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Manières modernes : 3 conseils absolument géniaux pour bien manger

Conseil moderne no 1 : Tu fermes ta gueule

Oui, je sais, je comprends, lorsque nous avons le nez bouché, lorsque la morve verte et gluante bloque, de sa viscosité, nos parois nasales, il peut être tentant, pour survivre à cette terrible agonie qu'est le fait de cesser de respirer cinq longues secondes, de mâcher, d'ouvrir et de fermer la bouche avec la frénésie d'un phacochère, d'une grosse vache bien grasse et sale qui mâche, tout en chiant sur le pré, son gazon, le regard vide, le ventre mou, sans aucun égard pour ses semblables. Cependant, et du moins j'aime à le penser, vous n'êtes pas un phacochère, pas plus que vous n'êtes une vache. De la même façon que de vous faire vomir un vieux steak sur vos souliers vous dégoûte, la plupart des gens sont dégoûtés par le bruit juteux et infectieux de la nourriture qui se dissout tranquillement dans votre bouche, alors que vos dents cariées écrasent votre gros Big Mac, et que votre langue essaie de contrôler les giclées de bave et de sauce qui tentent de s'écouler de votre bouche, en même temps que vous faites un effort surhumain pour respirer à travers les morceaux mâchés et les fluides buccaux. Un bruit qui peut s'apparenter au bruit que ferait l'écrasement manuel d'un gros tas de merde, alors qu'à chaque pression, du jus fétide et fécal s'écoulerait de cette forme visqueuse. En gros, si vous mangez la gueule ouverte et que vous ne vous êtes pas encore fait frapper par une chaise au restaurant, c'est simplement que vos amis sont trop gênés de vous le dire. Et si vous n'êtes pas capable de cesser de respirer quelques secondes, le temps de mâcher et d'avaler, eh bien peut-être devriez-vous considérer aller voir un médecin, vous avez un grave problème avec vos poumons.

Conseil moderne no 2 : Pas besoin de partager

Je sais que vous avez suivi les excellents conseils de la rubrique Vivre, et que vous tentez maintenant de vivre votre vie de façon plus altruiste, que vous voulez partager avec les autres votre passion pour la vie, votre amour pour la nourriture et que vous avez le cœur porté vers les autres, mais je ne crois pas que votre voisin d'en face a très envie de recevoir un gros morceau, chaud et prémâché, en plein dans son assiette. Il y a un temps pour partager et un temps pour garder pour soi; et à table, on garde pour soi les postillons et autres déchets qui peuvent provenir de notre bouche. Donc, ne parlez pas lorsque vous avez de la nourriture plein la gueule. Je suis conscient que vous avez très envie de lui raconter votre superbe joke de cul, que vous tremblez d'impatience de lui parler d'un « char » que vous avez vu en venant et que vous n'en pouvez plus d'attendre de chialer sur la froideur de votre café, mais ces enjeux internationaux, d'une importance et d'une catégorie exceptionnelles, peuvent attendre quelques minutes, le temps que vous mâchiez tranquillement votre bouchée de hamburger et que vous l'avaliez. Personne n'aime les postillons et personne n'aime entrevoir les restes de votre hamburger en décomposition prématurée dans votre bouche, alors que vous parlez. Bref, on ne parle pas la bouche pleine. Et si vous n'êtes pas capable de vous retenir, allez consulter un psychologue… et si même lui ne peut vous aider, mettez au moins votre patte devant votre gueule, alors que vous beuglez votre discours à travers les morceaux.

Conseil moderne no 3 : Vous n'êtes pas dans le bois

Je sais, je sais, je comprends. Vous manquez de confiance en vous en tant qu'homme? Vous avez peur d'être complètement émasculé par vos skinny, votre chandail rose et votre torse épilé? Eh bien vous avez sans doute raison. Par contre, roter et péter fièrement à la fin d'un repas, partager votre puanteur et vos gaz internes avec le peuple ne sont pas des façons adéquates de vous assumer en tant qu'homme. En tant que phacochère ou que vache, bien sûr, marquez votre territoire avec votre odeur fétide et vos manières de bête inapte socialement. N'oubliez pas, par contre, de chier dans les coins de la pièce et d'uriner sur le bas des portes pour bien assumer votre territoire. Tant qu'à puer, faites-le bien. Oui, un pet, un rot, ça peut se retenir. Ils sont tout à fait naturels, et ces gaz sont mieux à l'extérieur qu'à l'intérieur, mais au restaurant, devant une femme ou devant un être humain autre que soi-même, parfois, il vaut mieux se retenir pour ne pas passer pour le chien du groupe, la bête en laisse qu'on a amenée parce qu'elle ne pouvait pas rester seule à la maison. Si, toutefois, vous n'arrivez pas à contenir ces gaz intestinaux, excusez-vous lorsqu'ils sortent. Oui, cela semble complètement fou, mais être un gentleman, de nos jours, c'est encore possible et apprécié.

Voilà, avec ces trois géniaux conseils sur la mastication efficace et la mise en bouche de qualité, vous êtes prêt et armé pour votre prochaine sortie au restaurant ou votre prochaine visite chez des parents.

Bon appétit.

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