est cette annonce sur les brûlements d’estomac où on dit au gars que tout ce qu’il a à faire c’est de prendre une capsule pour pouvoir ensuite manger ce qu’il veut sans avoir de symptômes… si votre corps vous envoie un signe comme quoi ce qui vient d’entrer dans votre organisme est mauvais, ce n’est pas pour rien, écoutez-le!
Parmi les symptômes les plus fréquents, on retrouve entre autres les douleurs abdominales, les reflux gastriques, la constipation, la diarrhée, les gaz, les ballonnements et les crampes. Bien que ces derniers n’endommagent généralement pas le système digestif, leur intensité ou leur fréquence persistante peuvent facilement interférer avec votre qualité de vie.
Les causes
Il est difficile, même pour le médecin, de clairement identifier les causes d’une affection comme le côlon irritable, car plusieurs éléments peuvent être présents. Il peut s’agir d’intolérances alimentaires, de prédisposition génétique, de présence d’un irritant dans l’organisme ou encore de perturbations dans les signaux nerveux émis entre le cerveau et les intestins. Ces dernières seraient particulièrement responsables des contractions musculaires intestinales qui se traduisent par des crampes, des douleurs vives et des fluctuations du péristaltisme et de la digestion. Cette théorie prend tout son sens lorsqu’on considère que le système digestif est en quelque sorte notre « deuxième cerveau ». Les médecins établissent souvent leur diagnostic d’après la description des symptômes du patient, d’où l’importance d’être à l’écoute de son corps.
Les personnes à risque
N'importe qui peut souffrir d’un côlon irritable, mais la condition semble deux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Évidemment, les personnes qui ont des antécédents familiaux ont aussi plus de chances d’être affectées. Les symptômes commencent généralement lorsque les gens atteignent la vingtaine, et ceux-ci sont parfois reliés avec des symptômes de dépression ou de troubles d'anxiété (lien psychosomatique).
Le stress
Vous êtes probablement familier avec le sentiment d’avoir des « papillons dans l'estomac ». C’est là l’exemple parfait qui montre que le stress peut effectivement déclencher ou amplifier les symptômes d’un côlon irritable. Et si le stress peut aggraver les symptômes, ceux-ci peuvent eux-mêmes amplifier le sentiment d’anxiété, conduisant alors à un cercle vicieux! C’est pourquoi les techniques de gestion du stress peuvent être bénéfiques. Il existe une multitude d’outils et de techniques; le but est d’au moins les envisager et de les mettre à l’essai. La thérapie peut vous aider à apprendre des stratégies d'adaptation que vous pouvez par la suite utiliser pour contrôler vos symptômes lorsque ceux-ci apparaissent. La thérapie cognitive-comportementale, par exemple, est une forme de psychothérapie qui suggère de remplacer les pensées négatives par des pensées positives ou plus réalistes.
Les déclencheurs
La première étape consiste à identifier les causes possibles de vos symptômes. Outre le stress, les déclencheurs communs comprennent entre autres le gluten, les agents conservateurs ou chimiques, les aliments pro-inflammatoires (ex. : lait), l’alcool, la caféine, les repas au restaurant, les changements hormonaux, de même que la prise de médicaments. Je vous suggère par ailleurs la lecture de mes articles « Se débarrasser des irritants » et « Mise en garde contre le bourrage de pilules ». Il ne faut pas hésiter à être vigilant et spécifique dans vos demandes. Faites particulièrement attention aux sauces et aux épices. De plus en plus de restaurants varient leurs options et offrent des menus particuliers (ex. : sans gluten). Soyez également conscient que des irritants peuvent aussi être présents dans l’eau que vous buvez. Dans les cas sensibles à la caféine, vous pouvez toujours vous tourner vers le thé blanc, le rooibos ou le puerh. Les tisanes et les infusions de fenouil semblent aussi avoir un certain effet calmant.
Le régime alimentaire
Votre stratégie à ce sujet dépendra grandement de vos symptômes et des déclencheurs que vous aurez identifiés. Éliminez systématiquement les sources possibles afin d’en vérifier l’état des résultats. Tenir un journal alimentaire peut être une stratégie très efficace. Manger plus de fibres, d’aliments près de leur état naturel (que le corps reconnaît) et boire de l’eau peuvent grandement améliorer votre condition. Cela peut prendre un certain temps d’adaptation et quelques essais et erreurs, mais dites-vous que mieux vous vous sentirez et mieux vous vous porterez. J’ai déjà rédigé plusieurs articles à ce sujet…
Les probiotiques
Les probiotiques sont des bactéries qui aident à réduire la croissance d’organismes nuisibles dans le tube digestif. Il existe plusieurs types de probiotiques, mais le plus connu est celui qu’on retrouve dans le yogourt. Certaines études suggèrent que les probiotiques peuvent réduire certains symptômes dont la diarrhée, mais il faudra attendre davantage de recherches pour pouvoir faire des liens objectifs avec les symptômes spécifiques du côlon irritable. Si vous décidez d’en faire l’essai, assurez-vous que l’étiquette affiche la note « cultures actives » et que le produit en question est conservé au froid (réfrigérateur).
Les antidépresseurs et antispasmodiques
Si votre médecin suspecte une cause psychologique en lien avec vos troubles, il se peut qu'il vous prescrive des antidépresseurs. Les antidépresseurs peuvent avoir des effets sur la douleur et les crampes; des antispasmodiques peuvent aussi être prescrits pour aider à contrôler les crampes. Quoi qu’il en soit, n’oubliez pas que vous avez toujours une part de responsabilité et de pouvoir sur votre situation, et que la plupart des médicaments ont des effets secondaires. N’hésitez donc pas à en discuter en profondeur avec votre médecin afin d’en venir à la solution la plus adaptée à votre condition.
Le biofeedback
Le biofeedback (rétroaction biologique) consiste à reconnaître et à modifier la réponse du corps face au stress. Il existe des intervenants spécialisés dans ce domaine. Un exemple de ce genre de pratique est la personne qui est capable de ralentir son rythme cardiaque et d'entrer volontairement dans un état plus détendu. Cela peut donc être utile pour soulager les symptômes d’un côlon irritable si on considère qu’on a un effet sur les facteurs de stress environnants.
La sophrologie
Beaucoup de gens arrivent à se calmer par la méditation, l'imagerie mentale, la respiration profonde ou d'autres thérapies de relaxation. Certaines études suggèrent que les techniques du genre peuvent aider dans une variété de symptômes du côlon irritable, dont la douleur, la diarrhée et la constipation.
L’exercice physique
L'activité physique aide à la digestion et au contrôle du stress. Lors de la marche, par exemple, il s’effectue une sorte d’automassage par brassage du système digestif, ce qui aide au transit intestinal. L’inactivité, et l’ankylose qui en découle, a par ailleurs l’effet inverse! Optez pour une activité régulière et à faible impact. Les exercices de flexibilité et d’autograndissement aideront à minimiser la compression abdominale en entretenant votre souplesse et votre posture.
Pronostic à long terme
Le côlon irritable et les autres affections connexes sont des maladies chroniques qui ont leurs périodes calmes et aiguës (épisodes). Respectez votre corps et apprenez à l’écouter. Les signes et symptômes avant-coureurs peuvent même aider à découvrir un vice jusqu’à maintenant caché et à prendre en charge une problématique avant qu’elle ne vienne interférer avec la vie quotidienne.