L’an dernier, on a eu droit à plusieurs surprises, par exemple le retour en force de Rafael Nadal, lui qui revenait d’une pénible blessure au genou qui avait interrompu toutes ses activités durant plus d’une demi-année, ou encore le missile canadien Milos Raonic qui, à 22 ans, a fait une première incursion en carrière dans le top 10, en passant par Stanislas Wawrinka qui, au total, a fait un bond de neuf échelons, voyageant du 17e au 8e rang mondial.
Des jeunes comme Kei Nishikori, Grigor Dimitrov ou Jerzy Janowicz ont fait leur nid parmi les meilleurs joueurs de la planète et pourraient dès cette année mélanger les cartes au sein de l’élite mondiale. Je ne serais même pas surpris de voir un de ces trois athlètes faire une entrée sporadique dans le top 10…
Coûte que coûte, les meilleurs resteront les meilleurs et il y a fort à miser que le top 10 de 2014 restera sensiblement comme il l’était en novembre 2013. Selon moi, il ressemblera à…
1. Rafael Nadal (2013: #1)
L’Espagnol n’a pas de points à défendre jusqu’au tournoi de Vina del Mar en février. Ainsi, il aura la possibilité d’aller chercher jusqu’à 2500 points entre le 30 décembre et le 4 février, dont 2000 à l’Open d’Australie, tournoi auquel il n’avait évidemment pas pris part l’an dernier, que l’on additionnerait à son total actuel de 13030 avant d’avoir la possibilité de perdre des points au classement.
De plus, s’il évite les blessures cette année, il serait très difficile pour les prétendants comme Novak Djokovic, Andy Murray ou Juan Martin del Potro de se hisser au premier échelon mondial, du fait que le Majorquin affiche une constance incroyable. L’an dernier, il a terminé la saison avec un pourcentage de victoires de 91%, dont un taux de succès qui s’élève à 95% sur terre battue. C’est sans compter qu’il a atteint quatorze fois la finale en 17 tournois disputés.
Les statistiques exorbitantes du Matador ne s’arrêtent pas ici. L’an dernier, en retour de services, il a brisé l’adversaire 34% du temps, a converti 47% de ses balles de bris et s’est payé 54% de points remportés sur la deuxième balle de l’adversaire. S’il continue dans la même veine en 2014, qui pourra le rattraper?
2. Novak Djokovic (2013: #2)
101 semaines en tant que numéro 1 mondial, Novak Djokovic a dominé le tennis masculin entre la mi-2011 et la mi-2013. Par contre, malgré ces deux belles années de tennis, il s’est fait dépasser par Rafael Nadal l’an dernier, s’avouant vaincu lors de deux finales de Grand Chelem face à l’Espagnol. Toutefois, on ne peut pas dire qu’il s’est fait surclasser par Nadal, car le Serbe a remporté trois des six duels qui les opposaient en 2013.
Le niveau de Djokovic est-il si loin de celui de Nadal? Pas tant que ça. Lorsque les deux sont à leur niveau optimal, on assiste à des matchs extrêmement serrés, par exemple leur demi-finale à Montréal qui s’était terminée par la marque de 6-4, 3-6 et 7-6(2). Cet affrontement avait même mérité le titre de duel de l’année selon certains experts. La demi-finale de Roland-Garros s’est elle aussi décidée à l’ultime set, alors que Nadal l’a emporté au compte de 6-4, 3-6, 6-1, 6-7(3) et 9-7. En bref, le niveau que ces deux joueurs présentaient en 2013 devrait être le même en 2014. Je m’attends à une course pour le premier échelon mondial qui se décidera aux championnats de fin de saison de l’ATP, dernier tournoi de la saison.
Novak Djokovic a connu sa part de succès en 2013, mais il est resté dans l’ombre de retour en force de Nadal. Somme toute, avec une récolte de sept titres et un pourcentage de victoires qui s’élève à 89%, Djokovic reste un aspirant de taille au premier rang mondial. Mais selon moi, il devra patienter, le temps que Rafael Nadal redescende de son nuage. Comme en 2013, il finira au deuxième échelon mondial en 2014.
3. Andy Murray (2013: #4)
Si Djokovic n’est pas loin derrière Nadal en termes de niveau de jeu, c’est tout le contraire entre Andy Murray et Novak Djokovic. L’Écossais connaît de bons flashs qui lui ont permis de remporter l’US Open (2012) et Wimbledon (2013), mais son problème est sans contredit la constance, plutôt, son inconstance.
De ses huit défaites en 2013, sept furent aux mains de joueurs moins bien classés que lui. Et encore, il a eu la chance de n’affronter Nadal à aucune reprise.
Ses blessures au dos sont aussi quelque chose qui l’a atrocement ralenti au cours des dernières. En 2013, par exemple, il a raté toute la portion asiatique du calendrier, ainsi que les tournois de Paris-Bercy et les Masters de Londres.
S’il réussit à combiner constance et santé – les deux étant interreliés –, Murray est capable de faire de grandes choses, mais ce n’est pas pour aujourd’hui…
Cependant, comme j’en ai fait mention précédemment, Murray fonctionne par séquences, où tout son jeu fonctionne à merveille, citons comme exemple ses deux titres consécutifs sur gazon aux tournois de Queen’s et de Wimbledon. Cela lui permet de gruger des points rapidement et c’est ce qui fait qu’il peut conserver un rang mondial convenable. En 2014, il devrait terminer au 3e rang.
4. Juan Martin del Potro (2013: #5)
Juan Martin del Potro et Andy Murray sont deux joueurs qui, étrangement, se ressemblent. Les deux ont été incommodés par des blessures au dos plus souvent qu’à leur tour et à cause de cela, ils démontrent beaucoup d’inconstance.
Si del Potro aurait déjà dû faire une entrée dans le top 3 mondial depuis longtemps, voué à un avenir très prometteur avec un US Open dans sa poche à 20 ans seulement, on dirait que les astres refusent de s’aligner en sa faveur.
Sa fiche de 51-16 en 2013 n’est pas très reluisante, mais il faut prendre en considération qu’il a livré de forts matchs à des joueurs comme Novak Djokovic en demi-finale de Wimbledon, où la lutte avait atteint les cinq manches.
À 25 ans, l’Argentin a encore beaucoup de potentiel, mais sera-t-il capable d’atteindre son plein potentiel cette année. On dit souvent que le joueur de tennis masculin atteint son meilleur niveau à 26 ans. C’est cette année que ça se décide pour Juan Martin del Potro! Selon mon classement, il finira l’année 2014 au quatrième rang de l’ATP.
5. Roger Federer (2013: #6)
C’était d’une évidence en 2013, Federer n’est physiquement plus capable de suivre les Djokovic, Nadal et Murray de cette planète qui ont cinq ans de moins que lui. Blessé pour une rare fois en carrière et glissant au septième rang – son pire classement en 11 ans – on a aussi pu remarquer que la fin arrivait pour lui.
Connaîtra-t-il un nouvel élan cette année? J’espère que oui, car voir un champion comme lui connaître des déboires n’est jamais très plaisant.
Je crois toujours qu’un Roger Federer au sommet de sa forme peut battre n’importe qui sur le circuit, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
La clé en 2014 pour le Suisse sera de se concentrer sur les tournois du Grand Chelem, car c’est là qu’il réussira à accumuler un maximum de points. Son objectif sera aussi de faire les demi-finales le plus souvent possible dans les tournois de la série Masters 1000.
Un cinquième rang cette année serait très convenable, car ce n’est pas normal qu’il se fasse battre par des joueurs comme Berdych ou Ferrer.
6. Tomas Berdych (2013: #7)
Le tennisman Tchèque n’a remporté que 68% de ses affrontements en 2013, mais a quand même réussi à se loger au cinquième rang mondial durant une partie de la saison 2013. Berdych a accumulé beaucoup d’expérience au cours des années et il reste toujours un adversaire de taille pour quiconque qu’il croisera sur son chemin.
Je pense que cette année, il pourra atteindre la finale d’un tournoi majeur et je sens que Wimbledon est dans sa mire depuis longtemps. Cette année sera-t-elle la bonne?
7. David Ferrer (2013: #3)
Je m’attends à ce qu’il soit la déception de l’année 2014. Il vient tout juste de se séparer de son entraîneur, Javier Piles, et cela va probablement lui coûter un début de saison difficile. Tout comme Federer, l’Espagnol est un vétéran dans ce top 10, âgé de 31 ans, il risque de perdre des plumes cette année, lui qui se fait vieillissant.
Ferrer a la qualité d’être constant et c’est ce qui fait qu’il réussisse année après année à faire partie des cinq meilleurs joueurs au monde. Mais regardons le classement de l’an dernier : Ferrer a 6460 points de déficit avec Novak Djokovic, 2e mondial, et seulement 1620 points devant Tomas Berdych, 7e mondial. L’écart est mince.
Cela dit, si, par exemple, il n’avait pas pris part au tournoi de Roland-Garros et de Valence à cause de blessures, il aurait terminé la saison au septième rang de l’ATP. Preuve que les joueurs de 6e et 7e position ne sont pas si loin derrière lui.
8. Milos Raonic (2013: #11)
Le missile canadien n’a pas laissé sa place sur l’échiquier mondial l’an dernier, entrant même sporadiquement dans le top 10 après sa finale à la Coupe Rogers.
Son adaptation avec son nouvel entraîneur, Ivan Ljubicic, semble être terminée et il y a fort à miser que Raonic débutera la saison sur les chapeaux de roues. Personnellement, j’aimerais le voir atteindre les demi-finales d’au moins deux Grand Chelem, préférablement en Australie et à l’US Open, en plus d’atteindre le 4e tour à Roland-Garros et Wimbledon.
Le gazon et la terre battue demeurent des surfaces sur lesquelles il est très peu à l’aise. Son pourcentage de victoires en 2013 sur celles-ci est respectivement de 25% et de 73%. S’il veut aspirer à de plus grands honneurs, Raonic devra performer sur gazon et terre battue et éviter que ces parties du calendrier (mi-avril à mi-juillet) lui soient un handicap.
Je vois Raonic huitième, car il a prouvé lors des dernières années qu’il était capable de se payer de grandes pointures, que ce soit del Potro, Murray, Berdych etc.
9. Jo-Wilfried Tsonga (2013: #10)
Il a connu une fin de saison atroce, ce qu’il l’a même exclu du Masters de Londres. Après avoir pointé son nez au cinquième rang mondial en 2012, à 28 ans, le Français est sur son déclin.
Tsonga a toujours été une boîte à surprises et il est difficile d’évaluer avec précision la saison qu’il connaîtra en 2014. Des défaites face à Haase (63e), Dodig (34e), Gulbis (39e), Llodra (67e) et Sijsling (77e) qu’il a subies en 2013 seront à éviter cette saison.
La clé pour le Français : connaître une bonne saison sur terre battue. Aller chercher des demi-finales à Barcelone, Rome, Madrid, Monte-Carlo et Roland-Garros sont tous des objectifs à sa portée.
Selon moi, ce serait difficile de connaître une saison aussi difficile que celle de l’an dernier, c’est pourquoi je le vois neuvième au classement en 2014.
10. Stanislas Wawrinka (2013: #8)
Wawrinka a débloqué en 2013, passant du 17e au 8e rang mondial. Sa première participation au Masters de Londres aura couronné avec brio, alors qu’il avait atteint les demi-finales, sa saison de rêve.
On l’a vu à quelques reprises face à Novak Djokovic : lorsque Wawrinka est dans son élément, il est très (très) difficile à passer au travers. Sa lourdeur de frappe est impressionnante pour son gabarit et il ne se laisse que rarement intimider par les membres du top 4 mondial.
Bonne saison 2014 de tennis à tous!